Un groupe de citoyens manitobains a décidé de s’organiser en collectif pour agir dans le cadre de la vérité et de la réconciliation. Un lancement en douceur pour le collectif qui veut s’inscrire dans la durée.

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Dans son rapport final, la Commission de vérité et réconciliation formulait 94 appels à l’action pour tous les niveaux de société : individus, organismes, gouvernements. L’Assemblée des Premières Nations décomptait que seulement 14 % d’entre eux avaient été suivis six ans après la sortie du rapport.

Fort de ce constat, des professeurs de l’Université de Saint-Boniface (USB) ont saisi l’occasion pour mettre sur pied une action citoyenne, dont Lise Gaboury Diallo est l’une des initiatrices. « Nous sommes membres de notre syndicat et lors d’une réunion on s’est demandé : Comment cheminer vers la réconciliation? De fil en aiguille, on est venu à penser l’idée de regrouper des gens intéressés dans ce cheminement.

« On a constaté que ce groupe ne pouvait pas rester qu’au sein du syndicat, il fallait aller chercher des étudiants, et d’autres personnes extérieures qui s’identifient comme francophones ou francophiles. »

Sa collègue Phi-Vân Nguyen ajoute : « Je soulignerais que tout est parti d’une prise de conscience cet été, on se sentait obligé d’agir au vu des nouvelles. La réflexion a commencé par les professeurs et on s’est dit que ça touchait forcément une population plus large.

« On veut rassembler des personnes dans une réflexion. On essaye d’élargir notre membership en dehors de l’USB (1). Présentement, je dirais qu’on est à une trentaine de membres. C’est une initiative citoyenne qui rassemble des personnes d’origine autochtone ou métis et peut-être inuit un jour, ainsi que des allochtones. Notre seule ambition est de réfléchir sur les manières de cheminer, de nous responsabiliser sur ce devoir de réconciliation avec les Autochtones et non pas d’établir des vérités. »

Lise Gaboury Diallo rebondit sur les propos de sa collègue. « Depuis longtemps, on parle du rapport de la Commission de vérité et réconciliation qui a élaboré les 94 appels à l’action. Mais la découverte de tombes anonymes cet été a renforcé notre envie de faire quelque chose. Comme professeur, on se sent un peu mandaté d’agir. »

En effet, depuis la fin juin 2021, des centaines de tombes anonymes d’enfants ont été découvertes sur des sites d’anciens pensionnats autochtones. Depuis, la question de mettre en place de véritables actions pour faciliter la réconciliation est au cœur des préoccupations des Canadiens et des Canadiennes.

Phi-Vân Nguyen poursuit. « Nos actions doivent dépasser le calendrier scolaire. Pendant l’été, les professeurs sont occupés avec leurs recherches, nous sommes très rarement en contact avec nos étudiants.

« Mais cet été, c’était totalement différent, on a eu des discussions avec nos étudiants. Il y avait comme une urgence de continuer la réflexion. »

| Formation du collectif

Le Collectif vérité et réconciliation en est à ses débuts. Les fondateurs réflé-chissent encore à la voie à poursuivre, comme l’expliquent Lise Gaboury-Diallo et Phi-Vân Nguyen. « Nous n’avons pas encore d’identité visuelle, notre membership est petit. Il faudra pourtant regarder à comment on veut s’organiser, si on veut faire des rencontres annuelles, si on veut aller chercher de l’argent.

« Pour l’instant, on veut voir qui partage cette même prise de conscience. Donc on organise des conférences, comme celle qui a eu lieu avec Étienne Rivard, professeur agrégé en géographie à l’USB. Sa conférence portait principalement sur la question métisse au pays et sur les enjeux identitaires et de reconnaissance qu’elle soulève. Ensuite, on aura sûrement à se positionner : est-ce qu’on veut être une association? Un organisme à but non lucratif? »

Avec peu de financement et peu de communication à leur actif, le Collectif organise de petites actions. « Pour voir l’intérêt, on organise des conférences pour susciter des questions, de la réflexion. Les conférences sont relativement simples à organiser avec Zoom. Mais notre mandat est plus large. On veut repenser les relations entre les peuples qui composent le Canada, imaginer les manières possibles de répondre à ces appels à l’action, appuyer la mise en œuvre de ces actions.

« Évidemment, on exclut aucune idée. Justement ces rassemblements vont permettre de prendre le pouls de ce qui pourrait être fait pour cheminer vers la réconciliation. »

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(1) Il est possible de se joindre au Collectif vérité et réconciliation en envoyant un courriel à : collectifveritereconciliation@ gmail.com