Les projets de développement vont bon train dans la municipalité rurale de Saint-Laurent. À une heure de route au nord-ouest de Winnipeg, aux abords du lac Manitoba, plusieurs projets ont été présentés aux résidents de Saint-Laurent par le conseil municipal.
Si la Municipalité parle de portes ouvertes, l’évènement a surtout pris des airs de consultation publique. En effet, les 75 personnes présentes ce jour-là ont pu donner leur avis et échanger sur les plans proposés.
Le conseil municipal actuel, élu en octobre 2022, s’est saisi de projets de développement entamés par le conseil précédent avec l’intention de les voir aboutir. Mais surtout, de les modifier.
Entre autres, le projet de construction du Centre du patrimoine Métis et l’agrandissement du Centre Neil Gaudry, un logement pour aînés avec des services de soutien.
Cependant, avant de pouvoir commencer à envisager le début des travaux, Saint-Laurent doit s’occuper en priorité d’agrandir sa lagune. Sans cela, le système des eaux usées du village n’a pas la capacité d’accueillir davantage de bâtiments ou de logements.
Centre du patrimoine Métis
Le projet ne date pas d’hier, le début des travaux était prévu à l’été 2018. Finalement, les travaux n’ont jamais débuté.
Aujourd’hui, la Municipalité a monté un dossier pour tenter d’obtenir, auprès du gouvernement fédéral principalement, les 13,5 millions $ nécessaires à la construction du Centre.
Le bâtiment devrait toujours sortir de terre derrière le bureau de poste existant. L’agente de développement économique de la RM de Saint-Laurent, Denise Allard, équipée des plans architecturaux, explique. « Il y aura un espace d’exposition de près de 185 mètres carrés. On anticipe des tournées avec des écoles. Il y aura aussi une salle de classe ainsi qu’une salle de réunion. »
Quant au Musée en lui-même, Richard Chartrand, préfet de la municipalité rurale de Saint-Laurent, s’enthousiasme à l’idée de ce que l’on pourra y trouver. « Le Musée accueillera un bombardier, une carte de la rivière Rouge et un tout un tas d’objets en lien avec la culture métisse. »
Pour la petite histoire, le bombardier en question avait été acheté par le Smithsonian Institute en 2004. À l’époque, le National Museum of the American Indian voyait le jour à Washington et une exposition portait sur les Métis de Saint-Laurent. Après une dizaine d’années, les artéfacts ont été rapatriés au Manitoba. « Nous avons seulement besoin d’un endroit où l’entreposer », souligne Richard Chartrand en faisant allusion au bombardier B12.
La nouvelle infrastructure ne servira pas seulement au patrimoine et à la culture.
Agrandir le Centre Neil Gaudry
Denise Allard indique que « nous avons placé nos bureaux dans cet espace. Le Centre de services bilingues et Service Canada vont emménager avec nous aussi. Le district d’aménagement de la ville aussi a besoin d’un nouvel espace. Ça sera bien mieux pour tout le monde. Certains de nos employés sont dans des tout petits coins, d’autres travaillent à temps partiel et n’ont même pas de bureaux. »
Le centre de vie assisté pour aînés est le suivant sur la liste des projets. Avec 6,8 millions $ supplémen-taires, il s’agira d’agrandir ce dernier, pour y rajouter des appartements. Mais aussi un centre médical.
Richard Chartrand fait valoir que « le centre compte aujourd’hui cinq aînés. L’agrandissement devrait permettre de doubler la capacité d’accueil. »
Pour l’heure, le Centre Neil Gaudry accueille un seul médecin les vendredis et une infirmière praticienne qui se rend sur place trois fois par semaine.
Denise Allard explique. « Le conseil précédent avait prévu de placer le centre médical avec le Centre du patrimoine. Mais les résidents ont fait entendre que ça n’avait aucun sens », les services médicaux se trouvent pour l’heure dans la cave du Centre Neil Gaudry. Elle poursuit : « Tous les aînés restent plus ou moins dans le Centre Neil Gaudry. Nous avons aussi le foyer Laurentian pour les 55 ans et plus. La Fédération métisse du Manitoba (FMM) a également construit des logements pour les aînés métis. Ça fonctionne pour tout le monde de se rendre au Centre Neil Gaudry pour les soins. »
Les projets de développement du village de Saint-Laurent sont certes à saluer. Mais l’agente de développement, au même titre que le préfet, restent parfaitement conscients de la réalité de leur municipalité, et des défis à laquelle elle se heurte.
À ce propos, Richard Chartrand fait mention d’un autre projet, qui devrait se faire en priorité afin de rendre réalisables ceux mentionnés précédemment. « Nous avons besoin d’étendre notre lagune et pour réaliser ce travail, il faudra compter 2,5 millions $.
« La majorité de nos maisons ont une fosse septique, et nous avons besoin d’un endroit où déverser les eaux usées. »
Le serpent qui se mord la queue
Ces travaux d’extension, comme le souligne le préfet, sont donc essentiels à la construction de logements supplémentaires.
Denise Allard renchérit et explique qu’en période estivale, la population de Saint-Laurent double. « La plupart des résidences estivales ont des réservoirs d’eaux usées. Nous avons un camion qui s’occupe de vider ces derniers. Mais la lagune est à capacité maximale alors on ne peut pas continuer ainsi. »
Comme beaucoup d’autres ruralités au Manitoba, Saint-Laurent se trouve donc dans une sorte de cercle vicieux.
Le village a tous les services pour attirer de nouveaux arrivants. Des garderies, des écoles, l’accès au lac et depuis juillet 2024, le complexe de loisirs Lake Manitoba Resort, qui a, notamment, créé des emplois. À ce propos, le Centre du patrimoine ainsi que l’agrandissement du Centre Neil Gaudry et l’ajout de nouveaux services de santé devraient eux aussi créer de l’emploi. Seulement voilà, Denise Allard et Richard Chartrand sont unanimes. « Nous n’avons pas les maisons pour accueillir les gens qui veulent travailler ici ».
Un peu d’espoir toutefois, Marie-Cécile Alvarez, gestionnaire en développement économique communautaire au Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) assignée à la municipalité rurale de Saint-Laurent fait valoir : « Le conseil municipal a fait une étude pour la lagune, des recommandations ont été faites et on se dirige vers la première étape. Ils ont sécurisé à peu près 50 % du coût de la lagune. »
Pour ce qui est du reste, « ce sont des choses qui prennent du temps », rappelle-t-elle. « On avance prudemment. Mais sûrement. Toutes les bonnes étapes ont été respectées. »
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté