Membre de l’équipe nationale masculine de basketball pour les personnes sourdes et malentendantes, il porte fièrement les couleurs du Manitoba.
Graham Bodnar a commencé le basketball en 10e année, au Collège Jeanne-Sauvé. Dès ses premiers entraînements, il a su que ce sport allait occuper une place centrale dans sa vie : « C’était tout ce que je voulais faire. Je ne pouvais pas me lasser du basketball », confie-t-il.
Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, il a poursuivi sa carrière postsecondaire à Providence College, à Otterburne.
Son parcours l’a ensuite mené bien au-delà de la province : « J’ai joué au basketball 3×3 sur le FIBA 3×3 World Tour et professionnellement au Japon, et en 2018, j’ai découvert le sport sourd et malentendant et j’ai rejoint l’équipe nationale. En 2022, nous nous sommes qualifiés pour les Deaflympics 2025, une première pour l’équipe masculine depuis 1985 ».
Tokyo 2025
Pour lui, représenter le Manitoba et le Canada sur la scène internationale est une immense source de fierté.
Graham Bodnar évoque une « communauté de basketball formidable dans la province ».
Il ajoute que pouvoir en être un représentant au niveau mondial le rend extrêmement fier. Cette fierté manitobaine est partagée, car Graham n’était pas le seul Manitobain présent à Tokyo pour la centième édition des Deaflympics.
En effet, Annika Goodbrandson, originaire de Selkirk, jouait pour le Canada avec l’équipe féminine de volleyball, et Ryan Mobberley, originaire de Winnipeg, jouait lui avec la délégation canadienne de golf.
Résilience
Derrière ses réussites, Graham évoque des défis quotidiens liés à sa surdité. Ainsi, il était difficile pour lui d’entendre ses entraîneurs, ses coéquipiers et les officiels.
« On a parfois l’impression d’avoir un temps de retard. Comme la communication est essentielle dans le sport, j’ai souvent dû apprendre en observant et en interprétant ce qui se passait autour de moi », explique l’athlète.
Pour autant, ces obstacles n’ont pourtant jamais freiné son ambition.
Au contraire, ils ont façonné son rapport au jeu, sa capacité à analyser rapidement les situations et sa discipline de travail.
À ces difficultés s’ajoutent des défis structurels et de reconnaissance : « Très peu de gens savent que le sport sourd existe, et beaucoup de jeunes passent à côté d’opportunités incroyables. Il y a aussi les limitations financières, qui ne permettent pas toujours aux équipes canadiennes de rivaliser avec d’autres pays ».
En dépit de cela, il reconnaît l’aide précieuse reçue par la Manitoba Deaf Sports Association et Basketball Manitoba qui ont contribué à financer, lorsque possible, ses camps d’entraînement, compétitions et engagements internationaux, tout en lui offrant des ligues et des communautés où développer son jeu.
Communauté
Pour Graham, les Deaflympics sont bien plus qu’une compétition, il insiste sur l’importance de l’expérience collective.
« C’était inspirant de voir des athlètes du monde entier qui prennent leur sport autant sérieusement que je le fais. Cette expérience m’a montré l’existence d’une communauté sourde mondiale unie par le sport, où la compétition et la solidarité se rencontrent. »
Au-delà du sport, l’expérience des Deaflympics est aussi celle du collectif et de la solidarité.
Avec un regroupement mondial d’athlètes sourds et malentendants, qui chacun excelle dans sa discipline. Un rappel puissant que le sport est aussi vecteur de communauté et d’inspiration multiple.
« Je crois vraiment qu’on peut se limiter soi-même sans s’en rendre compte. Quand je suis devenu passionné par le basketball, je n’ai pas pensé à ce que je ne pouvais pas faire. J’ai juste poursuivi le jeu aussi fort que je le pouvais, et cela m’a ouvert des opportunités incroyables. Donc si vous êtes passionnés, fixez-vous des objectifs, poursuivez vos rêves et n’imposez aucune limite à ce que vous pensez pouvoir accomplir », conclut-il.




