Selon Teya Zuzek, directrice du FIFG, ce fut donc « l’un des festivals les plus fréquentés depuis l’ère prépandémique de 2019 ». 

« Nous avons vu un afflux de nouveaux spectateurs, ce qui est très excitant. Les gens sont venus de tout le pays et de l’étranger pour montrer leurs films et assister aux projections. Nous avons vendu tous nos évènements de rencontre et de réseautage. Nous avons eu plus de 600 nouveaux détenteurs de laissez-passer et nous avons vendu plus de 300 billets individuels de plus que l’année dernière. »  

Kevin Nickel, programmateur de longs métrages documentaires, donne un aperçu du processus méticuleux de sélection des films pour le programme de cinq jours. L’équipe de Kevin Nickel a visionné entre 75 et 80 films documentaires pour faire cette sélection. Cette année, deux thèmes sont particulièrement ressortis : l’environnement et le climat, et les relations, l’identité et la communauté.

Fréquentation en hausse

Le programmateur donne aussi plus de détails sur l’impact communautaire du FIFG. « C’est l’occasion de voir des films dont on n’a peut-être jamais entendu parler, mais aussi de rencontrer des gens que l’on ne connaîtrait pas autrement. Nous avons besoin de ce type d’évènements pour continuer à construire notre scène artistique. » 

Pour Sydney Bell, coordonnatrice au FIFG 2024, cet aspect communautaire est nourri par la générosité de la ville de Gimli.

« Gimli est déjà une ville prospère et merveilleuse en soi; elle possède de nombreuses qualités. Les gens y trouvent de la magie tous les jours, et je pense qu’une partie de cette magie, qui contribue ensuite au FIFG, est la volonté et la générosité des communautés et des entreprises locales. Le festival se développe et nous donne la possibilité d’embaucher davantage de personnes et de soutenir les étudiants. Nous soutenons également l’économie en faisant venir des touristes. » 

Place aux bénévoles

En termes de générosité, le FIFG accueille chaque année plusieurs bénévoles qui participent à l’organisation et à la coordination du festival, en veillant à ce que leur contribution soit reconnue. Un prix est même décerné chaque année à un bénévole afin de célébrer le dévouement des membres de la communauté qui investissent leur temps et leurs efforts dans la réussite du festival. 

« Le FIFG est extrêmement important parce que l’industrie cinématographique du Manitoba est grandiose, nous avons des gens qui viennent de partout pour faire des films. Je pense que le fait que notre petite ville accueille ce festival est génial”, déclare Lisa Martin, bénévole de l’année du FIFG pour 2024. »

Lisa et son mari ont déménagé à Gimli il y a onze ans, où ils ont commencé à faire du bénévolat après avoir assisté au festival au cours de leur première année d’arrivée. « J’étais une grande bénévole à Winnipeg, et je savais que je devais trouver quelque chose pour poursuivre ma passion lorsque nous avons déménagé à Gimli. J’ai choisi le FIFG parce que j’adore les films. Depuis neuf ans, je m’occupe de la décoration de la salle Johnson, et c’est très amusant. J’ai été très surprise et très honorée de recevoir le prix du bénévole de l’année, même si toutes les personnes qui font du bénévolat ici le méritent vraiment. »

Présenter son travail à un large public 

Outre le prix du bénévole de l’année, le festival décerne de nombreux prix au cours de la cérémonie de remise des prix pour célébrer les acteurs, les cinéastes et leurs réalisations au FIFG. Karsten Wall, monteur et réalisateur de Winnipeg, a remporté le prix du meilleur court métrage manitobain pour son projet Modern Goose.  

« Mon film est un court métrage non conventionnel sur la nature, réalisé du point de vue d’oies canadiennes vivant en milieu urbain. Pour moi, elles ont toujours été en arrière-plan, mais je me suis rendu compte qu’elles étaient plus complexes que je ne le pensais. C’est une façon différente de regarder les animaux qui se croisent dans nos villes », explique-t-il. 

Le charme de Gimli

Karsten Wall déclare qu’il a toujours tenu le FIFG en « haute estime ». « C’est la première fois que j’y participe, mais je pense vraiment que la province du Manitoba mérite un bon festival du film, et celui-ci est le meilleur à mon avis. Après avoir passé ces quelques jours ici, j’ai réalisé à quel point ce festival est extraordinaire, tout en conservant le charme d’une petite ville. C’est un festival terre-à-terre, mais avec une programmation de haut niveau. » 

Sur le thème de l’identité et de la communauté, la réalisatrice locale MC de Natividad a présenté son film Bumalik (qui signifie revenir en arrière/retourner en tagalog, langue philippine), qui faisait partie du programme Best of Manitoba Film Festivals. Le film décrit son parcours pour retrouver sa langue après l’avoir perdue dans son enfance, alors qu’elle avait immigré des Philippines à Winnipeg. 

« J’ai assisté au FIFG et j’ai commencé à faire du bénévolat ici avant de devenir cinéaste. Je prenais mes vacances pour venir, car j’aimais vraiment ce festival. C’est une plateforme qui permet aux cinéastes, en particulier aux cinéastes émergents, d’exposer leur travail à un public plus large. » 

Les francophones ont aussi leur place

Le festival a également mis en lumière des cinéastes francophones. Matthew Lancit, cinéaste francophone originaire de Toronto, a parlé de son film bilingue projeté au festival : « Mon film s’appelle Play Dead. C’est un film que j’ai réalisé lorsque je vivais à Paris, chez moi, avec ma famille. Comme je suis diabétique, c’est une sorte de journal filmé sur la maladie, qui se transforme peu à peu en film d’horreur dans le style du réalisateur David Cronenberg – des films de ma jeunesse. Je me suis réapproprié ce genre pour refléter ma réalité quotidienne. » 

« Le film a été présenté dans plusieurs festivals en Europe, notamment à Paris et en Allemagne, mais je l’ai soumis au FIFG car, en tant que Canadien originaire de Toronto, je voulais le partager avec d’autres Canadiens. » 

Il ajoute : « J’aime créer des films bilingues, en français et en anglais. C’est atypique, mais c’est vraiment mon truc – c’est qui je suis. » 

Janice Johnson, fondatrice du FIFG, souligne enfin que l’année prochaine marquera le 25e anniversaire du plus grand festival de films ruraux du Canada. « Nous sommes en train de rassembler du matériel et de puiser dans les archives. Ce sera une célébration spéciale. Il faudra venir voir ce que nous avons fait. »