Marc Beaudry a d’abord été enseignant, avant de travailler en communication à l’Hôpital de Saint-Boniface pendant deux décennies. 

« Quand j’ai pris ma retraite, l’Université de Saint-Boniface m’a invité à donner des cours de français aux fonctionnaires fédéraux. Je donnais un cours le matin, un autre l’après-midi. Et sur l’heure du midi, je n’avais rien à faire… C’est là que j’ai commencé à écrire des petits poèmes ici et là », raconte-t-il. Au bout de dix ans, il se rend compte qu’il en a rédigé plus d’une soixantaine. C’est le début de l’aventure éditoriale. 

Mais la poésie, elle, l’habite depuis bien plus longtemps. « En 10e année, j’ai eu un prof qui nous faisait beaucoup écrire. Ça a été mon point de départ. Ensuite, j’ai enseigné pendant longtemps, j’ai mis ça de côté… mais c’est toujours resté. » 

Une poésie ancrée dans le réel 

Les textes partent souvent d’une observation ou d’un événement marquant. Certains parlent des saisons, d’autres de voyages, comme son passage sur le chemin de Compostelle, ou de souvenirs du Grand Nord canadien, où il a travaillé. 

Un autre poème évoque la fusillade de la mosquée de Québec : « Je me suis demandé : quel type de personne peut faire ça? » Un autre encore s’inspire du décès de la reine Elizabeth, pour s’interroger sur le rôle de la monarchie. D’autres encore explorent des moments plus banals, comme l’attente dans un restaurant, où il observe « les gens qui consomment non seulement de la nourriture, mais des conversations, des paroles ». 

Petites choses, grandes idées 

Dans ce recueil d’une soixantaine de pages, chaque poème est une contemplation, une question ou une étincelle de beauté saisie à même le quotidien. « Je pars souvent d’une expérience de vie, ou d’un fait particulier. Je m’en sers comme point de départ pour créer autre chose. » Cette source d’inspiration variée donne un recueil aux accents saisonniers, personnels, politiques, philosophiques. La nature, omniprésente, sert de décor et de moteur.  

Si ses textes sont parfois comparés à des haïkus, Marc Beaudry préfère les voir comme des « moments prolongés ». « Les haïkus, c’est comme une photo très brève. Moi, je pars d’un regard ou d’une émotion très précise, mais je développe un peu plus. » La forme reste concise, souvent inspirée par les saisons. « Ce ne sont pas de longs poèmes, mais chacun essaie de dire quelque chose d’essentiel. » 

Le recueil s’ouvre sur un poème intitulé Béatitude, une référence au concept chrétien du bonheur profond. « Je ne suis pas pratiquant, mais j’ai été élevé dans la tradition catholique. Pour moi, la béatitude, c’est ce qui nous donne espoir, ce qui rend heureux. » 

Pour publier ce premier recueil, l’auteur a choisi les Éditions de la Francophonie, une maison d’édition basée à Caraquet, au Nouveau-Brunswick. « Un ami de l’Ontario avait publié chez eux, et il en était très content. J’ai vu qu’ils étaient ouverts à différents styles ». 

Telles de jeunes femmes : réflexions poétiques a également été soumis au Prix Alain-Grandbois, un prix littéraire québécois décerné chaque année par l’Académie des lettres du Québec pour souligner l’excellence d’un recueil de poésie. « Je ne sais pas si je vais le gagner, mais j’étais très touché que la maison d’édition veuille le proposer. Ça veut dire qu’ils ont vu quelque chose de valable dans mon travail. »