L’on peut voir ses tableaux et son nom un peu partout à Saint-Boniface.
Cinq actes, cinq balados pour résumer toute une vie. C’est le défi que s’est lancé Catherine Moreau.
En 2023, Catherine Moreau, dans le cadre d’un changement de carrière postule auprès de Radio-Canada pour un poste de reporter à Winnipeg.
Alors que les choses commencent à se préciser et qu’un déménagement pour le Manitoba se profile, la jeune femme se renseigne sur ces prairies qu’elle connaît peu. Par la force des choses, elle entend parler du Cercle Molière.
Finalement, c’est son père, qui lui apprendra que « les tantes de ton oncle par alliance étaient vraiment connues à Winnipeg ».
Son oncle, Jean-Pierre Le Goff est le neveu Christiane Le Goff et Pauline Le Goff, qui deviendra plus tard Pauline Boutal.
« Il y avait plein de tableaux de Pauline Boutal chez ma tante et mon oncle, j’ai grandi avec », explique Catherine Moreau, alors bien loin de réaliser l’ampleur de l’artiste.
« En arrivant ici, j’ai fini par lire le livre de Louis Duguay et j’ai pris conscience de la portée de tout ce qu’elle avait fait. »
Pauline Boutal, c’est un nom que l’on peut difficilement éviter ici à Saint-Boniface.
Fille d’immigrants bretons et arrivés au Manitoba en 1907, son mari, Arthur prendra notamment la direction du Cercle Molière. Pauline Boutal en prendra la relève en 1942.
Elle travaillera aussi en tant que dessinatrice de mode et passera sa vie à peindre. Elle laissera une empreinte indélébile dans le paysage culturel de la francophonie manitobaine.
Après un travail de longue haleine, d’entrevues diverses et de recherches approfondies d’archives, la série de cinq balados est sortie en intégralité sur la plateforme OhDio à la fin du mois d’avril 2025.
Le 1er mai, une soirée de lancement s’est tenue au TCM. Un choix naturel, puisque le projet avait aussi pour ambition de contribuer aux célébrations du 100e anniversaire de la compagnie théâtrale.
Une histoire de liens
Pour Catherine Moreau, la volonté de raconter l’histoire de Pauline Boutal prend racine dans une histoire de liens familiaux d’abord. Ses cousines sont les petites nièces de l’artiste.
« J’entendais mes cousines me dire qu’elles n’étaient jamais allées à Winnipeg, et d’un côté, une partie de moi trouvait ça intéressant de leur rendre leur histoire familiale.
« Je pense aussi que l’on oublie souvent les personnages historiques féminins et je trouvais ça important que les gens sachent ce qu’elle a fait, ce qu’elle a apporté à la communauté. »
En la personne de Pauline Boutal, la journaliste voit un modèle d’acharnement, de travail et de résilience. « Elle a évidemment beaucoup de talent, mais elle a travaillé toute sa vie. »
Il y a aussi une dimension plus personnelle dans ce qui rapproche Catherine Moreau de Pauline Boutal.
« En tant que femme sans enfants, je voulais aussi prouver que l’on a un rôle à jouer. J’avais un peu ça au fond de moi, de montrer que les gens qui n’ont pas d’enfants peuvent apporter beaucoup, se dévouer à leur communauté et avoir un impact extraordinaire. »
Finalement, le travail de Catherine Moreau prend la forme d’un récit audio qui retrace la fresque d’un parcours d’intégration et de contributions remarquables à travers les témoignages de personnes dont les vies ont été touchées de près ou de loin par Pauline Boutal.
En plus des balados, le projet s’accompagne d’un article de Catherine Moreau qui permet de découvrir de nombreuses photos d’archives.
Il fallait au moins ça, pour raconter l’histoire d’une dame qui « est à la racine de plein de choses ».