Dans la circonscription Churchill—Keewatinook Aski, les derniers sondages annoncent un coude à coude très serré entre la candidate libérale, Rebecca Chartrand et son opposante néo-démocrate, Niki Ashton, députée depuis 2008.
Après votre défaite face à la candidate néo-démocrate Niki Ashton en 2015, quelles sont vos motivations à vous représenter comme candi-date cette année?
La plupart des défis auxquels la circonscription faisait face en 2015 sont encore présents aujourd’hui. Il y a très peu que notre députée depuis les 17 dernières années, Niki Ashton, ait été capable d’accomplir en étant NPD. Les progrès que nous avons observés sont en grande partie le fruit des investissements du gouvernement libéral fédéral.
Les électeurs commencent à comprendre l’importance de voter de manière stratégique. Il nous faut un gouvernement majoritaire fort pour pouvoir vraiment agir pour la circonscription et pour le Canada, non seulement face à la politique de Donald Trump, mais aussi pour nous assurer que nous restons forts et prospères à l’avenir.
Par ailleurs, dans une perspective de réconciliation, je pense qu’il est important que Niki Ashton démissionne. Une démocratie a besoin de changement. Si elle était vraiment engagée envers la réconciliation, elle reconnaîtrait qu’il est temps de laisser la place à la voix d’une femme autochtone.
Cette circonscription a plus que jamais besoin de voir les peuples autochtones et non autochtones travailler main dans la main. Cela devrait être au cœur de la stratégie canadienne dans le contexte des guerres tarifaires imposées par le gouvernement Trump.
Je crois aussi que la circonscription a un potentiel énorme. Elle abrite par exemple le port de Churchill, un atout stratégique important tout comme la ligne de chemin de fer et les minerais. Il faut cesser de voir les investissements dans notre circonscription comme un coût, mais plutôt les considérer comme une composante essentielle de la stratégie canadienne pour répondre aux enjeux mondiaux actuels.
Selon vous, quelles sont les plus grandes priorités pour la circonscription?
La première concerne le secteur de la santé, notamment l’accès direct aux soins, mais aussi la question de la santé mentale et de la dépendance. Les communautés font de gros efforts pour empêcher l’entrée de drogues sur leur territoire, mais elles deviennent des cibles faciles lorsqu’il y a peu — voire pas — de présence de la GRC.
La seconde priorité est le développement économique. Je pense que c’est le moyen de s’attaquer à l’ensemble des problèmes que l’on observe dans le Nord. Le développement économique doit être un moteur de changement et de réponse à plusieurs de ces enjeux. Enfin, la connectivité est un enjeu crucial. Il faut s’assurer que notre communauté ait accès à Internet, aux soins de santé, à l’éducation. C’est une question de droits humains. Parce que le fossé ne fait que se creuser lorsqu’on prive les jeunes d’un accès à Internet.
Parlant d’inégalités, envisagez-vous d’intégrer Churchill dans le programme Nutrition Nord Canada, qui n’en fait pour le moment pas parti?
Tout à fait, parce que Churchill—Keewatinook Aski est l’une des communautés les plus au nord du Manitoba et qu’elle est confrontée aux mêmes défis liés à l’éloignement et à l’isolement. Le coût de la nourriture est très élevé et l’accès aux ressources est limité.
Vous êtes vous-même femme Anishinaabe, Métis, Dakota et Inninew. Étant donné que plus de 75 % de la population de la circonscription est autochtone, est-ce important pour vous d’impliquer ces communautés dans votre politique et de répondre à leurs préoccupations?
Absolument. Il y a 38 communautés des Premières Nations dans la circonscription, ainsi que des Métis et des Inuits. Ces communautés font face à des défis qui leur sont propres, mais aussi à des enjeux communs : toutes veulent garantir l’équité pour leurs membres, des opportunités pour les jeunes, des emplois, l’accès à l’éducation et aux soins de santé. Je veux être leur voix.
En tant que femme autochtone, je connais et comprends profondément les enjeux de dépendance, de santé mentale, de racisme, le manque d’opportunités, les femmes autochtones disparues et assassinées… Ma famille a vécu et travaillé partout dans le Nord. Donc, j’ai personnellement vécu ces défis. Je ne pense pas qu’il existe de famille autochtone qui n’ait pas été touchée par ces lourds enjeux.
Que répondez-vous à ceux qui disent qu’il vous serait difficile de représenter Churchill – Keewatinook Aski du fait que vous n’habitez pas dans la circonscription?
Comme je l’ai dit mes racines dans cette communauté sont fortes et j’en suis fière. Mon implication comprend d’im-portantes contributions. J’ai notamment dirigé une stratégie provinciale d’engagement politique antiraciste garantissant que les préoccupations des habitants du Manitoba, y compris ceux du Nord, étaient entendues et traitées.
De plus, j’ai collaboré avec 26 communautés de la circonscription pour développer des stratégies de santé, de bien-être et de sécurité. Mon engagement envers elle est donc direct. Mon vécu personnel et mon expérience professionnelle démontrent que je suis profondément investie dans l’avenir et le bien-être de la circonscription et de ces électeurs.
Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »