La Liberté a souhaité comprendre les dessous du processus de sélection.
La Maison des artistes visuels francophones (MAVF) a d’ores et déjà lancé un appel de dossiers pour sa programmation 2026-2028.
Tous les médiums seront pris en compte au moment de la sélection, à condition que le thème choisi, celui de l’amitié, soit respecté ainsi que quelques autres critères dont nous parle Lou-Anne Bourdeau, directrice générale de la MDA
« Pour la galerie principale qui accueille des expositions professionnelles, on demande des artistes qui peuvent travailler en français. Donc avec qui nos communications se font principalement en français. Lorsque l’on reçoit des dossiers en anglais, ils sont automatiquement éliminés. Ça, c’est le critère principal, qui est plus souple du côté du Studio qui se veut plus communautaire, plus ouvert. »
Critères à respecter
Au-delà du critère linguistique, nécessaire à l’obtention de subvention, Lou-Anne Bourdeau et le comité de sélection de la MDA prennent en compte d’autres facteurs au moment de faire leur choix. L’envergure des projets, la taille des oeuvres, les besoins techniques que les expositions demandent, pour faire simple des facteurs qui reposent sur les capacités et les ressources de la MDA en tant qu’infrastructure. « Il s’agit aussi de créer une certaine pertinence autour d’une saison, une continuité dans les idées qui sont présentées. On choisit l’artiste aussi parce que l’on croit en ses capacités. »
Alors si lancer un appel de dossier deux ans avant le début d’une saison peut paraître un peu tôt. Et bien c’est en partie parce que les idées présentées ne sont parfois que ça : des idées.
« Ça arrive que les artistes attendent d’avoir une occasion de présenter leurs projets avant de les réaliser, explique Lou-Anne Bourdeau. De notre côté, à la Maison des artistes, c’est aussi une question d’octroi. On présente des demandes de financements sur plusieurs années alors c’est toujours bien d’avoir une certaine idée de ce que l’on va présenter pour monter notre dossier. »
Un bassin en bonne santé
Dans son mandat, la MDA est tenue de présenter des artistes manitobains, à 50 %. « L’autre 50 % peut quand même venir du Manitoba, précise la directrice générale. Mais ils peuvent aussi venir d’ailleurs. C’est aussi important de s’inspirer des artistes qui sont d’ailleurs, qui ont des pratiques différentes. » Exposer des artistes peut aussi donner lieu à des rencontres créatives entre les artistes. En veut pour preuve le projet de microrésidence avec SPILL.PROpagation qui résultait de la rencontre entre Tiphaine Girault co-directrice et artiste de Spill (1) et des artistes franco-manitobains : Alexis Auréoline, Paula Bath, James et Shawna Culleton.
En plus d’être inspirant, chercher des artistes hors de la province permet aussi d’agrandir le vivier d’artistes francophones, même si Lou-Anne Bourdeau souligne qu’il n’y a pas de manque à combler au Manitoba.
« L’an passé, on a reçu 65 dossiers lors de l’appel. » 65 candidatures, parmi les-quels seuls cinq à six artis-tes sont sélectionnés. Pour la directrice générale, la scène artistique francophone au Manitoba est en parfaite santé. « Un appel de dossiers peut parfois être moins pertinent pour certaines pratiques artistiques et plus pour d’autres.
« Donc d’une année sur l’autre ce ne sont pas forcément les mêmes artistes qui présentent leur dossier. Je vois qu’il y a quelque chose de très vivant, de très présent au Manitoba. Il ne faut pas oublier aussi que la définition de la francophonie ce ne sont pas nécessairement des gens pour qui le français est la langue première. »
(1) Spill est un groupe qui travaille avec des artistes sourds et malentendants et qui inscrit le langage des signes dans la démarche artistique.