Tout un pan d’histoire raconté à travers des témoignages et des images d’archives pour interroger sur la fragilité des droits obtenus à force de lutte. Un documentaire pour se souvenir, mais aussi, pour éclairer le présent.

Àla fin du mois de mai, le réalisateur Winnipégois, Noam Gonick, présentait son dernier film En marche : l’amour et la résistance queers.

Un film documentaire qui retrace les grandes batailles et les moments marquants qui ont ouvert la voie à la naissance de la lutte pour les droits LGBTQ+ au Canada.

Lutte pour les droits LGBTQ+ au Canada

Un sujet et un format qui ne sont pas étrangers au cinéaste qui signait en 2014 le film To Russia with Love, dans lequel il s’intéressait à l’activisme LGBTQ+ en Russie, pendant les Jeux olympiques d’hiver de Sochi en 2014. Période pendant laquelle la Russie mettait en place de nombreuses politiques répressives envers la communauté LGBTQ+.

Au travers des récits d’activistes et de grandes figures du militantisme ainsi que des images d’archives, le réalisateur met en images une fresque historique de ce pan de l’histoire canadienne.

Des années 50 jusqu’à aujourd’hui, le film ne laisse rien de côté et met en lumière, non seulement une communauté, mais surtout ses combats.

En toile de fond, le message en est un issu d’un constat alarmant.

« En ce moment, il semble que tous les accomplissements et les victoires obtenues en matière de droits de la personne sont à risque de nous être retirés. Il s’agit de montrer aux spectateurs comment ces avancées ont été faites, mais aussi que tout ce travail accompli peut facilement être défait. »

Le réalisateur parle d’une grogne à l’encontre des minorités qui semble se faire de plus en plus bruyante dans le monde d’aujourd’hui.

Ainsi, Noam Gonick voit en son film une sorte de guide « au cas où il faudrait se battre à nouveau pour nos droits ». Ici, comme ailleurs « où les choses sont plus difficiles ».

« C’est effrayant, mais aussi excitant. La situation ici était peut-être devenue un peu trop confortable », il ponctue sa phrase d’un léger rire.

« C’est parfois bon d’avoir à se battre contre quelque chose. Ce film est clairement pensé pour raviver la flamme et l’esprit combattif de la communauté. »

1h30 pour des décennies d’histoire

Ce projet est aussi le fruit d’un très sérieux travail de recherche et d’une approche quasi journalistique dans sa création. Il a fallu lire, « beaucoup », consulter des historiens pour identifier les moments clés. En fin bien sûr, trouver les intervenants pour les entrevues filmées, franco- phones et anglophones.

« On a vraiment voulu se concentrer sur les personnes qui étaient là, qui ont vécu les moments dont on parle. »

On pourra citer en exemple le témoignage poignant de Jeanine Maes, l’une des dernières femmes enfermées en hôpital psychiatrique pour être lesbienne.

Au total, le documentaire donne la parole à une quarantaine de personnes.

Mais Noam Gonick indique que plus de cinquante personnes ont été interviewées.

Cependant, raconter plus de 60 ans d’histoire en une heure et demie nécessite des concessions.

« Nous n’avions pas la matière visuelle et les archives pour illustrer quelques événements. Nous avons dû couper. C’était dur parce que toute l’équipe avait le sentiment que certaines choses méritaient d’être mentionnées dans le film. »

Il confie d’ailleurs avoir été profondément touché par certains témoignages.

Un apprentissage

En ce sens, le film a eu un certain impact chez le Winnipégois, au niveau personnel, « ce film fait partie de ma vie désormais », mais aussi dans son rapport au film documentaire.

« J’ai été surpris de voir à quel point je me suis pris de passion pour l’histoire de l’activisme gay au Canada. En règle générale, faire de la recherche, le côté très historique, les questions scriptées et les images d’archives… ça n’est pas vraiment le type de documentaire que j’aime. J’ai beaucoup appris pendant ce film et j’apprécie désormais la beauté de l’image d’archive. »

Le film a déjà fait quelques festivals au Canada, notamment au Festival canadien du documentaire international Hot Docs à Toronto où il était en ouverture.

Il a aussi reçu le Prix du public pour le meilleur long métrage documentaire au festival Inside Out 2SLGBTQ+ Film Festival, à Toronto là encore.

En anglais et en français (en fonction des intervenants) et avec des sous-titres français, le film sera présenté le samedi 28 juin au Musée canadien pour les droits de la personne.

Pour ce qui est de la suite, dès la fin du mois, l’Office national du film du Canada (ONFC) rendra le documentaire disponible sur ses plateformes.

Il sera aussi présenté lors du Festival du film international de Gimli qui se tiendra du 23 au 27 juillet.

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