Par Anaïs Nzelomona
Une pièce singulière produite par Pandemic Theatre. Parmi ses interprètes, l’on retrouve Eric Plamondon, nouveau directeur de la programmation du Centre culturel franco-manitobain (CCFM). Sur scène, Eric Plamondon explore les identités autochtones et métisses, tout en questionnant les regards hérités du colonialisme.
Le titre, volontairement provocateur, s’interroge sur le poids du mot Indian, terme longtemps utilisé pour désigner les Premières Nations, et aujourd’hui reconnu comme un terme péjoratif et offensant. Eric Plamondon ne l’emploie jamais sans le contextualiser. Dans la pièce, il questionne l’usage du terme. Il explique qu’être désigné ainsi, c’est être désigné « comme l’autre », insistant sur la manière dont les codes culturels articulent nos perceptions et nos peurs.
La pièce, un long monologue, est jouée chaque soir par un artiste différent. En ce sens, chaque représentation devient unique et ouvre la porte à de multiples discussions. Chaque comédien y apporte son expérience et les thèmes abordés varient. Ainsi, Eric Plamondon, ou plutôt de son nom de scène Ambroise, navigue entre ses appartenances aux communautés queer, francophone et métisse.
Au cours de la pièce, la question est posée : peut-on utiliser ce terme aujourd’hui? Plus encore, qu’est-ce que la réponse révèle de nous-mêmes. Ambroise évoque la crainte que certains peuvent avoir de l’autre, en prenant comme exemple l’attitude de certains envers les migrants, et la peur, dit-il, qu’ont certains que « la violence de leurs pays voyage avec eux », tout en rappelant l’image marquante d’Alan Kurdi, cet enfant réfugié noyé dont l’image avait traversé et ému l’opinion publique.
« Cette peur, je la retourne sur moi-même », confie-t-il.
Chaque représentation est suivie d’une table ronde où les comédiens et le public peuvent discuter à chaud de la pièce. Une démarche qui vise à ne pas laisser l’audience quitter le théâtre avec leurs émotions. Au croisement de l’art et de l’engagement, cette pièce en anglais, s’inscrit pourtant dans la discussion autour de l’héritage autochtone et métis. Pour lui, bien qu’en anglais, « c’est une œuvre qui peut parler à la communauté francophone ».