Dans la mise en oeuvre de La Loi sur la diffusion continue en ligne, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a été obligé de moderniser son cadre.

Désormais, les « services de diffusion continue en ligne contribuent de 5 % de leurs revenus canadiens afin de soutenir le système de radiodiffusion canadien. » peut-on lire dans la déclaration émise.

Pour le secteur audiovisuel, c’est une excellente nouvelle comme le souligne Lindsay Somers, directrice générale d’On Screen Manitoba. « La décision du CRTC est un pas en avant monumental pour s’assurer que les histoires canadiennes et autochtones continuent d’être racontées et vues à la fois au niveau national et au niveau mondial. Cette décision reconnaît non seulement la richesse de la diversité et du patrimoine culturel de notre pays. Mais elle renforce également l’importance de promouvoir et de soutenir les talents et les créateurs de contenu locaux, en particulier au Manitoba. »

Même son de cloche, du côté des maisons de production comme Manito Média, Charles Clément, producteur détaille. « C’est une grande nouvelle! Notre industrie, comme d’autres, connaît ses défis. Alors avoir du financement supplémentaire pour faire rayonner les histoires de partout au pays, c’est une bonne nouvelle. »

Quelques réserves

Cependant, il émet quelques réserves sur l’attitude des grandes plateformes de diffusion en ligne. « Je ne sais pas comment Netflix, Amazon, Disney etc vont réagir. Je ne suis pas convaincu que les entreprises vont simplement dire : Oui, on va vous donner 5 % parce que vous nous l’avez demandé. Sans être pessimiste, j’attends de voir. Également, est-ce que les plateformes vont augmenter leurs frais pour justement compenser ce partage de revenus? Depuis déjà quelques années, les abonnements augmentent donc c’est peut-être une solution pour ces plateformes. Nous verrons.

« C’est tout de même une bonne nouvelle. Imaginons un contenu qui viendrait seulement des États-Unis pour le côté anglophone et seulement de la France pour le côté francophone? Il n’y aurait aucune représentation de la diversité. Ce serait une perte pour le patrimoine canadien. »

Le Manitoba pourra se démarquer

Il faut dire que depuis plusieurs années, le Manitoba tente de se démarquer pour attirer le monde audiovisuel à s’installer dans la province. D’ailleurs, Lindsay Somers ne manque pas de souligner la richesse des productions manitobaines. « Pour la communauté des producteurs de médias du Manitoba, cette décision offre une plateforme essentielle permettant à nos créateurs locaux de présenter leur travail, d’accéder à de nouveaux publics et d’obtenir la reconnaissance qu’ils méritent.

« En exigeant des contributions de la part des services de diffusion en continu en ligne, le CRTC favorise un paysage médiatique plus inclusif et plus représentatif, ce qui profitera grandement à notre industrie ici au Manitoba. Le Manitoba abrite une industrie de production médiatique dynamique et diversifiée, et cette décision du CRTC renforcera notre capacité à raconter les histoires uniques du Manitoba. Elle garantira que nos talents et nos productions locales bénéficient des ressources et du soutien nécessaires pour prospérer sur les scènes nationale et internationale. »

Lindsay Somers espère aussi voir les retombées économiques pour le Manitoba. « Cette décision s’inscrit dans le cadre de nos efforts continus visant à développer un secteur de production médiatique solide et durable dans la province. En veillant à ce que les plateformes en ligne investissent dans le contenu canadien et autochtone, nous pouvons nous attendre à une augmentation des possibilités de production, à la création d’emplois et à la croissance économique au Manitoba.

« Elle ouvre également la voie à des programmes de formation et de développement plus complets, qui sont essentiels pour former la prochaine génération de professionnels des médias dans notre région. »