Pour son travail de restauration, Ian Moran a reçu un prix par Heritage Winnipeg.

Il faut dire qu’il y avait du travail à faire autant à l’intérieur de la maison qu’à l’extérieur. Depuis l’été dernier, les résidents aux alentours de la Maison Béliveau peuvent apprécier sa nouvelle couleur, jaune. « Pour cette décision, j’ai lancé un sondage aux résidents en proposant plusieurs couleurs. J’ai reçu plus de 500 réponses et c’est le jaune qui l’a emporté », lance fièrement Ian Moran.

Pour le propriétaire de la maison, la consultation était un élément important avant de se lancer dans son travail de rénovation. « J’ai parlé avec David Dandeneau, Matthieu Allard, et les locataires de la maison. Il y a une personne qui vit ici depuis 19 ans. Elle a donc vu la transition entre les propriétaires et le déclin de la maison. Elle entretient la propriété depuis 18 ans, et son avis a donc été très précieux pour orienter le choix des boiseries, de la couleur de la peinture et de l’aménagement paysager.

« J’ai vraiment apprécié l’aspect communautaire du projet. Cela a facilité ma prise de décision. Après tout, c’est la communauté qui a sauvé cette maison de la démolition, alors je pense qu’elle devrait au moins avoir son mot à dire sur ce qui se passe dans la maison. »

Une expérience à mettre à profit

Ce passionné de rénovation et d’histoire possède déjà six autres maisons à Winnipeg, datant toutes du début du 20e siècle. « C’est une occasion qui m’a été présentée par la Ville de Winnipeg comme une maison à vendre, nécessitant des travaux de rénovation et de restauration. Je me suis dit que c’était une très bonne façon d’utiliser l’ensemble de mon expérience en matière de restauration et de rénovation de vieilles maisons. Et je voulais mettre cette expérience à profit. »

En 2021, Ian Moran achète alors la Maison Béliveau pour environ 350 000 $ à la Ville de Winnipeg. Son idée est claire : transformer ce complexe de sept appartements en trois beaucoup plus spacieux et fonctionnels. Il estimait alors les coûts à environ 115 000 $. « Je dirais que les travaux sont terminés à 95 %. Il manque des faces avant aux armoires que je suis en train de construire et quelques autres détails. Au final, j’ai dépensé environ 125 000 $ pour restaurer cette maison. »

Ian Moran le reconnaît, le prix aurait pu être bien supérieur. « Pendant toute l’année 2021, ou jusqu’à ce que je prenne possession de la maison, j’ai acheté des matériaux avant que leur prix n’augmente. »

Une maison au caractère historique

Dans son travail de rénovation, Ian Moran a fait attention à respecter le caractère historique de la maison. Pour rappel, Mathieu Allard, conseiller municipal de Saint-Boniface, avait demandé, en 2020, à ce que la maison soit désignée comme bâtiment historique de la Ville. La Ville avait rejeté cette demande jugeant qu’elle avait été trop altérée par le passé. « Au cours des 118 dernières années, une grande partie des aspects patrimoniaux avaient été perdus ou le caractère d’origine avait été perdu. Il y a encore des éléments patrimoniaux, mais ils ne sont pas reconnus.

« Les travaux que j’ai effectués ont permis d’annuler une grande partie de ces rénovations, de sorte que le bâtiment est plus proche de ce qu’il était en 1906. Cependant, les suites doivent toujours être fonctionnelles. Par exemple, le rez-de-chaussée n’avait pas de salle de bain en 1906. Or, il faut qu’il y ait une salle de bain ici. Il a donc fallu faire des compromis. »

Ian Moran estime avoir passé 40 heures par semaine à la rénovation de cette maison pendant deux ans. « En fait, un travail à temps plein en plus de mon travail à temps plein. Il m’a donc été très difficile d’avoir une vie sociale au cours des deux dernières années. Mais c’était le coût. Et voici la récompense. »

Un travail récompensé

En parlant de récompense, son travail de restauration a d’ailleurs été remarqué par Heritage Winnipeg lors de la 38e cérémonie de remise des Prix de préservation du patrimoine de Winnipeg. « C’est une reconnaissance fantastique. Je pense que cette récompense reflète vraiment le désir du voisinage d’empêcher la démolition de la maison et la confiance qu’ils m’ont accordée pour faire le travail. Et puis, il y a aussi tout l’aspect consultation de la communauté, les conseils tout au long du processus. Ainsi, bien que ce soit moi qui reçoive le prix pour le travail, il est largement basé sur la vision d’un quartier. C’est un prix de la communauté pour tous ceux qui y ont contribué. »