photo : Marta Guerrero

Ben Maréga souligne que le CA de Parents contre le racisme offre « une belle représentativité, avec des Noirs, des Métis, des Blancs ».

 

L’ex-policier Derek Chauvin a été reconnu coupable du meurtre de George Floyd le 20 avril 2021. Si le verdict a été bien accueilli, pour l’organisme Parents contre le racisme, la lutte ne s’arrête pas là. Son fondateur Ben Maréga est d’ailleurs dans l’action tous azimuts, puisque le racisme ne concerne pas que les Noirs.

 

Par Ophélie DOIREAU

 

C’est un sentiment mitigé qu’a ressenti Ben Maréga à la suite de l’annonce du verdict de culpabilité.

« Est-ce de la justice, sachant que ça ne ramènera pas George Floyd? Est-ce de la responsabilité ou de l’imputabilité, alors que le matin-même, nous n’étions pas tout à fait sûrs du verdict?

« Maintenant plus que jamais, nous devons nous unir. Il n’y a pas de paix sans justice, pas de justice sans vérité. Je sais que la vérité peut paraître complexe pour certains d’entre nous, mais la vérité compte. La vérité est simple : les vies des Noirs, des asiatiques, des peuples autochtones et des personnes dites de couleur comptent. La vérité, c’est aussi que nous nous devons de nous aimer inconditionnellement les uns les autres.

« Peut-être qu’un peu de justice serait de garder George, Breonna, Rodney et toutes les autres victimes en vie dans tous nos coeurs, afin que nous puissions respirer la paix et l’amour. »

Pour cheminer vers cette haute ambition, l’organisation Parents contre le racisme, incorporée depuis juillet 2020, (1) s’est d’emblée investie sur plusieurs fronts. Pour déjà des résultats concrets, à la grande satisfaction de Ben Maréga.

« À la suite de la signature de notre entente avec la Division scolaire franco-manitobaine, une première Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale a été répercutée dans les écoles de la DSFM (le 19 mars).

« Toutes les écoles avaient programmé des films, des textes qui invitaient à la réflexion. En marge de cette journée, les cadres de la DSFM ont pu suivre une conférence donnée par Emmanuel Dubourg, un député libéral fédéral.

« Tout au long de la journée, l’accent a été placé sur le fait qu’il fallait se battre contre le racisme et pas contre les racistes. Une chasse aux sorcières est inutile. Il faut s’attaquer au problème en profondeur. »

Pour sa part, la Ville de Winnipeg a aussi tenu sa première Semaine contre le racisme, une action soutenue par Parents contre le racisme.

« Du 21 au 27 mars, on a vu la Ville de Winnipeg développer une campagne avec des affiches bilingues. Par exemple, dans les bibliothèques municipales. Et ça, c’était super important pour nous. Les bibliothèques avaient mis une liste de ressources à disposition avec des films et des livres qui invitaient à la réflexion.

« Parents contre le racisme aimerait que ces ressources puissent voyager de manière virtuelle. Et pourquoi pas aussi de manière bien réelle, cet été dans la ville de Winnipeg. »

Au cours de cette même semaine, Ben Maréga a eu l’occasion de participer virtuellement au Forum mondial de l’UNESCO contre le racisme et la discrimination.

« Il y a une vraie volonté mondiale de lutter contre la discrimination et le racisme. Le Forum, organisé depuis Paris, a fourni une belle occasion pour Parents contre le racisme de participer aux discussions. Il y avait des ateliers, il serait possible d’échanger de bonnes pratiques. »

À l’échelle de la communauté francophone, Ben Maréga travaille sur plusieurs projets. « On souhaite avec Parents contre le racisme élaborer une charte communautaire contre le racisme, qui permettrait de poser un cadre pour des conversations futures.

« Aussi, pour voir l’évolution de la communauté francophone par rapport à cette charte, on aimerait organiser des tables rondes à l’Université de Saint-Boniface. On voit aussi avec certains professeurs s’il était possible de faire de la recherche sur le racisme. »

| La nécessité de partenariats

« On sait que le racisme cause des problèmes de santé mentale, des problèmes sur le marché de l’emploi. Mais il n’existe que très peu de recherches sur ces sujets. Des données précises seraient très utiles pour étayer nos luttes.

« Avec l’Association des étudiants de l’USB, on vise à organiser une journée contre le racisme et la discrimination à l’université.

« Et puis pour appuyer tous nos projets, on va créer un fonds contre le racisme à Francofonds. Si des gens veulent poser des actes concrets, ils pourront verser à ce fonds. Cet argent nous permettra, par exemple, de créer du matériel pour sensibiliser au racisme. »

Ben Maréga est conscient de la nécessité d’établir des partenariats pour amplifier le rayon d’action de son organisation. « Grâce au Conseil jeunesse provincial, Parents contre le racisme va avoir son premier employé qui sera agent.e de projet pour travailler sur des demandes de subvention ou encore sur l’élaboration de partenariats.

« Parents contre le racisme s’est également associé à la Winnipégoise Jennifer Chen, une personne très présente dans les luttes contre le racisme envers les personnes asiatiques.

« Avec la pandémie, le racisme envers les personnes d’origine asiatique est davantage présent. Et des mouvements se créent pour soutenir les personnes qui en sont victimes. »

Ben Maréga s’inscrit d’ailleurs dans une volonté d’ouverture permanente. « Il y a eu des périodes où les discours contre le racisme ont pris plus de place dans la société. Mais quand le momentum part, tout s’évanouit. Il n’y a plus de motivation. Or là, on voit qu’il y a toujours une volonté d’agir.

« C’est donc plus important que jamais de dire haut et fort que le racisme ne touche pas que les personnes noires. Et que les médias ont un rôle de sensibilisation à jouer auprès de leurs lecteurs.

« Pour George Floyd, il y a eu des marches, même au Canada. Par contre, pour l’Autochtone canadienne Joyce Echaquan, il y a eu beaucoup moins de manifestations. Pourquoi? Je ne peux pas l’expliquer. Mais une vie ne vaut pas moins qu’une autre. »

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(1) Voir La Liberté du 17 au 23 juin 2020.