À la mi-octobre, le 18 exactement, pas moins de 150 sacs à dos et de la nourriture seront distribués sur la rue Main par une vingtaine de bénévoles.

Il s’agira de la 5e édition de l’initiative caritative Gone Too Soon – Back Packs from Heaven, officiellement traduit en : Partis trop tôt – Sacs à dos du ciel.

Pour la deuxième année consécutive, Lise Léveillé participe à la récolte de biens et à la distribution des sacs à dos.

Elle nous éclaire sur le contenu de ces sacs à do(n)s.

«On y trouve un sac de couchage, des produits de toilettes et d’hygiène féminine. Des choses à manger facilement, qui ne nécessitent pas d’équipement de cuisine. Des bas, des gants, des vêtements, des pansements, etc. »

En vérité, la liste des items est longue et les sacs à dos imposants.

Au moment d’écrire ces lignes, tous les articles figurant sur la liste ont été récoltés en 150 exemplaires, à l’exception seulement de barres de céréales.

Les dons viennent d’un peu partout dans la communauté et depuis cinq ans maintenant les résidents de Winnipeg ont répondu présents à l’appel.

Les dons de produits ainsi que les dons monétaires sont cependant toujours les bienvenus et l’initiative est en mesure, depuis cette année, de fournir un reçu pour fin d’impôt pour les dons d’argent.

Pour les autres et ceux qui ne sont plus

C’est une tragédie qui a donné naissance à cette belle initiative. Chuck Neufeld, qui est le créateur de l’initiative Partis trop tôt – Sacs à dos du ciel, revient quelques années en arrière, en 2019 pour en expliquer l’origine.

« Mon fils Sean avait une petite amie, Destiny. Elle avait un problème de dépendance à la drogue et est morte d’une surdose en 2019.

« Mon fils Sean, la sœur et la mère de Destiny ont alors décidé de créer Back Packs from Heaven pour honorer la mémoire de Destiny. »

Au départ, Chuck Neufeld se contente de faire des dons et ne joue pas réellement de rôle dans l’initiative.

Il poursuit : « Mon fils était le genre de personne à donner sa chemise sans hésiter à quelqu’un dans le besoin. Mais il souffrait de dépression, d’anxiété. Il n’a pas supporté la mort de sa petite amie. Il est devenu dépendant à la drogue. »

Sean est mort d’une surdose lui aussi, en 2021.

À ce moment-là, l’enga- gement de Chuck Neufeld auprès de l’œuvre charitable s’intensifie et l’initiative prend une direction un peu différente.

Chuck Neufeld tient tout de même à préciser que tout cela ne concerne pas seulement son fils. « C’est une histoire triste, mais je pense que le bien que nous faisons et qui est ressorti de cette tragédie est fantastique et c’est sur cela qu’il faut se concentrer. »

S’il s’agit surtout d’aider son prochain, l’initiative permet de rendre hommage aux personnes Parties trop tôt, mais aussi d’ouvrir le dialogue sur la santé mentale et les problèmes de dépendance, sans s’y limiter.

« Notre objectif principal se concentrait vraiment sur l’usage de la drogue et les problèmes de santé mentale, mais j’ai senti que si on ouvrait un petit peu plus la porte, un plus grand nombre de personnes s’impliqueraient. »

Pour eux

Ainsi, lors de la distribution des sacs à dos l’an passé, un mur de photos avait été installé. Sur ce dernier figuraient les photos des proches défunts des bénévoles.

Parmi les visages, celui du mari de Lise Léveillé.

« Mon mari est mort dans un accident de moto, dit-elle, donc rien à voir avec l’usage de drogue. Mais je pense qu’il est quand même important de partager ces moments avec ceux qui nous ont quittés subitement. C’est pour se souvenir d’eux que l’on fait quelque chose de bien pour les autres. »

La distribution des sacs à dos du ciel a donc pris une allure particulière pour certains des bénévoles.

Faire son deuil en aidant son prochain, ou simplement garder leur mémoire en vie tout en faisant un peu de bien autour d’eux.

Pour Lise Léveillé en tout cas c’est clair, « c’est une façon de continuer de penser à mon mari et de demander aux autres, en son honneur, de continuer à aider les autres. De s’aimer les uns les autres parce que la vie est courte, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut arriver à ceux que l’on aime ».

Pour la bénévole, cette journée de distribution est un moment de réflexion, mais aussi une occasion de partager un moment qui compte avec « du beau monde ».

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté