Par Mamadou KA

Le gouvernement du Manitoba, depuis quelques années, développe un certain nombre de politiques et de stratégies pour inciter les immigrants à venir s’installer dans cette belle province des prairies canadiennes. La communauté francophone du Manitoba ne vit pas en marge de tous ces développements en matière d’immigration.

En effet, depuis le début des années 2000, l’immigration fut l’une des stratégies identifées par la Société franco-manitobaine pour agrandir l’espace francophone de la province. Celle-ci, dominée par les Européens jusqu’au début des années 1990, s’est enrichie dernièrement par l’immigration de populations francophones venues de presque partout au monde : de l’Afrique, des Caraïbes, de l’Asie et de certains pays de l’Océan indien. Cette nouvelle vague d’immigrants, considérée comme une opportunité pour la communauté et pour les nouveaux arrivants eux-mêmes, est dominée par les Africains. En effet, selon certaines recherches, 75 %  de nouveaux arrivants dans les communautés francophones du Manitoba sont originaires d’Afrique noire contrairement aux années 1990, où seulement 16 % étaient Africains contre 60 % Européens.

Cette situation fait, non seulement, appel à des stratégies pour faciliter l’inclusion et l’intégration socioprofessionnelle, économique et politique des nouveaux arrivants dans la communauté mais aussi, à la participation de tous les organismes et institutions  communautaires. Pourquoi  cette chronique? De prime abord, cette dernière pourrait représenter la contribution du Journal La Liberté à ce processus d’intégration si essentiel à la cohabitation harmonieuse de peuples appartenant à des cultures différentes. Il faudrait, par conséquent, tirer son chapeau à La Liberté pour cette initiative qui pourrait, à la limite, être qualifiée d’humanitaire car elle permettra aux Africains vivant dans les communautés francophones en situation minoritaire des Prairies de garder contact avec la mère patrie, si loin, pourtant, si proche de leurs cœurs,  et ce,  à partir de Saint-Boniface.

Pourquoi cette chronique? Celle-ci permettra de Voir l’Afrique autrement.  Il faut préciser, d’emblée, qu’il ne s’agit, non pas de faire fi dans nos chroniques de cette Afrique harcelée, harassée par son endettement, minée par la corruption de quelques dirigeants, ensanglantée par plusieurs guerres et constamment endeuillée par le sida qui menace l’avenir de sa jeunesse car ces éléments font partie de la réalité africaine. Il ne s’agira, non plus, de tronquer la réalité, mais, tout simplement, de la rendre plus complète et plus représentative de ce qui se passe  de nos jours dans ce continent et surtout de faire de la place  à une vision optimiste du développement  économique et social de notre continent.

Il faut dire en effet que, depuis l’avènement des indépendances, l’Afrique a toujours été vue et présentée à partir de quatre tares constituant  les principaux  maux  du continent : l’absence de démocratie, les guerres, la pauvreté et les famines, peut-être plus. Mais, tous ces qualificatifs et ces titres utilisés  pour mettre en exergue  le concept de l’afro pessimisme : l’Afrique est mal partie; l’Afrique désenchantée; l’Afrique étranglée; l’Afrique : continent maudit et j’en passe, devraient, plutôt, faire de la place à un portrait plus vrai,  plus global représentant aussi les aspects socioculturels du continent, l’Afrique précoloniale des fiers guerriers, cette joie de vivre des Africains, même dans « la misère », etc.

À mon sens, il est grand temps de jeter un nouveau regard sur ce continent,  un regard plus distancié que d’habitude sur l’actualité internationale africaine pour mieux cerner les réalités d’aujourd’hui. Ce continent, au lendemain des festivités du 50e anniversaire des indépendances, nous apparaît et, selon l’avis de nombreux spécialistes de l’Afrique,  être sur la voie du succès et du développement, du moins, sur le plan économique.