Alors que le monde est en plein bouleversement, Rosie, va chercher à y trouver sa place, en restant fidèle à elle- même.

Les aventures de la petite Rosie, qui n’est d’ailleurs pas si petite que ça, se poursuivent dans un troisième roman. Dans Rosie et les Déferlantes, sortie au début du mois de mars 2024, l’auteure Monique Larouche continue de transposer certains de ses souvenirs d’enfance dans les aventures, belles et bien fictives, de son personnage Rosie.

Ainsi, dans ce troisième opus, le récit se déroule toujours au Québec. Plus précisément dans le décor vallonné de La Malbaie, blotti contre la mer (1), où Monique Larouche a grandi.

Après avoir fait l’expérience de vivre en pensionnat et avoir été officiellement adoptée par Stella, c’est une Rosie adolescente que l’on retrouve.

Une Rosie adolescente, plongée dans un Québec qui évolue, en particulier pour les femmes.

En effet, le récit se déroule dans les années 1960, soit à l’époque du Rapport Parent (1964) qui donnera lieu à une restructuration du système éducatif québécois et permettra aux filles d’obtenir la même éducation que les garçons.

Une ouverture sur le monde

C’est la guerre au Vietnam, la naissance du mouvement Peace and Love, des Beatles et des Rolling Stones, dont les noms suffisent à faire sourire Monique Larouche et la ramener, semble-t-il, en arrière. « La musique était tellement présente dans nos vies en 1964. Ça prenait tout l’espace.

« C’était une ouverture sur le monde aussi et sur la danse. Ça a été extrêmement précieux dans le cadre de ma vie à moi, raconte l’auteure. Parce que, quand j’étais jeune, il fallait attendre qu’un gars vienne nous choisir pour danser et puis ça c’était bien tannant! », dit-elle en se remémorant les slows « bien plates » que les chansons de John Lennon et compagnie lui ont permis d’éviter.

C’était le temps de la Révolution tranquille, de la mini-jupe et de l’ouverture sur le monde à travers, par exemple, l’exposition universelle de 1967.

Et justement, à l’image de la période dans laquelle elle grandit, Rosie aussi va vivre sa propre petite révolution. Monique Larouche confie même que Rosie « est une partie de l’adolescente que j’aurais aimé être. » Car Rosie va créer un groupe de rock et avec le soutien sans faille de Stella, la jeune femme se nourrit de déferlantes artistiques, de créativité, d’esprit critique et de liberté. Il y a quelque chose de subtilement fémi- niste dans le personnage de Rosie, qui se fait le miroir des bouleversements qui prennent place autour d’elle.

Une suite pour Rosie

Ainsi, le comportement de Rosie sans être désinvolte, se fiche des conventions et finit par s’attirer les foudres de certains résidents de La Malbaie. La jeune héroïne finit par prendre la route de Montréal pour y étudier les arts. Là-bas, une rencontre va changer sa vie. En cela, Rosie et les Déferlantes prend des allures de récit initiatique.

L’auteur n’en a pas fini avec sa Rosie pour autant, elle aime encore trop écrire et faire vivre ses personnages. Mais aussi, l’écriture lui fait du bien. « C’est retrouver une énergie première, une énergie brute que tu perds avec le temps. En tant que personnes qui vivent dans une société, on met des filtres. Rosie, elle, est plus directe. Quand, ça fait mal, ça fait mal, puis elle pleure et ça fait du bien. Les chemins qu’elle prend, moi ça m’aide à apaiser peut-être certaines choses que j’ai en moi. Ce que je crée n’essaie pas de me faire mal, mais essaie toujours de me faire comprendre quelque chose. »

Rien de surprenant donc, à apprendre que l’auteure travaille d’ores et déjà sur la suite des péripéties de Rosie. Ce qui est surprenant cependant, c’est d’appren- dre que ces dernières se dérouleront bien loin de La Malbaie.

(1) La mer, comme le précise Monique Larouche est en réalité le terme qu’emploient les Charlevoisiens pour parler du fleuve Saint-Laurent.