En octobre, l’une des trois mines de nickel de Thompson fermera ses portes. 700 emplois sont menacés. Le défi pour le maire de la ville, Dennis Fenske, est de trouver de nouveaux secteurs porteurs, pour éviter la désertion des habitants dans la plus grande ville du Nord du Manitoba.

par Valentin CUEFF

En mai 2017, la compagnie Vale a annoncé la fermeture « temporaire » d’une de ses mines située à Thompson. Annoncée comme une mesure de maintenance, cette suspension des activités en octobre prochain, couplée à la restructuration des activités de fonderie, pourrait mettre à pied 700 salariés, dans une ville où le secteur minier est le principal domaine d’activités depuis plus de 60 ans.

En jeans et chaussures de sport, le maire de Thompson, Dennis Fenske, ne s’encombre pas des artifices de l’apparence. En poste depuis 2014, son discours traduit une certaine lucidité sur la situation économique de la ville. « Je comprends la dynamique », affirme-t-il. « Je suis moi-même superviseur chez Vale, et même si je ne fais pas partie des dirigeants, je comprends les deux parties. »

Il calme d’abord le jeu, et tente de relativiser l’impact de la fermeture de la mine Birchtree. L’activité minière, dans la région, ne cesse de reculer et Thompson a toujours résisté. « Le domaine des mines jouait un rôle bien plus important dans les années 1960 », explique le maire.
Il raconte que 4 500 personnes étaient, à l’époque, employées par des sociétés minières.

Aujourd’hui, Thompson compte 13 600 habitants. Ce qui n’empêche pas Dennis Fenske de craindre que l’arrêt des activités de la mine de Birchtree n’entraîne le départ d’une partie de la population.
Le secteur minier permettrait à environ 4000 personnes de vivre, soit plus du tiers de la population. « Des gens sont déjà partis à l’annonce de la fermeture. L’une de mes missions est de retenir les gens dans la communauté. »

Le maire explique que les employés de la mine font face à trois options : « Trouver un autre emploi dans Vale, prendre une retraite anticipée, ou bien être licencié ».

Pour atténuer les répercussions de cette fermeture, Dennis Fenske a créé un comité, nommé Thompson 2020. Le but de ce projet est de diversifier l’activité économique de Thompson et la rendre moins dépendante du secteur minier.

« Le Nord tend à être oublié.
Nous sommes tous Manitobains.
nous attendons le même
respect, la même éducation
que dans le sud.»
Dennis Fenske, maire de Thompson

L’un des domaines qui feront vivre la ville, selon lui, est l’industrie des essais moteurs. Des compagnies comme Ford et Jaguar viennent déjà tester leurs modèles dans les conditions météorologiques du Nord du Manitoba.
« Pour ces tests, le temps doit être non seulement froid, mais stable » explique Dennis Fenske. Il explique que tout l’hiver, Thompson vit en moyenne à -20 degrés.
Un nouveau site de test aérospatial devrait voir le jour. Un projet qui représente 42 millions de dollars.

Ces autres objectifs incluent le développement du tourisme. À l’instar de Churchill, qui défend son statut de capitale des ours polaires, Thompson souhaite devenir la capitale mondiale des loups. Sculptures et peintures de l’animal jalonnent déjà le centre-ville.

La ville possède par ailleurs le plus grand hôpital du Nord de la Province, qui emploie 400 personnes. Le maire espère voir le lieu se doter d’équipements capables de faire des IRM.

La présence de cette technologie, qui n’existe actuellement qu’à Brandon et Winnipeg, retiendrait à Thompson une population plus âgée de la ville, qui a besoin de ces soins.

Le secteur minier n’est pas sa seule inquiétude. Établi en 2004, le Collège universitaire du Nord (UCN) comptait 162 étudiants en 2016-2017. Le lieu, tout comme l’École de travail social, doit être soumis à une évaluation, et le maire s’inquiète d’un « manque de considération de [leurs] compétences », par les analystes du gouvernement provincial.

Pour Dennis Fenske, se faire entendre auprès de la Province est toujours un combat. « Le Nord tend à être oublié. Nous sommes tous Manitobains, nous attendons le même respect, la même éducation que dans le Sud. »