Un projet à l’histoire remarquable.
Dans Que le soleil jamais ne voie briller tes larmes, un court-métrage d’environ sept minutes, les cinéastes winnipégois Natalie Baird et Toby Gillies présentent l’histoire d’Edith Almadi, une résidente d’origine hongroise du Centre de santé Misericordia.
Le duo à la réalisation connaît Edith Almadi depuis 2013. En effet, les deux proposent aux résidents de cet établissement un programme artistique qui met de l’avant le développement expressif et personnel. C’est au cours de plusieurs entretiens avec les résidents, et notamment Edith Almadi, que l’idée de ce film a grandi.
Natalie Baird raconte : « Nous dessinons avec elle. Notre premier entretien a eu lieu en 2014 et un autre en 2019. À chaque fois, nous parlons de ses dessins, comme une manière de rentrer dans ses histoires et sa mémoire. Pendant la COVID, nous avons réécouté ses entrevues et nous avons pensé que ses paroles et pensées devraient devenir un film ».
Il a fallu ensuite animer l’imagination d’Edith Almadi. « Nous avions donc ces entrevues et les dessins d’Edith. De là, nous avons passé un an et demi à créer un monde autour de cette matière, en prenant les parties de l’histoire d’Edith qui nous touchent et qui résonnent particulièrement en nous. »
Le son pour sublimer l’image
Le film est composé de scènes réelles capturées pendant ces entretiens, et de plusieurs parties d’animation où les dessins prennent vie. Le tout est accompagné d’une bande sonore pour donner plus de force aux paroles d’Edith Almadi. « Le film est un portrait de ce qu’elle raconte très souvent. Elle parle du ciel qu’elle voit à travers sa fenêtre. Elle se voit comme la lune, elle parle de son fils comme du soleil. En anglais, les deux mots sont très ressemblants : sun (soleil) et son (fils). »
La manière de parler d’Edith Almadi, plutôt lente et très poétique, a donc profondément touché Natalie Baird et Toby Gillies. Si le film est inspirant, il parle tout de même de l’histoire d’un deuil. Dans les premières minutes du film, Edith Almadi confie : « J’ai perdu mon fils récemment. Il est mort. Mais il est bien là où il est. » S’en suit une discussion entre une mère et son fils dans l’imaginaire d’Edith Almadi. Son fils lui demandant de les dessiner tous les deux pour son anniversaire.
Natalie Baird, qui souhaite que ce genre de programme axé sur l’interaction soit instauré dans plus de centres de soins, remarque : « Toby et moi, on exerce souvent dans les centres de santé. Que ce soit à Misericordia ou à l’Hôpital Saint-Boniface. On espère qu’avec ce film et l’histoire d’Edith, le public puisse apprécier l’importance des programmes d’art dans ces centres. C’est une opportunité de s’exprimer, même si les gens ne sont pas des artistes. C’est transformateur et ça a un impact, peu importe l’âge des participants. »
Une exposition en plus du film
Que le soleil jamais ne voie briller tes larmes est disponible depuis le 27 mai gratuitement sur le site de l’Office national du film du Canada (1), qui est le producteur du film. Une centaine de dessins réalisés pendant les dernières années de ce programme d’art sont aussi à découvrir jusqu’au 20 juillet dans la Galerie Buhler de l’Hôpital Saint-Boniface.
Le 31 mai, quelques jours après la sortie du film, l’équipe de production a pu présenter le film aux résidents et au personnel du Centre de santé Misericordia. Edith Almadi a aussi pu voir le court-métrage. « Tout au long du processus, nous sommes allés chez Edith pour lui partager nos progrès. Elle a aimé notre travail. C’était tellement émouvant quand elle écoutait la production sonore avec ses paroles. Elle était transportée par toute l’expérience sensorielle. »
(1) Voir le film : https://www.onf.ca/film/que-le-soleil-jamais-ne-voie-briller-tes-larmes/