Le rayonnement de la francophonie manitobaine doit beaucoup à ses figures féminines. Si le Manitoba devenait, en 1916, la première Province canadienne à accorder le droit de vote aux femmes, l’engagement féministe local a ouvert la voie à une lutte plus importante par la suite.
Et la publication du second volet de Manitobaines Engagées entend bien, une fois encore, rendre hommage à ces engagements féministes du passé.
Manitobaines engagées : un travail de mémoire
Après avoir célébré l’engagement de femmes franco-manitobaines nées avant 1950 dans le premier volet en 2021, l’autrice Michelle Smith s’engage dans ce nouvel opus à mettre à l’honneur des femmes, essentiellement nées entre 1950 et 1955.
« Il y a exactement 32 biographies de ces femmes nées dans cette période pour cette nouvelle édition. Je ne voulais pas parler de femmes plus âgées, car les femmes de 70 ans sont encore très actives », souligne-t-elle.
Cette seconde édition doit son existence au succès de la première. « Ce sont les lecteurs qui m’ont suggéré de continuer ce travail de mémoire ».
Mais si le concept biographique reste le même d’un volet à l’autre, le format quant à lui a été modifié. « Ce nouvel opus n’est pas un livre comme le premier, mais une série diffusée sur le site Web du Centre du patrimoine ».
L’ouvrage de 2021, publié aux Éditions du Blé, répertoriait 117 biographies de femmes engagées. Pour Michelle Smith, cette seconde édition devait être disponible en ligne.
« C’est important que tout le monde puisse y accéder gratuitement et à tout moment ».
Même si pour l’instant la question ne se pose pas vraiment, l’autrice n’écarte pas l’idée d’en refaire un ouvrage physique un jour.
« J’ai déjà une petite liste de femmes que j’aimerais biographer, comme des femmes d’affaires et bien sûr des femmes francophones engagées au Manitoba », explique-t-elle.
Pour comprendre l’origine de ce travail biographique, il faut remonter en 2016. « C’est lorsqu’on a célébré les 100 ans du droit de vote des femmes au Manitoba, que l’idée d’en faire un ouvrage est apparue ».
Michelle Smith se souvient du processus de réflexion pour le lancement des biographies.
« Nous devions réfléchir à ce que ces femmes étaient, quelle éducation elles avaient eu, où elles vivaient, quelle carrière elles avaient menées ou encore par qui elles avaient été influencées ».
Un seul but : porter la voix des femmes
« J’aurais pu tout aussi bien biographer les hommes, mais mon but était d’abord de rendre hommage aux femmes », soutient Michelle Smith. Pour elle, il fallait d’abord continuer à donner une voix à ces figures féministes, à l’heure où l’on célébrait les 100 ans du droit de vote des femmes au Manitoba.
Mais bien au-delà de commémorer ce centenaire, il devenait urgent de retracer la vie de ces femmes. « Je voulais capter ces femmes avant qu’elles ne disparaissent, d’un point de vue générationnel et sociologique c’est très intéressant de comprendre comment ces dernières ont vécu et traversé certaines époques ».
L’autrice se souvient d’ailleurs du témoignage de l’une de ces femmes. « Elle était née en 1948 et lorsqu’elle avait postulé en 1970 à la direction d’une école, on lui avait dit qu’une femme ne pourrait pas accéder à ce poste ».
En somme, l’objectif de ce projet est celui du souvenir. « J’ai souhaité honorer et valoriser ces femmes qui nous ont précédé, comme pour leur dire merci ». Michelle Smith souligne aussi une forme de résilience. « C’est l’histoire de leurs vies, avec leurs obstacles et leurs réussites ».
Pour elle, conserver les histoires de ces femmes, venant de différentes générations était essentiel.
« Capter différentes tranches générationnelles était un élément primordial. Grâce à ça, on se rend compte des difficultés face auxquelles chaque femme peut se retrouver en fonction du contexte générationnel. »
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté