La Maison des artistes visuels francophones du Manitoba (MDA) a ouvert, au début du mois d’août, deux nouvelles expositions avec une double vernissage.
La première de ces expositions, installée par l’architecte d’Argentine, José Luis Torres, est intitulée Ces objets qui nous habitent. (1)
Lou-Anne Bourdeau, directrice générale de la MDA, donne les détails de cette exposition et de ce qu’elle représente.
« Dans son travail, José Luis Torres utilise les objets d’une manière vraiment ludique. Il s’amuse à détourner les objets de leur fonction première pour nous permettre de voir ces objets avec un oeil différent.
« C’est un lien aussi qui se crée avec le fait qu’il a déménagé de l’Argentine pour s’établir au Québec, il fallait qu’il reparte à zéro. Il s’est questionné sur ce que ça veut dire d’acquérir de nouveaux objets, le sens qu’on donne aux objets, les souvenirs qui sont imprégnés dans les objets ou non. »
Le lieu interprété comme objet et l’objet comme lieu
L’exposition, qui se tient jusqu’au 28 septembre, est décrite sur le site de la MDA par la citation suivante de José Luis Torres : Le lieu interprété comme objet et l’objet comme lieu. Lou-Anne Bourdeau donne son propre point de vue sur cette citation.
« L’objet devient une manière d’occuper l’espace. Ce n’est donc plus forcément une chaise dans l’espace, ni forcément faite pour s’asseoir, elle devient autre chose en changeant de position dans l’espace.
« Il y a vraiment des façons de travailler les objets, de les assembler où ils ne sont plus du tout fonctionnels. Mais en même temps, si on les retire de ces assemblages-là, ils retrouvent leur forme primaire.
« C’est vraiment sur ces questions-là qu’il s’amuse à créer toutes sortes d’assem-blages et toutes sortes de nouvelles façons de concevoir des objets. »
En termes d’aspects interactives, Lou-Anne Bourdeau vient à redéfinir le terme pour l’exposition. « Nous ne voulons pas nécessairement que les gens touchent les objets. Mais vous verrez, il y a beaucoup de miroirs, donc le fait que vous puissiez vous voir dans l’espace, puis vous déplacer et explorer différents points de vue, c’est là que ça devient interactif. »
Une histoire en portraits (moustaches optionnelles)
Le double vernissage introduit aussi la nouvelle exposition du Musée de Saint-Boniface, qui vient juste de finir le déménagement de ses artefacts au 219 boulevard Provencher. L’exposition, qui s’appelle Regard stoïque, moustache optionnelle présente une histoire en portraits de Saint-Boniface dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire de Winnipeg.
« Ça faisait longtemps qu’on voulait travailler avec le Musée. On trouvait donc que faire cette exposition était une bonne occasion de souligner leur aménagement ici. Le Musée est allé dans ses archives et a ressorti des portraits de Saint-Boniface depuis la création de la municipalité. Ce sont vraiment ces portraits-là qui sont mis de l’avant, et ils amènent une espèce de réflexion.
« C’est tous des hommes d’un certain âge dans les portraits, et ils ont, pour la plupart, des moustaches. De cette observation, le titre demande vraiment à penser à ce qu’on voudrait voir dans l’avenir. On cherche comment Saint-Boniface a changé, et je crois qu’il faut regarder le passé pour mieux réfléchir à l’avenir. »
Un lien thématique
Les expositions semblent partager un thème sans pour autant être unique. Lou-Anne Bourdeau explique. « C’est certain qu’on ne veut pas refuser de présenter des expositions même si elles ne fonctionnent pas avec des expositions en cours. Mais on essaie le plus possible de créer des liens entre les différentes expositions à la fois.
« Il peut s’agir du thème abordé ou d’un lien dans les techniques, même si cette technique est utilisée de manière complètement différente. C’est vraiment assez variable. Cette fois-ci, c’est vraiment sur l’histoire et la fonction des objets que les deux expositions se rejoignent.
« J’espère en fait que les gens seront assez curieux pour venir voir les deux expositions. À première vue, je pense qu’il s’agit de deux approches complètement différentes. Mais en même temps, elles remettent toutes deux en question les idées préconçues sur les objets, sur le passé et sur l’histoire qu’ils renferment.
« Il y a des liens très intéressants. J’espère donc que les gens prendront le temps de venir, de réfléchir, de se donner la permission de réagir de manière un peu ludique à ce qu’ils voient. »
(1) José Luis Torres n’était pas disponible pour une entrevue avec La Liberté.