La Liberté va célébrer son 111e anniversaire le 20 mai prochain. C’est l’occasion de revenir sur les grandes étapes franchies depuis plus d’un siècle mais aussi de jeter un oeil sur les développements plus récents de l’hebdomadaire.

Quel bilan tirez-vous des 111 ans d’existence de La Liberté et de son évolution au fil des décennies?

En tant que président de Presse-Ouest Ltée, je suis fier de souligner les 111 ans d’existence de notre journal emblématique, La Liberté. Ces nombreuses décennies d’histoire ont été marquées par une évolution significative, tant sur le plan éditorial que sur celui de l’impact communautaire.

Tout d’abord, nous célébrons la constance de La Liberté dans sa vocation d’être le journal d’information publique de la francophonie au Manitoba, dans toute sa diversité culturelle, et dans son engagement envers la défense de nos droits et valeurs démocratiques, particulièrement nos droits linguistiques. Depuis sa fondation par les pères Oblats, notre journal a été un véritable pilier des communautés francophones du Manitoba, offrant une voix essentielle à ceux et celles qui les composent.

Elle continue d’être pertinente car elle demeure la plateforme d’expression publique par excellence pour les francophones et francophiles au Manitoba. On le voit bien d’ailleurs en ce moment avec les multiples lettres à la rédaction au sujet de Caisse Groupe Financier. Les lecteurs choisissent d’échanger leur point de vue dans La Liberté. Et ça, c’est une excellente preuve de la pertinence de notre média mais aussi de la crédibilité dont il jouit dans la communauté.

Rappelons aussi qu’au fil des années, La Liberté a su s’adapter aux évolutions technologiques et sociétales, passant de l’impression traditionnelle une fois par semaine à une présence numérique dynamique et quotidienne. Dans les deux dernières années, La Liberté est passée d’un journal hebdomadaire à un média numérique multiplateforme rassemblant des nouvelles au quotidien sur le Web, des magazines hors série (comme celui qui est publié cette semaine sur le sport), des balados ou encore des documentaires. Cette transition a permis à notre journal de toucher un public encore plus large, tout en conservant son engagement envers le journalisme de qualité. Bref, l’offre de La Liberté a considérablement augmenté tant quantitativement que qualitativement, en dépit de multiples défis, et le conseil d’administration est très fier du succès et des accomplissements de la directrice générale et rédactrice en chef, Sophie Gaulin, et de toute l’équipe de La Liberté.

Le bilan des 111 ans d’existence de La Liberté est très positif. Nous sommes fiers de notre histoire, de notre évolution et de notre engagement envers la francophonie au Manitoba. Nous sommes infiniment reconnaissants à tous ceux et toutes celles qui soutiennent La Liberté, que ce soit par leur fidélité en tant qu’abonnés, annonceurs, partenaires ou donateurs. 

Justement, vous parlez des donateurs… Pouvez-vous nous expliquer comment La Liberté a réussi à obtenir le droit de recevoir des dons et d’émettre des reçus pour fin d’impôts?

Après la transition de Presse-Ouest Ltée (POL) d’un modèle de propriété où la SFM, en tant que personne morale, était l’unique actionnaire à un modèle d’entreprise sociale composé de sept membres, qui s’est effectué le 1er avril 2020, nous avons pu soumettre auprès de l’Agence du revenu du Canada une première demande de désignation d’organisation journalistique canadienne qualifiée (OJCQ).  Après avoir démontré, parmi plusieurs conditions à remplir, que nous produisons du contenu de nouvelles originales et suivons les processus et les principes journalistiques, nous avons obtenu le statut d’OJCQ qui nous a permis, et qui nous permet toujours, de réclamer des crédits d’impôt pour la main d’œuvre de nos journalistes.  

Ce statut d’OJCQ était aussi une condition nécessaire à remplir pour ensuite demander le statut d’organisation journalistique enregistrée (OJE) qui a été introduit dans le budget fédéral de 2019. Il s’agit d’un statut semblable à celui d’un organisme de bienfaisance enregistré, en ce sens qu’il considère une OJE comme un donataire reconnu capable de délivrer des reçus fiscaux pour les dons et de recevoir des contributions de la part d’organismes de bienfaisance enregistrés et d’autres donataires reconnus.

Pour faire cette deuxième demande, d’autres conditions doivent être remplies, y compris celle de ne pas être structuré comme un organisme appartenant à une seule personne, y compris une personne morale comme la SFM.  Nous obtenu ce statut d’OJE le 1er avril 2021, et nous n’étions alors que le troisième média au Canada à l’avoir obtenu, après La Presse et le Narwhal.

Pourquoi c’était si important d’obtenir ce statut?

Parce que depuis plus de 10 ans déjà nous sommes dans une ère de changement drastique pour les médias, en particulier la presse écrite. La diversification des sources de revenus est essentielle à la pérennité des journaux, y compris La Liberté.

Le fait de pouvoir recevoir des dons et d’émettre des reçus pour fins d’impôts permet d’établir une autre source de revenus et permettre de penser à la survie et à l’épanouissement à long terme de La Liberté à long terme. D’autres journaux, comme La Presse à Montréal qui est un des médias les plus épanouis au Canada, ont adopté un modèle de financement qui repose sur des dons réguliers de la part de leurs lecteurs et lectrices, ainsi que de la part des entreprises et des organismes de leurs communautés. 

Si nous pouvons parvenir à mobiliser tous ceux et celles qui n’envisagent pas la francophonie sans La Libertéet de créer une communauté de donateurs et donatrices, nous pourrions obtenir des sommes importantes qui nous permettraient de continuer à produire du contenu original et d’augmenter la qualité, la fréquence et la pertinence de notre journal.

Il est bon de savoir que si vous faites un don de 500 $ à La Liberté, vous recevez un reçu pour fins d’impôts qui vous permet de récupérer la moitié de ce montant sous forme de crédit d’impôt.

Et puis, le statut d’OJE nous permet également de recevoir des dons d’autres organismes de bienfaisance et des fondations publiques. Il faut savoir aussi que la Loi de l’impôt sur le revenu autorise les organismes de bienfaisance enregistrés à faire des dons aux OJE. Alors nous explorons cette option aussi pour diversifier nos sources de revenus.

Lorsqu’on est un avocat aussi occupé que vous et partenaire dans une grande firme, le temps est sacré… Pourquoi continuez-vous de vous investir avec autant de passion pour La Liberté?

Effectivement, je suis très occupé et je considère que le temps est une ressource précieuse. Cependant, le temps et les efforts que je consacre à La Liberté va bien au-delà des contraintes du temps.

J’aime pouvoir donner parce qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. J’ai beaucoup reçu et j’estime qu’il est de mon devoir de faire bon usage de ce que j’ai reçu, sans attente de retour, que ce soit au niveau local, provincial ou national, et quelle merveilleuse façon de donner que de soutenir ce que le journal représente pour les francophones et francophiles du Manitoba. En tant que francophone qui a grandi au Manitoba et qui a toujours reçu La Liberté à la maison, je suis fier de soutenir ce journal qui continue toujours à jouer un rôle essentiel dans la préservation de notre langue et l’évolution de notre société. 

En outre, je crois fermement en l’importance d’avoir une presse libre et indépendante dans une société démocratique. En investissant mon temps et mon énergie dans La Liberté, je contribue à renforcer cette institution et à garantir qu’elle continue de remplir son rôle crucial en tant que gardienne de la liberté d’expression et de la démocratie.

Je trouve une grande satisfaction dans le fait de pouvoir utiliser mon expérience professionnelle et mes connaissances et compétences acquises pour aider La Liberté à survivre et à prospérer dans des temps difficiles. En tant qu’avocat fiscaliste avec une attention particulière pour les corporations et les organismes à but non lucratif et de bienfaisance, je peux apporter une expertise juridique précieuse et aider à relever les défis auxquels notre journal est confronté dans un environnement médiatique en constante évolution.

Et puis, je ne suis pas seul car j’ai la chance immense de pouvoir collaborer avec un conseil d’administration extrêmement compétent, dynamique et engagé. Lorsque nous avons opté pour un modèle d’entreprise sociale, notre vision était de former un conseil d’administration composé de personnes possédant une vaste expérience, notamment dans le secteur privé, dans toutes les facettes de la gestion d’une entreprise, non seulement sur le plan juridique, mais aussi en matière de gestion, de comptabilité, de finance, de technologie, de production vidéo, de marketing et de commerce, et toutes travaillant ensemble avec une mission sociale à l’esprit.

J’ai beaucoup de chance de faire partie d’un conseil d’administration où siègent des personnes aussi compétentes que Marguerite Simard, Cédric Paquin, Christian Dandeneau, Patrick Clément, Madeleine Arbez (qui vient juste de quitter) et plus récemment Patrick Trudel en remplacement de Gabriel Forest. Chaque membre apporte une expertise précieuse et une passion indéniable pour notre mission sociale commune. Leur dévouement et leur diversité de connaissances et compétences enrichissent nos discussions et nos décisions, ce qui nous permet de relever efficacement les défis auxquels nous sommes confrontés.

Chacun apporte une perspective unique qui contribue à façonner la direction stratégique de La Liberté. Ensemble, nous formons une équipe solide et soudée, unie par notre engagement envers l’excellence journalistique et le service à notre communauté francophone.

Vous assurez la présidence de Presse-Ouest Ltée depuis 2013, à l’aube du 111e anniversaire, que pouvons-nous souhaiter à l’hebdomadaire francophone?

À l’aube de notre 111e anniversaire, je pense que nous pouvons souhaiter à La Liberté une continuation de sa mission essentielle avec encore plus de force et de rayonnement. Notre directrice générale et rédactrice en chef, Sophie Gaulin, siège sur des conseils d’administration prestigieux sur la scène nationale, comme News Media Canada ou encore le Conseil national des médias où elle s’est fait un nom très respecté en jouant un rôle clé et en apportant une contribution précieuse. Elle est aussi invitée cette semaine sur un panel au Festival international de journalisme au Québec. Cela démontre le rayonnement que nous avons acquis à l’échelle nationale, mais nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin. La Liberté est bel et bien sur la carte du Canada et nous consoliderons notre présence au Canada et par-delà nos frontières. Parce que faire rayonner La Liberté, c’est faire rayonner la francophonie au Manitoba.

Nous aspirons bien sûr aussi à ce que notre média reste une voix et une place publique vibrante et influente pour les francophones et francophiles au Manitoba, que ce soit pour exprimer leurs préoccupations, ou pour faire valoir leurs réussites, ou pour défendre avec ardeur leurs droits, leurs valeurs et leurs intérêts valeurs.

Nous souhaitons également que La Liberté continue d’innover et de s’adapter aux défis et aux opportunités du monde moderne, y compris ceux qui seront issus de l’intelligence artificielle, en restant à la pointe de l’information et en offrant un contenu de qualité, diversifié et pertinent pour nos lecteurs. Nous voulons qu’elle demeure une plateforme accessible et inclusive, reflétant la diversité de nos communautés et offrant une tribune à toutes les voix.

 Que chaque édition soit une source d’inspiration, d’information et de connexion pour nos lecteurs et lectrices, renforçant ainsi le lien qui nous unit en tant que francophones et francophiles au Manitoba.