Sophia Partyka a affermi sa connaissance de la langue française à travers diverses compétitions d’art oratoire, mais aussi par les occasions que lui ont fournies ses emplois d’été. (1)

Par Marie BERCKVENS

Quand on lui dit qu’elle est francophone, Sophia Partyka fait des grands yeux et sourit : « Non. Je dirais plutôt que je suis francophile. »

C’est sa maman Candace Roehle qui lui a transmis la passion du français : « Ma mère participait chaque année au concours d’art oratoire qui était organisé entre les écoles du Manitoba. Elle a même été à Ottawa pour la finale et a gagné. Le sujet qu’elle avait choisi : les raisons pour lesquelles elle n’aime pas le concours d’art oratoire (rires). C’était différent et drôle. Et ça a fonctionné. »

De la 1re à la 6e année à l’école Robert H. Smith, encouragée par sa maman, Sophia a participé à son tour au concours d’art oratoire. Les sujets qu’elle a déjà abordés étaient variés : des ours polaires, à son labrador Cedric et aux bienfaits d’avoir un chien, en passant par sa citoyenneté américaine (voir encadré) jusqu’au ballet Casse-Noisette. « Tu peux écrire sur ce que tu veux. Tu mémorises ton texte. Et tu le dis tout haut, de la meilleure façon possible. J’ai parlé de la danse classique, du ballet et de comment c’était d’être dans le ballet, les leçons. »

Durant toute sa scolarité, à son retour de l’école, sa mère mettait un point d’honneur à parler à ses trois filles en français. « C’était toujours comme ça. On faisait nos devoirs en français. Et au retour de mon papa, qui est médecin à Beauséjour, on switchait en anglais, pour qu’il puisse comprendre. »

Durant les étés 2017 et 2018, Sophia Partyka a travaillé pour l’organisation sans but lucratif Heritage Saint-Norbert: « J’ai fait des recherches à propos de plusieurs places comme l’ancien monastère des Trappistes ou encore l’asile Ritchot. On allait au Centre du patrimoine et puis on rédigeait un texte sur l’histoire de ces bâtiments. On aidait aussi les personnes qui cherchaient à avoir de l’information sur leur propre histoire. Je travaillais beaucoup en français. »

Aujourd’hui, elle vit sur le site de la ferme Aurora située à Saint-Norbert, dans son propre appartement, tout en travaillant pour la propriétaire Louise May (2). « Comme j’étudie l’agriculture et le business à l’Université du Manitoba, ça va bien ensemble. Je travaille deux heures avant l’école, je m’occupe des animaux. Et après l’école, je continue parfois. »

Sophia Partyka profite de chaque occasion pour entretenir son français, en offrant des tournées en français aux visiteurs de la ferme. « C’est le Manitoba. On a beaucoup de francophones qui viennent. C’est toujours le fun de pouvoir les servir en français et d’échanger avec eux dans leur langue. »

Sophia Partyka, cavalière chevronnée, participe aussi régulièrement à des compétitions de sauts d’obstacles, avec l’une des juments de la ferme Aurora. « Je lui parle même en français parfois. Même si elle ne comprend pas. L’essentiel, c’est l’intonation. Si je lui répète toujours le même mot, après un certain temps, la jument n’obéit plus. Alors parfois, je lui dis : Arrête! Au lieu de : Stop! Ce n’est pas le mot qui compte, mais la façon dont je le dis. »

(1) Le concours d’art oratoire organisé par Canadian Parents for French est un évènement annuel ouvert aux étudiants de 3e à la 12eannée. C’est la 36e édition cette année.

(2) Sur la passion écologique de Louise May , voir La Liberté du 27 mars au 2 avril 2019, page 5.


Sophia, née Américaine

Du simple fait que Sophia Partyka soit née aux États-Unis en l’An 2000, elle a acquis automatiquement la nationalité américaine. « Mes deux parents viennent du Manitoba. Mon père, avant de devenir docteur, a travaillé comme chiropracteur à Minneapolis. Mais notre famille manquait à mes parents. Alors, on est revenus au Manitoba quand j’avais trois ans. »

Sophia est donc la seule de sa famille à avoir la nationalité américaine, une situation qui a engendré des difficultés. Par exemple, quand toute la famille allait en vacances. « Quand on partait et que je passais le contrôle de sécurité, on me regardait toujours bizarrement. Toute ma famille est canadienne et j’étais le seul enfant américain. Mes deux soeurs sont cana – diennes. Alors, on me posait toujours beaucoup de questions. »

Ce n’est qu’à l’âge de 17 ans que Sophia a entrepris les démarches pour obtenir sa nationalité canadienne: «Durant toutes ces années, il nous manquait un papier administratif, ce qui fait que ça a pris du temps. Je dois l’avouer : quand j’étais petite, je trouvais ça trop cool d’être américaine. Mais pour pouvoir travailler ici, j’avais besoin de la nationalité canadienne. Maintenant, j’ai les deux. »