Lancée officiellement le 22 août dernier, la Clinique Juridique Franco-Justice (CJFJ) est un nouvel organisme local, ayant pour ambition de couvrir tout le spectre de services juridiques, principalement pour un public francophone. (1) 

Par Morgane LEMÉE – Collaboration spéciale

Partie d’une initiative de J.R.D. Kwilu, son directeur général et avocat de formation, la Clinique Juridique Franco- Justice (CJFJ) se définit elle-même comme une « première au Manitoba francophone », notamment par ses services. J.R.D. Kwilu : « On va au-delà de la simple information juridique. L’accès à la justice, c’est un spectre de besoins. Ça touche les services d’un avocat, l’accès aux lois, l’accès au palais de justice. Nos services vont de l’information juridique jusqu’à la représentation juridique. On propose du coaching, de l’aide pour rédiger des actes de procédures, de la médiation. 

« On souhaite également faire des ateliers et de la formation. Par clinique, on entend que ce n’est pas seulement des services, mais aussi un encadrement académique qui est fait. S’il y a des bénévoles, ils apprennent la pratique du droit également. Ça devient comme un genre d’incubation. » 

« Culturellement et économiquement sensible. » La CJFJ porte une attention particulière à ces mots-clés qui définissent son mandat. J.R.D. Kwilu précise : « C’est très important. Les personnes qui sont admissibles à l’aide juridique, on est obligé de les rediriger vers ce service. Mais il y a des personnes que j’appelle les oubliés de la justice. Elles font un peu plus pour être qualifiées à l’aide juridique, mais sont moins nanties pour se prévaloir des services d’un avocat du barreau privé. Le système n’est pas équilibré. L’aspect économique doit être intégré. » 

La CJFJ a des barèmes d’éligibilité qui diffèrent de l’Ai-de Juridique du Manitoba (2). Les personnes ayant droit aux services de la CJFJ y ont accès entièrement gratuitement, bien que J.R.D. Kwilu ajoute faire appel « à la bonne volonté des personnes qui veulent faire un don. On ne peut pas les charger, ça fait partie de notre mandat. Nous allons beaucoup compter sur les dons. On a fait des demandes de subvention, mais ce n’est pas garanti. C’est un sacerdoce. C’est pour redonner à la communauté. J’ai investi mon propre argent et chaque membre du conseil d’administration a fait un don également. S’il n’y a pas de subvention, nous allons continuer quand même, coûte que coûte. » 

Comment fait-on pour intégrer la dimension culturelle dans une pratique du droit? J.R.D. Kwilu : « Il faut respecter la francophonie dans toute sa diversité. Les gens s’en viennent avec leur vécu. On prend les gens comme ils sont, avec leur conception de la famille, de l’autorité parentale, du droit de l’enfant. C’est là que la compétence culturelle vient en jeu. Ça va au-delà de juste parler d’inclusion. Pour beaucoup d’avocats, c’est émotionnellement difficile. Il y a vraiment une implication déontologique. » 

La dimension francophone est absolument essentielle dans la pratique de la CJFJ. J.R.D. Kwilu évoque le besoin dans la profession. « On voit des avocats qui sont passés par les programmes d’immersion et qui ne sont pas à l’aise de pratiquer en français. Je veux rejoindre ces personnes et leur dire que la CJFJ serait une place où l’on peut pratiquer en français. C’est vraiment la pratique qui permet de s’améliorer. » 

J.R.D. Kwilu parle d’une pratique holistique à la CJFJ. C’est là tout le sens de la mission de l’organisme à but non lucratif. « Il y aura des travailleurs sociaux, des étudiants, des avocats, des travailleurs communautaires. Toutes ces personnes participent au spectre d’accès à la justice. On a pris le temps de créer un modèle holistique pour tenter de résoudre et pallier la pénurie de services de qualité et efficaces en français. » 

D’ailleurs, c’est dans cette philosophie holistique que la CJFJ comporte une équipe pluridisciplinaire, composée, en date du 19 août 2022, de trois avocats francophones, une gestionnaire de bureau et une travailleuse sociale communautaire. Mais J.R.D. Kwilu compte bien voir l’équipe grandir davantage. 

Étant un organisme sans but lucratif (OSBL), la CJFJ comporte également un conseil d’administration, que J.R.D. Kwilu a refusé de dévoiler à La Liberté. Comme toute OSBL, la CJFJ est enregistrée publiquement à l’Office des compagnies. La Liberté s’y est procurée le registre de Franco-Justice Inc. où l’on peut s’informer sur les membres du conseil d’administration, qui sont, en date du 31 août 2022 : Blandine Kapita Kama, Emmanuel-Davide Kwilu- Kama, Jean René Kwilu Mondo, Jean René Dominique Kwilu Muyumbu, Patricia Kwilu Ndomba et Emeraude Kwilu Nginda. 

(1) Clinique Juridique Franco-Justice, située au 3-625, rue Marion, à Winnipeg. 

(2) Bien que chaque cas soit évalué individuellement, un barème d’éligibilité est défini et accessible sur le site web de la CJFJ : www.cjfj-mb.org