Par Lucille DOURLENS – Collaboration spéciale
Cet amoureux de la voile et des escapades maritimes s’apprête à se lancer dans un tout nouveau défi : parcourir presque 3000 km à vélo qui relient Montréal au Québec à Saint-Jean de Terre-Neuve.
C’est un vaste projet qu’il planifie avec des amis. « En 2020, nous avons décidé de partir à l’aventure tous les cinq ans. Cette année-là nous étions partis de Thunder Bay pour rejoindre La Fourche en canot. »
Cette fois-ci, c’est donc sur terre que le petit groupe va s’aventurer. Avec un départ prévu pour le 8 juin et un retour le 31 juillet, tous s’entraînent dans le but de parcourir, en moyenne, 61 kilomètres par jour. « L’autre jour, nous avons pris nos vélos et parcouru 80 kilomètres pour nous rendre à Sainte-Anne, là où habite mon frère, confie Gilles Lessard. Il y avait beaucoup de vent lors de cette journée donc c’était un bon entraînement. »
L’homme de 28 ans reste conscient que le parcours envisagé pour l’été comprend davantage de chemins accidentés qu’au Manitoba.
Un voyage au jour le jour
« Notre itinéraire comprend des pistes cyclables jusqu’à la ville de Trois-Rivières. Ensuite, nous serons majoritairement sur des chemins de terre. Surtout, il y a plus de dénivelé qu’ici au Manitoba où tout est plat! On espère s’y habituer rapidement. »
Loin de tout planifier de A à Z avant le grand départ, les cyclistes souhaitent prendre le temps de découvrir les environs et avancer au jour le jour, tout en pensant bien évidemment au ravitaillement.
Ce voyage d’un peu moins de deux mois s’inscrit par ailleurs dans une volonté de parcourir le Canada avec un moyen de transport éco-responsable.
« J’ai pour projet de traverser le pays de manière éco-responsable, développe-t-il. Pas d’une seule traite mais par section. Alors ces voyages-là sont une bonne première étape pour la suite. »
Loin d’en être à sa première expérience sportive d’une telle envergure, Gilles Lessard a très vite eu le goût de l’aventure.
Le goût de l’aventure
« Quand je travaillais dans le secteur de l’ingénierie mécanique, j’étais en extérieur. C’est un peu cliché, s’amuse-t-il mais ressentir le vent sur le visage ça fait un peu rêver! Tu sais que les aventures existent. »
Après une première traversée en canoë entre amis qui reliait Thunder Bay à Winnipeg, Gilles Lessard a suivi une formation de marin à la Boston School sur la côte est du Canada. Cette formation est davantage axée sur le matelotage traditionnel, comme l’apprentissage des nœuds, la manipulation des câbles, et des petits bateaux.
« Ce n’est pas nécessairement une école pour devenir bosco (1). Il y a une distinction entre apprendre à faire de la voile et être marin. »
En parlant d’expérience en voile, notre aventurier en a effectué une à l’hiver 2024 qui l’a amené à traverser l’Atlantique à bord de l’Avontuur. Partis de la Colombie jusqu’à Philadelphie (États-Unis), puis jusqu’en Espagne, l’équipage de 15 personnes a transporté 20 tonnes de café. Et le jeune marin, déjà habitué aux traversées sur un voilier, a fait face aux aléas du métier, sans pour autant être impressionné.
« Après notre départ du Mexique, nous sommes passé à travers une tempête qui a endommagé une pièce du navire et nous avons dû passer environ une semaine aux Bahamas pour la réparer. Oui, les conditions peuvent paraître difficiles, on se lève tôt, on a froid quand il pleut et qu’il y a du vent, on dort à 10 dans la même cabine. Mais je trouve ça agréable quelque part. Quand il y a une tempête, je n’ai pas nécessairement peur car chacun d’entre nous à une tâche à accomplir. Ton corps et tes mains sont occupés, c’est après coup que tu réalises ce qui est arrivé. »
L’appel de la mer
D’ailleurs, pour Gilles Lessard la mer a plein de chose à offrir à l’homme et il souhaite encourager le plus grand nombre à se renseigner sur les métiers de la marine. « La mer est un secteur où il y a beaucoup de main d’œuvre. Ici, nous avons l’héritage des marins des prairies. Et nous avons presque une mer intérieure avec le lac Winnipeg. »
L’apprenti marin mentionne notamment avoir travaillé sur le navire de recherche NAMAO utilisé sur le lac Winnipeg. Toujours en activité, il est possible de travailler à bord en saison et de se familiariser avec le quotidien d’un matelot.
Bien que cette activité puisse être synonyme d’un emploi instable, Gilles Lessard conclut de cette façon :
« Ça vaut le coup d’aller vivre des aventures. Quand tu es marin, tu as la chance de découvrir différents endroits du monde, de rencontrer des personnes incroyables. Tu vis de façon intense! »
(1) Une personne responsable de l’entretien d’un navire.