Élections Manitoba a finalement présenté ce 21 juin les résultats officiels de l’élection partielle de Tuxedo.
16 929 personnes étaient inscrites, 45,3 % ont participé. Carla Compton, du NPD, obtient 3 777 voix. Lawrence Pinsky Parti progressiste-conservateur du Manitoba (PC) compte 3 175 votes. Enfin, Jamie Pfau du Parti libéral du Manitoba a eu 569 votes et Janine Gibson du Parti Vert du Manitoba ferme la marche avec 118 votes.
Christopher Adams, professeur adjoint d’études politiques à l’Université du Manitoba, a suivi avec attention cette élection. Il n’est pas surpris des résultats. « Au cours des dernières semaines, nous avons entendu des rumeurs selon lesquelles les Conservateurs du PC n’étaient pas aussi bien organisés qu’ils auraient dû l’être. Nous savions que le NPD allait consacrer plus de ressources pour cette élection. Je n’ai donc pas été surpris. Je n’étais tout simplement pas sûr de la tournure que prendraient les choses. »
Une campagne mieux maîtrisée côté NPD
L’expert politique rappelle aussi que la circonscription de Tuxedo avait déjà failli passer à l’orange lors des élections générales de 2023. Heather Stefanson l’avait alors emporté avec moins de 300 voix d’avance sur la candidate Larissa Ashdown du NPD.
Depuis la première élection dans cette circonscription en 1981, aucun autre candidat que Conservateur ne s’était imposé. Gary Filmon était le premier député de Tuxedo. Il a conservé sa place jusqu’en 2003. Puis, c’est Heather Stefanson qui a occupé ce rôle ces 20 dernières années.
« Je ne pense donc pas que cette élection partielle marque la fin du Parti progressiste-conservateur. Je dirais plutôt que c’est probablement le niveau le plus bas qu’il puisse atteindre et qu’il doit maintenant s’efforcer de remonter la pente. »
Christopher Adams
La question des soins de santé encore décisive
Christopher Adams donne des raisons qui peuvent expliquer ce qui a fait la différence pour camp NPD cette fois-ci. « Comme on l’a dit, les néo-démocrates avaient mis plus de moyens pour cette élection. Ça ne veut pas dire que Carla Compton allait gagner, car il y avait plus d’argent, mais c’est une réalité, elle avait plus d’argent. Aussi, il y a encore, je pense, une mauvaise opinion du PC, d’Heather Steffensen, de Brian Pallister (1). Beaucoup de gens sont encore mécontents de la façon dont ils ont gouverné. Le PC du Manitoba n’a aussi pas encore de leader, seulement un chef intérimaire. Le parti ne se présente donc pas vraiment comme une opposition à l’heure actuelle.
Également, les soins de santé suscitent beaucoup d’inquiétude dans toute la ville. Et même si Tuxedo est une circonscription avec des contribuables aux revenus élevés, les soins de santé y sont aussi un problème et Carla Compton est une infirmière qui travaille dans le secteur de la santé depuis 18 ans. »
L’analyste évoque aussi l’importante baisse des voix pour le Parti libéral du Manitoba qui n’a compté que sur 569 votes pour cette élection partielle. 2 201 personnes avaient voté pour le candidat libéral lors de la dernière élection générale de 2023.
Enfin, alors que Christopher Adams s’attendait à une participation de 20 à 30 %, ce sont finalement un peu plus de 45 % des électeurs qui se sont fait entendre. « Un taux de participation plus élevé est bénéfique pour le NPD », souligne l’expert politique.
Quelles solutions pour le Parti progressiste-conservateur du Manitoba?
Alors après la vague orange de l’élection générale, puis cette nouvelle défaite à Tuxedo, comment le PC du Manitoba peut-il se relever? Pour Christopher Adams, il s’agira avant tout d’une question de leadership. En effet, le parti PC du Manitoba a prévu de se trouver un nouveau chef de parti d’ici avril 2025. « Et l’on peut supposer que cette direction, si elle est bien gérée, obtiendra différents candidats de qualité qui mobiliseront les membres. Ces derniers seront alors prêts pour les prochaines élections. Je ne pense donc pas que cette élection partielle marque la fin du Parti progressiste-conservateur. Je dirais plutôt que c’est probablement le niveau le plus bas qu’il puisse atteindre et qu’il doit maintenant s’efforcer de remonter la pente. »
Et pour remonter la pente, les Conservateurs devront aussi réussir à regagner le vote des électeurs et électrices de Winnipeg. « Ils ont une aile rurale, qui a tendance à être un peu plus à droite du centre, et ils ont une aile urbaine, qui est parfois au centre ou au centre-droit. Ils vont devoir trouver un moyen de ramener les électeurs de Winnipeg à soutenir le parti PC du Manitoba », conclut Christopher Adams.
(1) Brian Pallister a été le 22e premier ministre du Manitoba entre 2016 et 2021.