Résultat d’un long travail de plusieurs militants et de projets pilotes menés par la Ville depuis quelques années.
Dans un projet pilote, Couloirs verts de quartier, la Ville de Winnipeg avait désigné 13 rues sur 19 pour réduire la limite de vitesse afin que piétons, automobilistes et cyclistes coexistent dans un même espace.
Des changements qui sont en route depuis 2019 puisqu’avant ceci, la Ville de Winnipeg n’avait pas l’autorité de modifier elle-même ses limites de vitesse. Elle devait passer par la Province, ce qui coûtait de l’argent.
Grâce au travail mené par, entre autres, Matt Allard, conseiller municipal de Saint-Boniface, pour modifier les limites de vitesse de la rue Goulet et de la rue Marion, le Règlement sur les limites de vitesse fixées par les autorités chargées de la circulation a été amendée.
Avantage sécuritaire
C’est donc de cette manière qu’est née l’initiative citoyenne, Safe Speed dont Ian Walker est le président. Il rappelle que la limite de 50 km/h n’était qu’un simple chiffre. « Ce n’est qu’un chiffre qui a été fixé par le gouvernement provincial. Et ce n’est qu’un chiffre qui a été sorti d’un chapeau. Il n’y avait aucune raison à cela. Il ne s’agissait pas d’une limite de vitesse sûre ou qui avait été approuvée par des études. »
Aujourd’hui, plusieurs études menées à travers différents pays montrent qu’une limite de 30 km/h est meilleure à différents niveaux : sécuritaire, environnemental et monétaire. Ian Walker relève que « nous aimons étudier des choses dont nous connaissons déjà les bénéfices. C’est aussi un moyen pour les conseillers municipaux de laisser à l’administration publique le choix du meilleur moyen de procéder. »
Une porte-parole de la Ville de Winnipeg a fait savoir par voie de courriel. « Winnipeg en est actuellement à la phase d’analyse d’un projet pilote de quartiers à vitesse réduite. L’objectif du projet est de déterminer si la modification de la limite de vitesse change la vitesse réelle des véhicules et si son abaissement dans une zone résidentielle a une incidence sur la qualité de vie du quartier.
« Nous élaborons actuellement des recommandations sur l’avenir des limitations de vitesse dans les zones résidentielles à l’échelle de la ville ; ces recommandations seront soumises à l’examen du conseil municipal à l’automne. »
Avant même d’entrer dans le vif du sujet, Ian Walker tient à être clair sur un point. « Je ne suis pas contre les voitures. Safe Speed n’est pas contre les voitures. Mais notre modèle de développement urbain ne peut pas reposer uniquement sur la voiture.
« L’autre jour, mon fils me demandait d’aller chez son ami à vélo. C’est une route que nous avons déjà emprunté plusieurs fois, il connaît le chemin. Alors évidemment, j’étais beaucoup plus à l’aise de le laisser partir. Mais si nos enfants ne voient que des adultes se déplacer en voiture. Ils n’auront jamais le réflexe de se dire que des choses peuvent être faites autrement. Cependant, il faut construire une ville respectueuse des autres modes de transports. C’est aussi pour les géné-rations futures que nous menons ce combat. »
Pour Ian Walker, aucun doute que les quartiers résidentiels devraient être limités à 30 km/h. « Nous ne voulons pas que toute la ville soit limitée à 30 km/h, cela n’aurait pas de sens surtout sur les grandes voies. Mais dans les quartiers désignés résidentiels, être à 30 km/h permet plus de confort. Sur le côté sécuritaire, rouler à 30 km/h permet d’anticiper davantage les réflexes de conducteur. »
Dans le dernier rapport publié par l’Assurance publique du Manitoba (MPI) sur les collisions, en 2021, il y avait eu 70 695 collisions de voitures. Toujours en 2021, on dénombrait 7 609 victimes d’accident de la route avec différents niveaux de blessures allant jusqu’à la mort pour 78 d’entre elles. Parmi les facteurs les plus fréquents dans les collisions où des personnes ont été tuées ou gravement blessées, la vitesse arrivait en troisième position après la distraction et l’état d’ébriété.
Avantage environnemental
D’un point de vue environnemental, Ian Walker y voit plusieurs avantages. « Au-delà du fait que plusieurs études ont prouvé qu’en dessous de 50 km/h on constaterait une réduction de l’émission de gaz à effet de serre. C’est aussi un moyen d’encourager les gens à marcher davantage.
« Si dans les quartiers résidentiels, les voitures roulent plus doucement, les gens sont plus incités à sortir pour marcher ou prendre leur vélo parce qu’elles savent que les voitures sont moins présentes et imposantes. Beaucoup de parents ne sont pas sûrs de laisser leur enfant aller à l’école à pied ou à vélo à cause des voitures.
« Et si plus de personnes utilisent d’autres moyens de transport alors évidemment qu’il y a un impact positif sur la congestion sur la route. C’est un enchaînement positif. »
Enfin, sur l’avantage monétaire, Ian Walker reconnaît qu’à court terme, réduire la vitesse à 30 km/h peut être un défi financier. « Il faut revoir tous les panneaux, peut-être aussi construire des ralentisseurs. Mais c’est intéressant sur le long terme. Puisque si moins de personnes utilisent leur voiture alors l’état des routes s’améliorera. Il y a donc moins d’argent à investir dans la construction chaque année.
Il tient à préciser aussi que « lorsque les gens utilisent d’autres moyens de transport que leur voiture, parce que l’environnement est sécuritaire, alors ils encourent moins de dépenses en stationnement ou en potentielles contraventions. »
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