Nommé le 1er septembre 2023, il a déjà pu établir quelques liens avec la communauté francophone et la Province lors de sa première visite fin octobre 2023. L’occasion d’entamer plusieurs discussions, mais surtout de confirmer l’intérêt réciproque de travailler ensemble.

Avec des visites ponctuelles dans l’année, le consul général de France à Toronto, Bertrand Pous s’en remet grandement au consul honoraire de France, Frédéric Chieux. « Je voulais venir au Manitoba le plus vite possible pour installer le nouveau consul honoraire à Winnipeg, Frédéric Chieux, et rencontrer le plus d’interlocuteurs possible sur place, explique Bertrand Pous. Notre plan d’action pancanadien est très axé sur l’Ouest canadien, et donc je veux inclure le Manitoba dans la stratégie autant que possible. Je veux être le plus inclusif possible. »

Pour ce faire, un consul honoraire bien implanté est essentiel. « Il est très important pour assurer un appui local, une continuité. Moi, je suis à Toronto et je ne pourrai venir au Manitoba que deux à trois fois par an. Entre mes visites, c’est lui mon point de référence et mon appui pour faire vivre la coopération et remonter l’information. »

Partenaire économique

Parmi les rencontres clés du consul général en visite à Winnipeg, notons celle avec le Premier ministre Wab Kinew. « M. Kinew m’a reçu plus de 30 minutes, souligne Bertrand Pous. C’était plus qu’un simple échange protocolaire! Ça m’a vraiment montré le souhait de la Province du Manitoba de travailler avec la France. Elle nous voit réellement comme un partenaire économique important. »

L’échange a notamment porté sur la valorisation des filières existantes, comme l’agroalimentaire et l’agrotech avec Roquette, la fabrication avancée, ou encore l’industrie culturelle et créative avec Ubisoft, ainsi que sur une valorisation des activités de recherche.

« J’ai pu percevoir le souhait d’une politique plus volontariste et proactive de la part de ce nouveau gouvernement », affirme Bertrand Pous.

Cela signifie-t-il une reconnaissance prochaine des diplômes français au Manitoba? « Pas dans l’immédiat. Ça va prendre beaucoup de temps. Mais il y a certainement une ouverture à l’idée. »

Un autre élément de coopé- ration a été discuté dans le cadre du secteur de l’éducation et la formation. Le consul général de France à Toronto explique : « Nous voulons aider à développer une main-d’œuvre francophone qualifiée et pour cela, nous avons discuté du programme des assistants de langue.

« La logique de ce programme est réciproque. La France envoie au Manitoba des Français pour enseigner la langue, et le Manitoba envoie en France des assistants de langue anglophones pour enseigner l’anglais à nos jeunes. » Avoir des assistants de langue française au Manitoba serait donc « à la fois bon pour l’économie et pour la francophonie manitobaine », selon Bertrand Pous.

Services aux Français

La tournée d’octobre était aussi l’occasion pour le consul de recevoir les ressortissants français du Manitoba ayant besoin de l’aide du consul pour effectuer des démarches administratives, comme renouveler ou demander un passeport français.

Une démarche qui pourrait bientôt être simplifiée, comme l’explique Bertrand Pous : « De mars 2024 à juin 2025, nous prévoyons faire une expérimentation partout au Canada et au Portugal pour que les renouvellements de passeports des personnes déjà enregistrées puissent se faire directement en ligne, sans devoir aller au consulat ou attendre une tournée consulaire chez soi. »

Et le vote des Français au Canada?

Et le vote, sera-t-il lui aussi bientôt possible en ligne? Là, en revanche, rien n’est moins sûr. « Récemment, on a rendu possible le vote électronique pour l’élection des conseillers des Français de l’étranger, mais on a eu beaucoup de problèmes, de vices de procédures. Le vote électronique pose de gros problèmes de sécurité », constate le consul de France à Toronto.

Quant à ouvrir un bureau de vote à Winnipeg, « les nombres ne le justifient pas pour le moment ». Bertrand Pous tient d’ailleurs à rappeler que les ressortissants français doivent se faire connaître s’ils veulent obtenir les meilleurs services possibles. « Pour les aider, il faut les connaître.Et pour ça, il faut que les Français qui sont à l’étranger s’inscrivent au registre des Français établis hors de France.

« C’est facile, gratuit, et très important de le faire, à la fois pour des raisons de sécurité – pour avoir un contact en cas de problème -, pour pouvoir postuler à des bourses d’études du gouvernement français, mais aussi pour avoir les ressources budgétaires et en personnel suffisantes pour les servir. Aujourd’hui, on a environ 14 000 inscrits à notre consulat, mais on estime plutôt à 30 000 le nombre réel de ressortissants français. » (1)

Un projet d’école

Par ailleurs, Bertrand Pous a entamé une discussion lors de sa venue à Winnipeg en vue de créer une école française qui ferait partie du réseau des écoles françaises internationales d’Amérique du Nord, la FISNA.

« La discussion ne fait que commencer, donc rien n’est encore fait, précise-t-il. Une telle école ne serait pas en concurrence, mais en complémentarité avec ce qui existe déjà au Manitoba. Ce serait une offre alternative d’éducation à la française. L’école pourrait accueillir des jeunes ressortissants français, mais aussi d’autres francophones qui s’inscrivent dans un parcours international. D’ailleurs, dans le monde, deux-tiers des élèves des écoles de ce réseau ne sont pas français. »

(1) Pour s’inscrire gratuitement au Registre des Français établis hors de France, visitez le https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F33307