Et pourtant, depuis trois étés, sa petite entreprise, la Miellerie St. Norbert, offre aux curieux du marché local un miel brut, pur, récolté à petite échelle, avec respect pour la nature et surtout, beaucoup de passion.
« Au départ, je voulais simplement attirer plus de pollinisateurs chez moi, par amour des plantes. Le miel n’était même pas dans l’équation », raconte Christine Michel.
Avec sa formation en biologie marine et son amour profond pour la nature manitobaine, elle se laisse tenter par un cours d’apiculture offert à l’Université de Saint-Boniface. Très vite, l’expérience pique sa curiosité.
Elle suit le cours sans intention de produire du miel, mais la formation pratique change tout : « C’était fascinant. Je suis tombée amoureuse des abeilles. »
À peine quelques jours après cette initiation, elle acquiert ses premières ruches.
« L’apiculteur qui est venu me les porter m’a dit : ”Les abeilles ont été tellement bonnes pour moi. Tu sais Christine, tu vas avoir du miel?” C’est là que j’ai réalisé que j’en aurais trop pour moi seule. »
Alors, la scientifique se penche sur la question : comment partager ce cadeau des abeilles de façon responsable et cohérente avec ses valeurs d’écologie et de partage?
Du jardin à la ruche, de la ruche au pot
Chaque pot de la Miellerie St. Norbert reflète une philosophie rigoureuse. Laquelle? Pas de plastique, aucun pesticide, ni de traitements chimiques. Christine Michel mise sur le verre réutilisable, une extraction respectueuse du miel et un profond souci de la santé des abeilles.
Pour l’apicultrice, produire un miel « cru » et « artisanal », ce n’est pas un argument marketing, c’est une éthique.
« Pour moi, il s’agit d’une belle façon de faire le lien entre l’écologie et le partage. On développe le terroir, mais on reçoit aussi un don de ce terroir. C’est une belle connexion. »
Concrètement, cela signifie que le miel est récolté, extrait à la main et mis en pot dans les 24 heures, sans être chauffé ni filtré, afin d’en préserver toute la richesse et l’authenticité.
Installée depuis plusieurs années à Saint-Norbert avec son mari, Christine Michel a trouvé l’environnement parfait pour ses ruches : une grande cour, des arbres, des fleurs sauvages et une biodiversité qui attire naturellement les pollinisateurs.
Cette proximité lui permet un suivi rigoureux et une approche douce avec ses abeilles, dans un écosystème naturellement riche.
Proche de celles-ci, elle peut assurer une surveillance attentive et des récoltes en douceur.
Christine Michel extrait son miel à la main, en petites quantités.
« Je ne traite pas le miel, sauf avec de l’amour, comme j’aime bien dire », plaisante-t-elle.
Approche artisanale
Cette approche artisanale permet de suivre les cycles naturels des saisons et de proposer des miels aux profils variés : clair et floral au printemps, doré et végétal en été, puis ambré et plus intense à l’automne.
Avec ses cinq ruches, Christine Michel mène seule presque toutes les étapes de la production. De l’entretien à la récolte, de l’extraction du miel à l’étiquetage des pots, tout passe par ses mains.
« Mon mari m’aide parfois à lever les ruches parce qu’elles sont assez lourdes mais sinon, je fais tout à 100 %! »
La saison haute commence à la fin juillet, avec environ six semaines très intenses jusqu’au début septembre. « Je peux être trois heures par jour aux ruches. Il faut vérifier la santé des ruches et de la reine, s’assurer que les abeilles ne soient pas malades, suivre le rythme. »
Native du Québec, Christine Michel a grandi avec du miel « qui ne goûtait rien », acheté à l’épicerie. La découverte du miel brut, tout juste extrait de ses propres ruches, a été une révélation.
« Quand le miel est arrivé dans ma vie, wow! » se souvient-elle en souriant.
« Ce n’était pas dans mon plan de retraite, mais c’est devenu une passion. Je crois que ça paraît quand j’en parle », se réjouit l’apicultrice.
Les amateurs peuvent retrouver ses produits au Marché des producteurs de Saint-Norbert, de la mi-juillet jusqu’à la fin de la saison des récoltes, en octobre.
« Parfois, j’arrive à conserver quelques pots pour les vendre durant les Fêtes, mais ça dépend des abeilles et des récoltes. »
C’est une belle coïncidence qui a permis à la productrice d’y avoir sa place dès ses débuts, il y a trois ans : « Un vendeur s’est désisté, alors j’ai sauté sur l’occasion», se souvient-elle.

Regarder vers l’avenir avec prudence et passion
Malgré le succès grandissant, Christine Michel souhaite garder son activité à une échelle humaine, pour conserver sa qualité de vie et éviter le stress.
« C’est difficile de ne pas agrandir, c’est difficile aussi de se retenir quand on est aussi passionnée que moi. Lorsqu’on a du plaisir, que ça va bien, que le produit se vend bien, c’est encourageant. Mais je me vois mal commencer à gérer du personnel. »
La réglementation limite le nombre de ruches dans sa cour à Winnipeg à quatre, ce qui freine son expansion sans déménagement ou achat de terrain ailleurs.
Elle rêve aussi de diversifier ses produits, en créant par exemple un miel mono-floral issu d’un champ de thym ou de sarrasin.
« Au marché, les gens me demandent parfois certains types de miel. Peut-être qu’un jour, je vais faire du miel spécifique, mais je ne veux pas trop m’en mettre sur le dos », s’enthousiasme-t-elle.
Où trouver les produits de la Miellerie St. Norbert?
Les produits de Christine Michel sont disponibles sur plusieurs marchés locaux, notamment le marché de Saint-Norbert, Sage Garden et le marché Wolseley.
On peut aussi la joindre via Instagram ou Facebook, ou venir directement à la miellerie pour récupérer ses commandes.