Le terme de l’identité transraciale a bien évolué au fil des années. On a souvent utilisé le terme de « l’adoption transraciale » pour définir les parents de familles qui ont adopté des enfants d’une autre ethnie qu’eux.

Par Délices SOLOTSHI

Mais « l’identité transraciale » est un terme qui a une signification différente aujourd’hui. On parle de s’approprier une identité ethnique et de réaliser une transition physique pour ressembler au plus près à un idéal ethnique voulu.

L’une des transitions les plus populaires a été réalisée par l’anglais.e Oli London. En juillet 2021, l’influenceur.se en ligne s’est confié.e sur Internet pour aborder son identité raciale et a parlé de sa transition d’une personne de race blanche à une personne coréenne.

La raison principale de cette transition est la passion et le fanatisme portés par Oli London à la star de K-Pop Park Ji-min. Face aux réactions ambiguës et négatives de sa transition, Oli London a plaidé sa cause sur Internet face à ses détracteurs. Iel a comparé sa transition raciale à celle des minorités transgenres, et iel a également partagé des photos et des vidéos sur de nombreuses plateformes mettant ainsi en exergue certaines de ses interventions chirurgicales assez douloureuses et coûteuses, qui ont eu pour effet le changement de ses proportions faciales et corporelles, pour ainsi les faire correspondre à celles des normes de beauté coréennes, jugées attrayantes pour les fans de K-Pop notamment.

Un autre exemple est celui de Rachel Dolezal, une femme américaine qui s’est identifiée comme une femme noire pendant de nombreuses années, jusqu’à la découverte de son origine en tant que personne blanche en 2015.

De l’appropriation culturelle?

Ces deux cas de transitions raciales sont deux parmi d’autres. De mon fait, il m’est impossible de ne pas reconnaître le haut niveau d’appropriation culturelle qui a été employé par ces personnes pour agir de la sorte. Voici l’explication de ma pensée :

En tant que personne noire, si je devais faire la transition et m’adapter aux normes de beauté coréennes ou latines, les choses seraient presque impossibles pour moi, et j’insiste sur le presque. Notamment à cause de la mélanine qui coule dans mes veines et de la noirceur de ma peau. Mais plus que la possibilité technique de faire cette transition, c’est ma propre volonté qui se retrouve confrontée à l’impossibilité pour moi de passer à l’acte. Je ne pourrais jamais agir comme autre chose qu’une fille noire parce que c’est ce que je suis. Et personnellement, je trouve très insensible qu’une personne puisse choisir certaines parties d’une culture qu’elle aime, puis se distancer complètement des réalités plus sombres auxquelles les groupes culturels sont confrontés quotidiennement. À savoir s’adapter aux normes de beauté de n’importe quel groupe ethnique tout en conservant un privilège de personne blanche. Le problème est que cela réduit la voix et la portée des messages de la communauté culturelle en question, et notamment sur sa place dans la communauté.

Ce que j’essaye de dire, c’est que pour s’approprier une culture, il faut comprendre qu’il y a beaucoup plus qu’une ethnie et que des traits physiques. Une culture, c’est beaucoup d’histoire, un savoir, une communauté et un passé commun.

Par cette chronique, j’invite le monde à se questionner sur ces questions d’identité transraciale et d’appropriation culturelle. Il me paraît indispensable de réfléchir à ces sujets qui sont souvent normalisés et parfois non reconnus par la société moderne, alors qu’ils peuvent être à l’origine de grands conflits entre les communautés.

Le livre Her Majesty’s Other Children, écrit par Lewis R. Gordon, est un grand révélateur de ce problème dans la société moderne.