Il retrace son enfance dans la vallée de la rivière Rouge, sa vie d’agriculteur mais également ses nombreux voyages
Comment vous est venue l’idée d’écrire un livre?
D’abord, je voulais écrire pour transmettre quelque chose à mes enfants, petits-enfants et mes futurs descendants. Ensuite, je trouve que beaucoup de personnes en milieu urbain ne connaissent pas très bien la production de nourriture à la campagne. J’ai grandi et passé ma vie à Saint-Jean-Baptiste, dans la municipalité rurale de Montcalm.
C’est important de parler de mon enfance et de ce milieu que j’ai vu évoluer. Au début, je pensais seulement écrire quelques pages puis après je me suis dit que ce serait bien d’en faire un livre. J’y présente des mémoires de ma jeunesse et de multiples voyages. Il contient des photos historiques ainsi que mes propres clichés issus de ma vie.
Expliquez-nous le titre de l’ouvrage, Prairie Roots and Wings…
Ici, je fais référence aux plaines ainsi qu’aux prairies de l’Ouest canadien et aux productions agricoles. Mes racines, roots en anglais, renvoient à ma terre d’origine dans la vallée de la rivière Rouge, les deux pieds ancrés dans le gombo (de la terre similaire à de la vase). Enfin, le mot wings désigne les ailes qui me portent lorsque je voyage.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos ancêtres, arrivés au Manitoba à la fin du 19e siècle?
Ce sont principalement des fermiers francophones originaires de la province du Québec. Dans mon livre, j’explique l’arrivée des Sabourin au Manitoba dès l’année 1891. Ils se sont installés au nord de Saint-Jean-Baptiste dans la municipalité de Montcalm, au sud de Winnipeg.
Je retrace également le parcours de la famille Marion, du côté de ma mère. Ils ont immigré depuis la France et vivaient dans la ville de Québec dès 1678. Plus tard, un de mes ancêtres a quitté une région du nord-est de Montréal pour s’installer à son tour à Saint-Jean-Baptiste. C’est là que mon grand-père Siméon Marion est né en 1894.
C’était important pour vous de parler de votre expérience dans l’agriculture…
Oui! Dès mon jeune âge, j’aidais mon père et ma mère à la ferme. Il y avait des champs, des vaches, des porcs, des poules, des œufs… À cette époque, dans les années 1950 et 1960, toutes les fermes étaient mixtes. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas.
Je trouve qu’il est essentiel de revenir à une production locale et de protéger la nature. Surtout avec ce qui se passe dans le monde sur le plan géopolitique, c’est vraiment important de produire sa propre nourriture et d’avoir de bonnes réserves d’un point de vue sécurité.
Vous accordez une place significative à l’environnement…
En effet. J’ai développé un amour de la nature. Lors de mon enfance, nous vivions près d’un petit lac, un marécage où j’ai pu observer une riche biodiversité. Je regardais les rats musqués, les oiseaux, les grenouilles, les libellules…etc. Malheureusement, il a fini par être asséché par mes parents pour plusieurs raisons. Il faut aussi savoir qu’au début des années 1960, les étés étaient chauds et le niveau d’eau très bas.
Cela m’a rendu triste car toute cette biodiversité a disparu. Alors quand je voyage, mon but est de découvrir une grande variété de paysages. Que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud ou bien en Australie, cela a été incroyable de voir des écosystèmes si différents de ceux de chez nous au Canada. J’essaie aussi de faire passer un message positif : le voyage permet de créer des liens. Nous sommes tous interconnectés et c’est important de s’entraider.
Votre livre est disponible en anglais. Y a-t-il une raison particulière à cela?
Actuellement, plusieurs membres éloignés de ma famille ne comprennent pas le français. J’ai aussi des amis un peu partout dans le monde pour qui il est impossible de lire en français. Cela me tenait à cœur qu’un maximum de personnes puisse le lire. Mais certains passages sont en français avec par exemple des poèmes d’artistes franco-manitobains comme Daniel Lavoie, Gerry et Ziz*. Je ne suis pas fermé à une traduction en français à l’avenir.
*Auteur-compositeur-interprète et pianiste canadien.
**Un duo de musiciens. Gerry est le cousin de Philippe Sabourin.
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage à la librairie À la page, au 200 boulevard Provencher. Vous pouvez également le commander en ligne sur le site sabourinphilippe.ca ainsi que sur FriesenPress ou Amazon.