Passionnée d’équitation, Floriane Vermeire, originaire de Belgique, vient de recueillir un cheval maltraité. Son objectif : le donner ou le vendre à un enfant souffrant d’autisme ou de troubles de l’attention.

Par Marie BERCKVENS

C’est dans un ranch au sud de Winnipeg que Floriane Vermeire et Anthony Page nous attendent. Au milieu de cette ambiance bucolique, seuls les chevaux et les amis des chevaux ont droit de cité.

Tôt dans sa vie, Floriane Vermeire, maintenant âgée de 18 ans, est tombée en amour avec les chevaux. Sur le ton de la confidence, elle nous raconte : « C’est de famille. Toute petite, j’étais entourée par les chevaux. Mon frère en avait un, ma mère aussi. » Dans pareil contexte, elle commence à pratiquer le dressage et le saut d’obstacle.

Comme les autres cavaliers, elle utilise un mors, une selle, des rênes ou encore des étriers. « Mais, je me suis rendue compte qu’il me manquait quelque chose. Je voulais une meilleure connexion avec le cheval. S’il y a un problème, souvent, les cavaliers cherchent à s’imposer plus sur l’animal. Alors qu’il suffit de l’écouter. C’est juste un autre langage, un langage qu’il faut travailler avec le corps. »

À 15 ans, avec l’appui de sa maman, l’adolescente prend des cours et se forme en éthologie équestre (1). Cette discipline s’intéresse particulièrement à la relation entre le cheval et l’humain. Arrivée au Manitoba en septembre dernier, elle souhaite poursuivre dans cette voie. Il y a quelques mois, une formidable chance se présente à elle. Elle apprend qu’une quarantaine de chevaux sont mis en adoption. Ils viennent d’être soustraits à leur propriétaire par un inspecteur du gouvernement.

« Le propriétaire n’avait pas soigné ses animaux. Il y avait des chevaux avec un oeil. Certains ne savaient même pas marcher. D’autres étaient sous-alimentés. » Devant toute cette misère animale, un coup de foudre la saisit. Elle souhaite emmener avec elle Shadow, une jeune jument dont elle apprendra plus tard, qu’elle est âgée de quatre ans.

Cependant, il lui reste à trouver un endroit où l’accueillir. « On a envoyé des lettres, un peu partout dans le sud de Winnipeg, comme il y a beaucoup de chevaux dans le coin. On avait glissé une lettre dans la boîte aux lettres de la voisine d’Anthony Page. Et c’est elle qui nous a dit que ce serait peut-être possible chez lui. »

Anthony Page, âgé de 27 ans, est un ancien entraîneur équestre, un baroudeur aux allures de cow-boy et surtout un propriétaire de quatre chevaux. Sans l’ombre d’une hésitation, il acquiesce à la demande de Floriane Vermeire et de son Shadow.

« La façon dont Floriane poursuit ses rêves, la façon dont elle veut aider les animaux, c’est une histoire similaire à la mienne. J’ai aussi grandi avec les chevaux. Il y a beaucoup d’animaux maltraités dans le monde. Chaque animal, chaque personne qu’on peut aider, cela fait une différence. Shadow, s’il n’avait pas une chance d’entraînement assez tôt dans sa vie, il aurait été amené assez vite à l’abattoir. »

Floriane Vermeire se souvient des débuts difficiles dans le ranch : « Shadow n’avait rien vu encore, ni humains, ni voitures… ça nous a pris deux heures pour la rentrer dans le box. Elle vient d’un monde de chevaux, elle doit entrer dans le monde des humains. Ce n’est pas facile pour elle, car elle a peur de tout. Si le cheval a peur de quelque chose dans le troupeau, il s’enfuit et court. Si Shadow est avec moi, elle doit essayer d’avoir confiance en moi et d’être près de moi. »

Aujourd’hui, les efforts de la jeune femme sont récompensés. L’éducation de Shadow avance au galop. La jument en voie de guérison se laisse approcher et les moments de complicité avec Floriane sont quotidiens.

Dynamique et généreuse, elle poursuit un autre objectif, celui de pouvoir aider un enfant en difficulté atteint d’autisme ou de troubles de l’attention. « Vu qu’elle est assez petite, je pourrais la donner à un enfant autiste pour l’aider à son tour à réaliser son rêve. Le cheval peut beaucoup lui apporter. Les enfants autistes ont des difficultés à parler à des gens. Et quand ils parlent à des gens, ils reçoivent des commentaires. S’ils parlent au cheval, ils ne vont jamais recevoir une réflexion négative. Ils vont toujours recevoir une réponse par le corps. Ils vont juste devoir apprendre à la gérer. »

En Belgique, l’étudiante donnait déjà des cours particuliers à des enfants qui devaient vivre avec ce handicap. « J’ai vu de grands progrès. Les chevaux les calment. » En attendant de pouvoir transformer sa générosité en métier, Floriane Vermeire poursuit sa scolarité, au Centre scolaire Léo-Rémillard. Après les cours, elle fonce presque chaque jour jusqu’au ranch d’Anthony Page, pour poursuivre l’entraînement de Shadow. La prochaine étape sera de pouvoir la monter sans selle. « Bientôt, j’aimerais la monter à cru. Pour elle, plus il y a de liberté, mieux c’est. »

De son coté, Anthony Page poursuit sa passion, à côté de son travail d’entrepreneur en construction. « C’est vraiment grâce au caractère de Floriane que tout cela a évolué. Elle est la personne idéale pour réussir un projet pareil. » Comme chaque fin de semaine, Anthony Page et Floriane Vermeire partent à deux pour une petite balade. À cheval, évidemment.

(1) : Pour plus d’infos, Floriane Vermeire a créé une page Facebook : Natural Horsemanship by FV.