Pour autant la majeure partie des pièces d’exposition resteront sous le toit du Musée. En plus du déménagement, il a donc fallu s’occuper de la protection et de la conservation desdites pièces.
Depuis que le Musée de Saint-Boniface a fermé ses portes au public, le 27 juin, le personnel s’active entre les murs de la plus vieille bâtisse de l’Ouest canadien.
En prévision des travaux de restauration, qui devraient débuter au courant du mois de septembre, une équipe d’environ 10 personnes s’attèle à emballer, mettre en boîte, protéger et empaqueter les quelque 7 000 objets exposés d’ordinaire dans le Musée.
Les bureaux administratifs, la boutique ainsi que les pièces qui composent l’exposition Louis Riel (à l’exception de son cercueil, jugé trop fragile après avoir échappé à l’incendie de la cathédrale de Saint-Boniface en 1968) se sont déplacés pour prendre quartier au 219 boulevard Provencher, au deuxième étage.
Pour rappel, depuis longtemps, le Musée de Saint-Boniface fait état de la nécessité de travaux de réparation et de rénovation. Il s’agit entre autres, du toit, des fenêtres, des portes et du système de chauffage.
La série de travaux devrait débuter au mois de septembre avec des travaux destinés à rendre le Musée plus accessible aussi.
Sur papier, le Musée devrait donc fermer ses portes pour une durée d’environ deux ans.
Un bâtiment historique pour un autre
Même si, en tant que propriétaire, c’est la Ville qui s’est chargée de trouver une nouvelle base d’opérations pour le Musée, Cindy Desrochers, sa directrice générale, estime tout de même que s’installer dans les locaux du 219 boulevard Provencher tombe sous le sens.
« Je crois qu’en tant qu’organisme qui a pour mission la protection de la culture, du patrimoine de la communauté, on cochait toutes les cases. On a tous un sentiment d’attachement à l’hôtel de ville. C’est un édifice historique qui appartient à la ville. Alors pour nous autres, c’était assez logique d’aller là-bas. »
La directrice générale espère que tout sera prêt pour accueillir le public d’ici la fin du mois d’août.
Il faut noter également que la grande partie des pièces de la collection muséale ne quitteront pas le Musée pendant les travaux. Cindy Desrochers indique qu’« on n’a pas de place pour tout déplacer. Nous sommes en train de prévoir la manière de placer les objets d’exposition dans les salles pour qu’ils ne gênent pas les travaux. Plus on déplace les objets, plus on risque de les abîmer. On veut minimiser les risques. »
Un travail de conservation
Justement, pour minimiser ces risques, le Musée a fait appel à Heather Beerling et à ses équipes.
Elle est conservatrice, et depuis le mois de mai, elle veille à ce que l’intégrité des pièces d’exposition demeure inchangée.
« D’après mon expérience, il faut s’assurer que tout soit enveloppé de plastique au cas où il y aurait des fuites d’eau. On utilise ensuite du plastique corrugué (1) par exemple, ou bien du polypropylène, des plastiques d’archivage. »
Les plastiques d’archivage ont la particularité de ne pas endommager les objets qu’ils contiennent. La conservatrice souligne qu’« ils ne dégagent pas de gaz, ne se détériorent pas et ne provoquent pas de jaunissement ou de taches. »
La grande majorité des objets sur site sont donc contenus dans de grandes caisses de plastiques d’archivage relié par un cadre en bois, fait par un charpentier.
En effet, il faut également prendre en compte l’humidité de l’air, la sécheresse, les températures. Tous ces facteurs peuvent avoir un impact sur les objets entreposés dans l’enceinte du Musée comme l’explique Heather Beerling. « Ces caisses protègent les artéfacts des fluctuations d’humidité ou de température.
« Par exemple, en cas d’humidité, il faut des heures et des heures pour que celle-ci atteigne la boîte. Et même si elle l’atteint, le développement de l’humidité à l’intérieur de cette dernière est très long. C’est justement ce qu’on cherche. »
Cependant, l’idéal est de limiter ces changements. Cindy Desrochers se veut rassurante à ce propos. « Le bâtiment sera toujours chauffé. Mais avec un système différent et temporaire. Quasi tout ce qui est ici est sensible aux températures extrêmes alors elles seront évitées. »
Bien sûr, les moyens de protection mis en place varient également en fonction du type de pièce à protéger. « Par exemple, les peintures ne peuvent pas être recouvertes de papier bulle, indique Heather Beerling. Si l’air devient sec, la peinture pourrait se ramollir et nous verrions alors les bulles apparaître à la surface de la peinture. » Dans ce cas précis, il faut d’abord recouvrir les toiles de ruban sergé, fait de coton.
Enfin, pour ceux qui se poseraient la question, le chat du musée, Dorrie, n’a pas eu besoin d’être emballé dans un carton pour accompagner l’équipe du musée dans leurs nouveaux locaux. Nul doute cependant qu’il aurait apprécié un morceau de ruban sergé.
(1) Plus robuste que le carton ondulé et plus léger que la feuille de plastique extrudée. Il résiste aux intempéries, à l’humidité et à la plupart des dissolvants. Il résiste même aux taches, à la graisse et aux rongeurs.
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté