Rencontre avec cette équipe manitobaine qui n’a pas sa langue dans sa poche.

À la Maison Gabrielle-Roy, c’est un trio atypique, fièrement appelé le « collectif Manitobamo », qui s’entraîne à déclamer son texte à l’approche du festival Slams en chœur qui se déroulera du 17 au 18 mai, au Cabaret du Lion d’Or à Montréal. Ces poètes en herbe auront l’honneur de représenter le Manitoba, entourés de participants venus de tout le pays.

Lorène Lailler, Éric Léonard et Bernard Beaudry, qui ont fait connaissance lors des ateliers de slam à la Maison Gabrielle-Roy, se sont unis sur la suggestion de Sébastien Gaillard, directeur général des lieux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur association artistique se passe à merveille.

Sébastien Gaillard, souhaite rendre la poésie accessible à
tous en utilisant l'expression de
« propagande poétique » et y voit le Slam comme un outil dédié à cette fin.
Sébastien Gaillard, souhaite rendre la poésie accessible à tous en utilisant l’expression de « propagande poétique » et y voit le Slam comme un outil dédié à cette fin. (photo : Marta Guerrero)

« Personnellement je suis très contente. J’adore notre équipe, s’exclame Lorène Lailler. Il y a beaucoup de créativité entre nous. »

À propos de leur dernière répétition, Bernard Beaudry ne tarit pas d’éloges sur l’harmonie que tous trois ont trouvée. « C’est incroyable de voir à quel point on travaille bien ensemble. »

Unis dans leurs différences

« Notre différence fait notre force. Nous sommes ouverts d’esprit et on accepte facilement la critique pour changer des choses dans nos textes », développe Eric Léonard alias Eric is Magic de son nom de plume. Lorsque des décisions sont à prendre, le groupe fonctionne à la manière d’une démocratie, où la majorité l’emporte par un vote à main levée.

Au niveau du style d’écriture, ce sont trois approches bien distinctes de la poésie qui vont se marier le temps du festival montréalais. Les deux acolytes de Bernard Beaudry qualifient son écriture de poétique et imagée mêlant douceur des mots et sensualité. De son côté, Éric Léonard ne cache pas son affection pour les jeux de mots et l’utilisation des rimes, comparant le slam au rap.

Enfin, Lorène Lailler estime se situer entre les deux faisant le lien entre les styles précédents. Des personnalités opposées donc, mais pas moins complémentaires entre le calme de Bernard Beaudry, l’énergie d’Éric Léonard et la douceur de Lorène Lailler.

Lors de l’évènement, nos slameurs en herbe auront l’opportunité d’effectuer trois passages sur scène. Si rien n’a été dévoilé, à juste titre, sur le contenu de leurs textes, les thématiques choisies sont les suivantes : À trois, le jardin, le sens du toucher.

« Nous sommes partis de ces thèmes et avons écrit dans notre coin avant de mettre en commun notre travail. Et le résultat est très fleuri, ma foi », s’enthousiasme Lorène Lailler, ou Philoplume.

« Notre différence fait notre force. Nous sommes ouverts d’esprit et on accepte facilement la critique pour changer des choses dans nos textes », Eric Léonard.

Maîtriser l’art de la mise en scène

Pour chacun de ces thèmes, le trio aura trois minutes pour performer et se donner la réplique dans un jeu de ping pong, devant un public. Au moment de l’entrevue, le trio manitobain s’entraînait à déclamer les textes et à se mettre en scène. Un art plus théâtral que tous ne maîtrisent pas.

« Personnellement, j’adore l’écriture mais la partie interprétation et tournée vers le public est un monde tout nouveau pour moi », confie Lorène Lailler, pour qui être sur scène est un défi personnel. En amont de Slams en chœur, le collectif Manitobamo a d’ailleurs eu l’occasion de tester ses textes devant un public ce mercredi 7 mai à l’Alliance française du Manitoba.

Si parmi eux seul Bernard Beaudry pratiquait déjà l’art du slam depuis plusieurs années, tous partagent la même passion pour la poésie déclamée. Dans cet exercice, Éric Léonard aime développer son « esprit créatif » qu’il n’exploitait pas jusque-là.

Plus axée sur le travail d’écriture, Lorène Lailler affectionne particulièrement pouvoir traiter toutes sortes de sujets à travers ces textes et de la façon dont elle l’entend.

À l’approche du jour J, nos artistes se disent excités, stressés et impatients à la fois.

Si on espère que la magie va opérer sur scène, Bernard Beaudry reste lucide et prend les choses avec humour.

« On ne sait pas ce qu’il va se passer. On peut même sortir de scène en réalisant que finalement nous n’étions pas prêts! »

Loin d’y aller pour la compétition, nos trois artistes sont conscients de ne pas être les favoris. L’objectif n’est d’ailleurs pas de gagner mais de vivre pleinement cette expérience inoubliable.

« J’y vais pour le plaisir, la curiosité et l’opportunité d’entendre des textes différents », indique Lorène Lailler. On le comprend donc ici, nos trois compères se rendent à Slams en chœur pour le plaisir de faire résonner les mots, sans pression apparente. Comme dirait Éric Léonard : « Advienne que pourra! »