Après une série de nouvelles controversées concernant la plateforme sociale X, anciennement connue sous le nom de Twitter, l’opinion publique sur la plateforme a récemment connu un tournant négatif. Décidant que la plateforme ne représentait plus ses valeurs, la Division scolaire Louis-Riel (DSLR) a annoncé qu’une transition était nécessaire.
« La Division scolaire Louis-Riel s’engage à favoriser un environnement sûr, inclusif et respectueux pour tous les élèves, le personnel et les membres de la communauté », disait Christian Michalik, superintendant de la division scolaire dans un communiqué publié le 19 décembre dernier.
« C’est un sujet dont nous discutons depuis un certain temps », explique Clarke Hagan, directeur des systèmes d’information de la division. « Des inquiétudes ont été soulevées par rapport au caractère inclusif de cette plateforme, à l’intégrité de certaines des interactions que nous y observons et à la désinformation.
« Il ne s’agissait pas de politique, mais plutôt d’éthique. Nous avions observé un manque général de civilité ou de capacité à dialoguer, des éléments qui peuvent conduire à une rhétorique toxique. »
Clarke Hagan ajoute que les questions de confidentialité sur X ont également contribué à cette décision. La plateforme a annoncé des mises à jour de ses conditions de service en octobre 2024, qui l’autorisent maintenant pleinement à utiliser le contenu des utilisateurs à des fins d’entraînement de modèles d’intelligence artificielle.
La collecte plus large d’informations personnelles incluant des données biométriques et de localisation par la plateforme a également suscité des inquiétudes en matière de protection de la vie privée au sein de l’organisation.
La division scolaire a depuis désactivé ses comptes X et s’est tournée vers Bluesky, une plateforme de micro-blogging similaire qui a gagné en popularité dans le sillage des récentes élections américaines.
Qu’est-ce que Bluesky?
Conçue par le cofondateur et ancien PDG de Twitter Jack Dorsey, Bluesky est une plateforme sociale qui permet aux utilisateurs de faire tout ce qu’ils avaient l’habitude de faire sur Twitter : publier des messages ne contenant pas plus de 300 caractères, suivre les comptes qui les intéressent, découvrir les sujets d’actualité, et plus encore. D’abord créée en 2019, la plateforme n’est cependant que devenue accessible au grand public en février 2024.
La nature intuitive de la plateforme, avec une similitude visuelle et une simplicité qui reflètent celles de X, est l’une des raisons pour lesquelles elle a gagné en popularité si rapidement, surtout par rapport à des plateformes similaires comme l’application Threads de Meta et Mastodon. Comptant maintenant plus de 26 millions d’utilisateurs, Bluesky s’est fait connaître comme une alternative plus saine à X après les inquiétudes croissantes suscitées par le soutien vocal et sponsorisé d’Elon Musk à la campagne de Donald Trump sur sa plateforme.
L’abandon de X semble être le début d’une tendance plus large dans le secteur de l’éducation au Manitoba. À la fin du mois de novembre, la Manitoba Teachers’ Society (MTS) a également décidé de se joindre à Bluesky, d’abord pour essayer un nouveau moyen de communiquer avec ses membres et le public. Mais quelques semaines après s’être inscrite, l’association a également fermé son compte X, citant le même écart de valeurs comme raison principale du changement.
« Malheureusement, X était auparavant une très bonne plateforme pour communiquer avec les membres, » déclare Nathan Martindale, président de la Manitoba Teachers’ Society.
« Mais depuis plus d’un an, nous avons constaté que l’environnement était devenu beaucoup plus toxique, qu’il s’agisse de discours haineux, de propos homophobes ou d’attaques personnelles contre des individus, autant des membres que des représentants élus. Nous avons décidé que trop, c’était trop et que nous ne ferions pas partie d’une plateforme qui ne fait rien pour empêcher ce type de comportement. »
Bluesky s’est démarquée
Il ajoute que X est devenu un endroit peu sécuritaire pour certains membres de la MTS, leur compte recevant parfois des réponses haineuses à des publications offrant du soutien à la communauté 2SLGBTQ+.
En plus d’être connu comme un bon remplaçant pour X, Bluesky s’est aussi démarquée pour l’importance qu’elle accorde à la modération et à la personnalisation du fil d’actualité. Offrant plus d’options pour suivre des comptes et des sujets d’intérêt, la plateforme ne s’appuie pas uniquement sur son algorithme central pour proposer de nouveaux contenus aux utilisateurs.
« Il est également important de noter qu’en raison de l’absence de monétisation, il n’y a pas de publicité, » explique Nathan Martindale.
La plateforme a été saluée pour sa transparence, en mettant son code à la disposition du grand public et en permettant aux développeurs de coder et d’héberger leurs propres serveurs.
L’absence de publicité donne à beaucoup l’espoir que la plateforme ne créera pas d’algorithme conçu pour accrocher les gens, comme le font les grandes plateformes de réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, TikTok et X, mais qu’elle conservera plutôt l’incitation à offrir un outil simple de connexion sociale.
« Je sais qu’un grand nombre d’éducateurs et de collègues de toute la province sont en train de prendre activement ce virage, de sorte qu’il y a déjà un certain élan dans le secteur de l’éducation, » dit Clarke Hagan. « Je dirais même que ce changement se produit au-delà du Manitoba. »
« Pour l’instant, » ajoute-t-il, « c’est un bon endroit pour nous. »