C’est un changement majeur que s’apprête à vivre le CCFM. Après un peu plus de sept ans à la barre de l’organisme, Ginette Lavack a décidé de quitter la direction du CCFM. Alors que pendant un temps il a été évoqué de prendre simplement des congés de son poste, l’ex-directrice du Festival du Voyageur a finalement préféré se concentrer pleinement à son aventure politique. « Il y a beaucoup d’émotions en ce moment », confie-t-elle.
« Voir cette partie de ma carrière se terminer, c’est de l’émotion. J’ai de la fierté pour ce qu’on a pu accomplir ces dernières années. De l’autre côté, quand je pense à ma nouvelle aventure, c’est de l’excitation. Et si je veux avoir du succès, il faut que je me donne pleinement. Le congé voulait dire que j’ai toujours le Centre en tête. En quittant officiellement, ça me libère l’esprit. Puis, ça n’est aussi pas évident de trouver quelqu’un de façon temporaire pour prendre un poste de haute direction. »
Est-ce que cette situation a pu inquiéter le conseil d’administration (CA) de l’organisme? Michelle Gervais, la présidente, se veut rassurante et rappelle que ce sont des choses normales dans la vie d’une entreprise. « C’est avec des émotions mixtes qu’on accepte ce départ. Mais avec la gouvernance, on s’assure toujours qu’il y a un plan de succession en place. Ginette a fait un travail formidable pour le CCFM, mais c’est normal qu’elle cherche autre chose et qu’elle ait des aspirations encore plus grandes. »
« Ce qui me touche le plus, ce sont les gens qui viennent vers nous pour nous dire à quel point ils sont heureux de voir l’évolution du CCFM ces dernières années. On est plus présents dans la communauté, les gens parlent plus de nous et participent plus. » Ginette Lavack.
Comment s’organise la succession?
Depuis la confirmation de la décision de Ginette Lavack, le CA a ouvert le poste. Pour toutes les personnes intéressées, il est possible d’appliquer jusqu’au 19 mars (1). Comment l’organisme a-t-il prévu de fonctionner en l’absence de direction le temps de combler le poste?
« On a une équipe de cadres, de directeurs qui ont bien en charge leurs dossiers. Ousséni Hébie, directeur administratif et financier, est un peu la personne qui me seconde pendant mes absences. Il sera appuyé par le CA, qui accompagnera aussi le personnel en cas d’urgences ou pour des conseils », explique Ginette Lavack.
Et le CA appuiera également la future direction. Mais au-delà des compétences demandées sur la fiche de poste, quel est le profil idéal qu’aimerait voir le CA? Une personne de la communauté, hors de la province, d’expérience?
« On ne sait pas ce qu’il va venir. On regarde autour, on voit des gens qui travaillent dans d’autres centres culturels ailleurs qui savent ce que c’est être une communauté en situation minoritaire. Ça pourrait être quelqu’un de l’extérieur, ça ne serait pas la première fois à Saint-Boniface. Il faut aussi connaître les enjeux d’être une société mandataire de la Couronne. Il y a des choses qui s’apprennent et des choses qui sont innées, alors il faut un sens de la flexibilité, de persévérance. Ça prend de l’énergie et ça prend des connaissances de gestion », détaille Michelle Gervais.
Michelle Gervais certifie aussi que « le CCFM est lieu idéal pour quelqu’un qui a une vision. C’est le cœur de la culture et si l’on ne comprend pas la culture, on ne comprend pas la communauté. »
Une campagne politique qui se prépare
La culture sera d’ailleurs l’un des secteurs que Ginette Lavack compte mettre de l’avant dans sa campagne politique. Elle revient sur son bilan à la tête du CCFM.
« Ce qui me touche le plus, ce sont les gens qui viennent vers nous pour nous dire à quel point ils sont heureux de voir l’évolution du CCFM ces dernières années. On est plus présents dans la communauté, les gens parlent plus de nous et participent plus. On a donné une nouvelle énergie que ce soit avec des projets comme le Patio 340 ou de nouvelles initiatives de programmation. »
Malgré ces réussites, Ginette Lavack n’oublie pas non plus les défis financiers que connaît le CCFM. L’organisme avait notamment présenté un déficit financier d’environ 107 000 $ lors du rapport à la communauté en novembre 2024.
« On a fait des bonds vers l’avant dans ce sens-là, même si on va dire que ce n’est jamais assez. C’est la réalité : le coup pour gérer des infrastructures, c’est gros. Et souvent, on est en attente, car on n’est pas les seuls à avoir des besoins. »
D’ici quelques jours, Ginette Lavack sera donc pleinement dans cette aventure politique, avec l’objectif de succéder à Dan Vandal qui avait annoncé en octobre 2024 qu’il ne briguerait pas un autre mandat.
« On est dans le processus de mettre ensemble l’équipe pour la campagne. J’accueille des gens pour travailler au quotidien avec moi pour être gérant de campagne, agent officiel ou gérant des opérations. On cherche aussi un bureau pour cette campagne. On aura des journées d’action et l’on va mobiliser des gens. »
Et avant de se lancer dans le grand bain de la politique et en décidant de quitter le CCFM, plusieurs questionnements ont bien sûr traversé la candidate libérale. Parmi ces interrogations, a-t-elle envisagé son avenir si elle n’est pas élue lors des élections?
« J’ose croire que des portes s’ouvriront après. Le fait de m’être prononcée publiquement, d’être de nouveau disponible dans la communauté, j’ose croire qu’il y aura des occasions qui vont se présenter pour trouver la prochaine étape de ma carrière. »