Par Ophélie DOIREAU – Collaboration spéciale.
Un fait qui a classé ses élèves, en 2023, champions de la lutte contre la désinformation. Avec la montée en puissance des guerres de désinformation, leur modèle a de quoi inspirer des pays comme le Canada.
Dans un classement européen de l’Open Society Institute – Sofia, la Finlande, la Suède, la Norvège et les Pays-Bas arrivent en tête du classement des pays capables de détecter les fausses nouvelles.
En Suède, une agence pour identifier et lutter contre les fausses informations
Une réussite que ces pays doivent avant tout à l’éducation. En effet, depuis 2014, en Finlande, l’éducation aux médias est enseignée et incorporée dans toutes les matières. Les élèves apprennent donc à repérer les fausses informations et à faire des lectures critiques sur différents sujets.
Depuis 2022, la Suède a même créé une agence pour identifier et lutter contre les fausses informations.
Marc-Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias pour HabilosMédias, reconnaît qu’il y a de quoi s’inspirer de ce modèle. « L’avantage dans les pays scandinaves est qu’il y a une volonté de centraliser un programme pour faire face aux questions de la citoyenneté numérique.
« Au Canada, nous ne sommes pas encore rendus là. Il y a une certaine curiosité dans différents ministères, alors on commence à voir quelques initiatives. »
Néanmoins, le Canada est encore loin d’avoir une stratégie globale pancanadienne. Il semblerait que ce soit la pandémie qui ait accélérée la prise de conscience. « La pandémie nous a fait réaliser l’étendue de la communication et de son importance. De plus, nous avons développé encore davantage d’habitudes technologiques. »
Avant même d’entrer dans l’intérêt d’une telle stratégie nationale pour le Canada, Marc-Alexandre Ladouceur souligne quelques défis d’implantation.
Des défis au Canada
« Au Canada, il y aurait quelques obstacles pour une stratégie nationale. Par exemple, l’éducation est une compétence provinciale. Alors même si le gouvernement fédéral décidait d’une stratégie nationale d’éducation, il y aurait un problème. Il faut aussi penser à une stratégie globale. Pas seulement pour les élèves du secondaire.
« Nous n’avons pas de ministère dédié uniquement à cette question. Alors la répartition des expertises serait éparpillée, ce qui pourrait amener des défis pour une stratégie globale. »
Si Marc-Alexandre Ladouceur insiste sur ce point de centralisation, c’est parce qu’il est convaincu qu’il s’agit d’un des facteurs de réussite de la stratégie scandinave. « Un modèle plus centralisé permet d’avoir une stratégie beaucoup plus efficace.
« Mais, il y a une différence fondamentale entre nos pays. Les pays scandinaves sont axés vers un modèle social c’est-à-dire qu’il y a énormément d’initiatives qui peuvent être prises au niveau gouvernemental pour atteindre la population. Ce n’est pas le cas au Canada. C’est certainement quelque chose qui joue dans la réussite du modèle scandinave. »
Somme toute, il reste que l’éducation aux médias doit se faire pour lutter contre la désinformation à tous les niveaux d’âge.
Recherche préliminaire
HabiloMédias est d’ailleurs en train de mener un travail à cet égard. « Nous souhaitons faire une recherche préliminaire sur toute cette question, c’est une demande qui vient du ministère Patrimoine canadien. L’idée est de comprendre les besoins. Nous ne pouvons pas offrir des solutions sans savoir réellement ce que font les Canadiens face à la désinformation, quels sont leur réflexe, quelles sont leurs habitudes de partage d’information.
« Sans toutes ces données, nous n’aurions pas de solution qui répond aux habitudes des Canadiens et Canadiennes. Nous voulons un modèle qui pourra répondre aux besoins partout au pays. »
Un travail qui se mène après que Meta ait décidé de bloquer les nouvelles sur ses plateformes telles que Facebook et Instagram. Marc-Alexandre Ladouceur suggère que « le résultat de cette étude aurait été totalement différent avant ce blocage. Je pense que cette étude doit engager les citoyens, les gouvernements, les entreprises, les organismes à but non lucratif afin d’avoir le portrait le plus juste. Nous sommes tous acteurs dans la citoyenneté numérique.
« Le monde de la technologie continue de se développer. Alors, plus on développe des zones sans réglementation ou sans éducation, plus les gens peuvent exploiter ces zones pour faire de la désinformation, pour faire des activités à caractère fallacieux parce que ce sont des endroits où il y aura le moins de conséquences. Mais si on est équipé pour rentrer dans ces espaces alors on a déjà certains bagages pour reconnaître et pour se protéger contre ces fausses informations. »