Comme le veut la coutume, le portrait de l’ancien premier ministre du Manitoba Greg Selinger a rejoint celui de ses prédécesseurs sur l’un des murs du Palais législatif de Winnipeg.
Élu pour la première fois au conseil municipal de Winnipeg en 1989, Greg Selinger se dirige par la suite vers la politique provinciale et rejoint le Nouveau Parti démocratique du Manitoba et se présente pour la cir- conscription de Saint- Boniface lors des élections de 1999.
10 ans plus tard, il devient chef du Parti et est élu premier ministre du Manitoba de 2009 à 2016.
En règle générale, son portrait aurait dû être accroché dans le courant de l’année qui a suivi sa démission, mais, il s’en amuse lui-même, « la situation autour de mon portrait est assez unique ».
Une situation particulière
Effectivement, celui qui fut le chef du Nouveau parti démocratique du Manitoba s’est retiré de la vie politique en 2018. La cérémonie de dévoilement de son portrait arrive donc 6 ans après sa retraite. Une situation qui semble l’amuser beaucoup. « Il y a eu la pandémie, trois, quatre changements de premiers ministres, des élections, des changements de gouvernement, les circonstances étaient particulières. Pour s’occuper de mon portrait, il fallait un moment où tout le monde était prêt à s’en occuper. » C’est désormais chose faite.
L’on peut donc à présent voir le portrait de Greg Selinger, posant devant sa maison et tenant dans sa main une courtepointe fabriquée par sa femme.
Et ce n’est pas tout à fait anodin, s’il a souhaité que la courtepointe apparaisse sur la toile.
« L’une des choses avec les progrès, dit-il, c’est qu’ils ne sont jamais le résultat du travail d’une seule personne. Ce que j’ai fait, je l’ai fait avec ma famille et ma partenaire Claudette Toupin, donc je voulais qu’elle soit représentée sur le portrait et coup de chance, elle a justement tout juste commencé sa carrière en fabrication de courtepointe. » Le rire de Claudette Toupin se fait entendre dans le combiné du téléphone.
« La courtepointe représente la persistance, la patience, mais aussi la chaleur caractéristique des choses que l’on fait par amour. C’était important que ma femme et ces choses-là soient représentées. »
Le fait français au coeur
À propos d’amour, l’ancien premier ministre a toujours eu à cœur le fait français. Il l’a prouvé une énième fois à l’occasion de son discours dans lequel il a longuement parlé de Saint-Boniface et de la francophonie.
« Il m’a paru nécessaire de parler de la francophonie, lance-t-il. J’en étais le représentant pendant 16 ans au niveau de la province en tant que membre du cabinet puis en tant que premier ministre. Faire avancer les choses et mettre en avant les intérêts de la francophonie est un rôle que j’ai pris avec beaucoup d’enthousiasme. »
Présent lors de la cérémonie, Guy Jourdain, avocat et ancien directeur de l’Association des juristes d’expression française du Manitoba (AJEFM) s’est dit ému par le discours de l’ancien premier ministre.
« Je n’ai pas l’impression qu’il est très courant qu’un premier ministre accorde une importance si grande à la francophonie dans le cadre de ces discours-là. »
Guy Jourdain a travaillé au Secrétariat des affaires francophones pendant plus de dix ans. « Je relevais directement de Greg Selinger, alors j’avais des contacts avec lui et nous avons développé d’excellentes relations au cours des années, dit-il. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour lui. »
Des moments forts
Guy Jourdain se rappelle d’ailleurs quelques moments forts pour la francophonie manitobaine survenus sous l’impulsion de Greg Selinger.
« La politique des services en français remonte à 1989, c’est le premier ministre Gary Filmon qui l’avait fait adopter. À l’époque on a beaucoup mis l’accent sur la question des services en français et il fallait commencer là. C’est avec Gary Doer et Greg Selinger que l’on est allé plus loin et l’on a commencé à fournir des efforts pour appuyer l’épanouissement de la communauté franco- phone. Il y a eu par exemple la construction du Théâtre Cercle Molière, le gouvernement avait investi quelque chose comme 3 millions $, ce qui était du jamais vu à l’époque. Le gouvernement a soutenu toute une série d’organismes au sein de la francophonie. Tout ça était très novateur. »
Enfin, rappelons que Greg Selinger est à l’origine du dépôt de la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine en 2015. Un épisode dont Guy Jourdain se souvient très clairement.
« Son gouvernement avait déposé ce projet de Loi tout juste avant de perdre le pouvoir. Alors le projet de Loi avait été représenté par les conservateurs trois mois plus tard. Il a été adopté à l’unanimité. Ça aussi c’est un très beau legs. »
Fruit d’une collaboration
De son côté, l’ancien premier ministre estime que ces avancées ont été le produit d’une collaboration.
« Nous avons fait d’autres choses grâce à la pression et le soutien de la communauté francophone et j’ai souhaité en faire mention. Car c’est le fruit d’un partenariat avec la communauté. »
Seulement, ce n’est pas une photo de groupe qui a été dévoilée ce mardi 10 septembre, mais bien un portrait.
C’est d’ailleurs l’artiste Heather Bishop qui est derrière la réalisation de ce dernier dont Greg Selinger est ravi.
Aujourd’hui, l’ancien homme politique affirme qu’il suit toujours de près les avancées et les progrès qui sont accomplis au sein de la francophonie.