Né le 24 janvier 1951 à Selkirk au Manitoba, Murray Sinclair s’est éteint à l’âge de 73 ans.

Les proches de celui qui avait siégé au Sénat du Canada de 2016 à 2021 avaient publié un message sur les réseaux sociaux le 25 octobre pour prévenir que Murray Sinclair était hospitalisé et se trouvait en soins intensifs.

Admis au Barreau du Manitoba en 1980, Murray Sinclair se concentre rapidement sur les litiges civils et criminels, mais aussi, sur les droits autochtones et les droits de la personne.

Grand défenseur des personnes autochtones, Murray Sinclair n’hésite pas à critiquer le système judiciaire et ira même jusqu’à déclarer que « la police s’en prend aux Autochtones ».

Ses opinions, qu’ils ne cachent pas, le rendront populaire, à tel point qu’on lui proposera le poste de juge à trois reprises. Il fini par accepter à l’âge de 37 ans en 1988 et devient alors le premier juge autochtone du Manitoba et le deuxième au Canada.

Il sera nommé co-commissaire de la commission d’enquête sur la justice et les Autochtones qui révèlera en 1991 qu’il existe un racisme systémique au sein du système pénal du Manitoba.

Plus tard en 2001, il sera nommé à la Cour du Banc du Roi et devient le premier juge autochtone nommé à ce niveau judiciaire.

Il deviendra également président de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) en 2009. C’est notamment à Murray Sinclair et l’appel à l’action n˚80 que l’on doit l’établissement d’une journée nationale de la vérité et de la réconciliation les 30 septembre.

Il soulignait l’importance de cette journée, mais aussi la nécessité de poursuivre le travail vers la Vérité dans les pages de La Liberté en septembre 2022.

« Nous avons besoin de plus d’exposition médiatique à propos de cette journée. Nous avons besoin d’une parole nationale plus permanente, pas seulement des discussions pour honorer cette journée. Mais des discussions à propos des sacrifices des survivants des pensionnats autochtones et des conséquences induites par les pensionnats autochtones.

« Plus généralement, il faut des discussions à propos de la culture d’extermination qui visait à éliminer les Autochtones et qui, d’une manière ou d’une autre, a profité au gouvernement fédéral. Cette culture d’extermination est large : elle va de la volonté de détruire chez les Autochtones leur unicité, en passant par l’appropriation de leur terre, par l’étouffement de leurs langues, par le rejet de leur apparence. Il y avait la volonté d’éliminer purement et simplement l’existence des Autochtones. »

La lieutenante-gouverneure du Manitoba Anita Neville a remis l'Ordre du Manitoba à Murray Sinclair en juillet 2024.
La lieutenante-gouverneure du Manitoba, Anita Neville, a remis l’Ordre du Manitoba à Murray Sinclair en juillet 2024. (photo : Jonathan Semah)

Enfin, en 2016, Murray Sinclair sera nommé au poste de sénateur du Manitoba au Parlement. Cet été, il avait également reçu l’Ordre du Manitoba.

Il aura dédié sa vie à lutter pour la vérité et la réconciliation ainsi que pour faire voir et entendre les réalités autochtones au pays.  

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a réagi à cette annonce. « Murray Sinclair a consacré sa vie à réparer la relation entre le Canada et les peuples autochtones », a-t-il notamment déclaré.

Sur Facebook, les proches de Murray Sinclair ont aussi partagé la nouvelle de son décès. Ils invitent également ceux qui le souhaitent à rendre hommage à Murray Sinclair Mizanay (Mizhana) Gheezhik « Celui qui parle d’images du ciel ».

« Pour ceux qui souhaitent rendre hommage à Mazina Giizhik, un feu sacré a été allumé devant le Palais législatif du Manitoba afin de guider l’esprit de Mazina Giizhik vers sa maison. Tout le monde est invité à visiter son feu sacré pour lui faire une offrande de tabac et lui adresser ses meilleurs vœux. »

Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a lui aussi rendu hommage à l’ancien avocat. « Il faudra attendre longtemps avant que notre pays ne produise une autre personne de la trempe de Murray Sinclair. Il nous a montré qu’il n’y avait pas de réconciliation sans vérité. Il nous faut chérir ses paroles selon lesquelles notre nation est à l’aube d’une nouvelle ère et qu’il nous faut tous « oser vivre grandement ensemble ».