Cela fait plus de deux ans depuis la diffusion du reportage de The Fifth Estate de CBC, qui a remis en question les dires de Buffy Sainte-Marie à propos de son héritage autochtone.
La Liberté a appris qu’une exposition numérique mettant en valeur l’artiste Buffy Sainte-Marie comme « défenseuse » des droits de la personne a été retirée du Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP). L’exposition affirmait ses origines prétendument Crie de la Première Nation Piapot, en Saskatchewan, ainsi qu’une identité « perdue et retrouvée ».
L’exposition était accompagnée d’une série de témoignages courts de l’autrice-compositrice-interprète. Dans l’une des vidéos, Buffy Sainte-Marie a exprimé sa préoccupation face à la mauvaise perception de sa communauté : « Nous sommes mal perçus toute notre vie parce que personne ne nous connaît vraiment, nos concitoyens n’ont jamais eu l’occasion de nous connaître. » Elle ajoute qu’elle cherchait à combler ce manque de connaissances par le biais de la sensibilisation.
Par voie de courriel, le MCDP a confirmé l’enlèvement de Mme Sainte-Marie de l’exposition numérique.
Exposition retirée en décembre 2024
Le Musée n’a pas été en mesure de fournir une date exacte de la suppression, mais a indiqué qu’elle avait eu lieu en décembre 2024.
« À la suite des révélations concernant l’identité autochtone revendiquée par Buffy Sainte-Marie, le Musée s’est engagé dans un processus de réflexion approfondie avec des personnes conseils, des collègues et des Aîné·e·s. Ce processus a mené à la décision de retirer Buffy Sainte-Marie de l’exposition À la défense des droits de la personne dans la galerie Les droits aujourd’hui du Musée », a précisé Amanda Gaudes, spécialiste des relations avec les médias, par voie de courriel.
Le professeur en études autochtones, Niigaan Sinclair de l’Université du Manitoba, qui est Anishinaabe, juge que la réplique de Buffy Sainte-Marie quant à ses origines « est insuffisante ».
« En 2025, vous devez indiquer clairement vos origines, faute de quoi les conséquences seront les suivantes : vous serez déchu des distinctions, vous serez retiré de l’Ordre du Canada et vous serez retiré du Musée canadien pour les droits de la personne. Si vous restez silencieux, ce sont les conséquences. »
M. Sinclair est du même avis que le Musée quant à la suppression de l’exposition.
« Le musée a l’obligation de présenter des peuples autochtones qui parlent en leur nom, qui se représentent eux-mêmes, qui parlent des droits de la personne dans le contexte du savoir autochtone, de la pédagogie. Tant qu’elle [Buffy Sainte-Maire] n’aura pas clarifié ses relations, elle ne devrait pas figurer dans les expositions », affirme-t-il.
La culture autochtone au centre de son identité
La culture autochtone de Mme Sainte-Marie a joué un rôle clé dans son identité. La chanteuse a connu la célébrité au début des années 1960.
Elle est titulaire de plusieurs doctorats honorifiques, a remporté plusieurs prix JUNO canadiens, possède une étoile sur le Canada’s Walk of Fame et a remporté un Prix de musique Polaris en 2015.
Après la sortie du reportage de CBC, Mme Sainte-Marie a soutenu son identité autochtone et a nié les faits présentés, précisant qu’elle n’a jamais falsifié son identité.
« Depuis 60 ans, je partage mon histoire avec le monde entier, aussi honnêtement que possible. C’est avec humilité que je constate que tant de gens se sentent concernés par ma vérité. Malheureusement, certains souhaitent remettre ma vérité en question », a-t-elle partagé dans une publication sur ses médias sociaux après la parution du reportage sur son identité.
L’enquête de CBC parue en octobre 2023 démontrait un certificat de naissance de Mme Sainte-Marie attestant qu’elle était née au Massachusetts en 1941.
En août de la même année, elle a annoncé qu’elle quittait la scène en raison de problèmes de santé.