Qu’elles soient blondes ou brunes, ces boissons à bulles ont la cote à Winnipeg. Depuis juillet 2016, les Manitobains peuvent consommer des bières artisanales directement sur le lieu de production. Cet assouplissement de la loi a conduit à la création de huit nouvelles micro-brasseries à Winnipeg. Julien Freynet est serveur dans l’une d’entre elles, Peg Beer Co., située dans le quartier de la Bourse. Il partage son expertise maltée.

Par Valentin CUEFF

Le déclic, c’était une bière Duvel. C’était en Belgique, en 2007. Julien Freynet s’en souvient comme si c’était hier. « Avant ce voyage, je n’aimais pas vraiment la bière. Puis j’ai fait ce voyage en Europe. La Duvel, c’était comme l’illumination. Je me suis dit : “C’est ça, la vraie bière!” », raconte le serveur avec ferveur.

Depuis ce temps, le Winnipégois a partagé son amour des breuvages houblonnés derrière plusieurs comptoirs de la ville. Il raconte avoir vu un certain nombre de troquets, comme diraient affectueusement les Français, s’ouvrir et se fermer, au fil des années.

Il a même songé avoir son propre bar, il y a dix ans environ. Mais s’est rétracté, connaissant trop bien les implications.

« Je n’étais pas prêt à sacrifier toute ma vie pour ça. J’ai travaillé dans beaucoup de bars et j’ai vu combien c’était difficile. Je préfère travailler chez quelqu’un d’autre. Moins de responsabilités, plus de fun », ajoute-t-il en rigolant.

Et surtout, c’est le contact humain au quotidien. « Travailler derrière un bureau, c’est pas pour moi. Ce que j’aime, c’est rencontrer des gens, niaiser avec eux, et parler de bières. »

En septembre 2016, c’est à la micro-brasserie Peg Beer Co. que Julien Freynet pose ses valises. Ce commerce fut fondé par Nicole Barry, qui a également contribué à la création d’une des plus importantes brasseries indépendantes de Winnipeg, Half Pints, en 2006.

Autrefois un atelier d’usinage, puis un skate park, le lieu est devenu le premier bar-brasserie à ouvrir à Winnipeg, depuis la fermeture du River City Brewing, dans les années 1990. La société emploierait une trentaine de personnes.

« On n’est pas en compétition avec les autres micro-brasseries,
on est en compétition
avec les géants »
Julien Freynet, serveur à Peg Beer Co.

Depuis un an, le nombre de micro-brasseries winnipégoises a considérablement augmenté. La raison? La possibilité, pour une brasserie artisanale, de disposer d’une taproom (qu’on pourrait traduire par bar de dégustation) depuis l’année passée. Peg Beer Co., Torque, Barn Hammer, Little Brown Jug… La plupart de ces micro-brasseries ont vu le jour en 2016. Julien Freynet assure que d’autres s’en viennent.

Pour autant, ces brasseurs locaux ne se tirent pas dans les pattes. « Tout le monde s’aide. On n’est pas en compétition avec les autres micro-brasseries, on est en compétition avec les géants, comme Budweiser.
« Par exemple, si on a besoin d’une pièce d’équipement pour brasser, Barn Hammer peut nous la prêter. »

Pour le serveur et ses 12 ans d’expérience, servir une bière brassée sur les lieux fait une différence. « On est fier de ce qu’on sert. Ce n’est pas juste un bar ou un restaurant. Tout est fait ici. C’est plus facile de vendre un produit auquel on croit. »

En plus de servir, il organise des visites gratuites de la brasserie et révèle au public le processus de fabrication de la bière.

La tendance en mousse, actuellement? Ce sont les bières sures, ou sour ale, affirme Julien Freynet. « La demande augmente. Ça devient de plus en plus commun à Winnipeg. »

Il apprécie beaucoup le fait que ces micro-brasseries, comme Peg ou Barn Hammer, se réinventent et proposent régulièrement de nouvelles bières. Son propre coup de coeur serait les bières de Peg Beer Co. « Je sais que je ne suis pas objectif… mais j’aime beaucoup le style de nos brasseurs. »

Ce samedi 19 août, la bière sure de sa micro-brasserie a remporté la première place lors du premier Winnipeg Beer Fest, devant une vingtaine de bières concurrentes.