À l’occasion du Jour du Souvenir, Postes Canada a émis un timbre à l’effigie de l’un des anciens combattant autochtones : Thomas (Tommy) Prince. Engagé pour les droits des Autochtones, la guerre laissera un impact terrible sur la vie de Tommy Prince.

Par Ophélie DOIREAU

Initiative de journalisme locale – Réseau.Presse – La Liberté

Né sur la réserve St. Peter en 1915, Tommy Prince apprend de son père à chasser et à tirer. À l’âge de cinq ans, Tommy Prince est forcé de quitter sa communauté pour entrer au pensionnat autochtone d’Elkhorn, où il se joint au corps des Cadets. Plus tard, il tente, à plusieurs reprises, de s’enrôler dans les Forces armées canadienne. Sa candidature est rejetée, l’armée fait preuve de discriminations envers les Autochtones. Ce n’est que pendant la Seconde Guerre mondiale qu’on fera appel à lui.

Tommy Prince s’enrôle dans le Corps du génie royal canadien en 1940. Tout com me pour la Première Guerre mondiale, l’engagement des Autochtones se fait par milliers. Environ 4 200 Autochtones se seraient engagés dans la Seconde Guerre mondiale, un chiffre incomplet puisque tous n’étaient pas inscrits au Registre des Indiens.

Le Sergent Tommy Prince (à droite), 1er bataillon de parachutistes canadiens, en compagnie de son frère, le Soldat Morris Prince, à une cérémonie d’investiture au palais de Buckingham. (Photo : Canada. Ministère de la défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada)

Postes Canada donne davantage de contexte à l’histoire de Tommy Prince. « En 1942, il rejoint la Première Force de Service spécial, un groupe de reconnaissance et d’assaut spécialisé, composé de soldats canadiens et américains.

« Il y est reconnu pour son talent de pisteur et de tireur, et ses techniques furtives. Il se fait même passer pour un cultivateur en train de désherber les champs pour aller réparer – sous le regard des soldats allemands – la ligne de communication lui servant à rapporter les positions de l’ennemi. »

Tommy Prince a également servi lors de la guerre de Corée. Il a reçu 11 médailles, dont la Médaille militaire et la médaille Silver Star des États-Unis.

Parcs Canada complète le profil de ce héros. « En 1951, il participe à la valeureuse défense de la colline 677 dans la bataille de Kap’yong pendant la guerre de Corée, pour laquelle le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry reçoit la Distinguished Unit Citation des États-Unis – la seule occasion où une unité canadienne a reçu cette distinction. »

Outre son implication militaire, Tommy Prince est aussi connu pour son engagement envers les droits autochtones, comme le souligne Parcs Canada. « Il représente les intérêts des Premières Nations au Manitoba et à l’échelle nationale, préconisant l’abolition de la Loi sur les Indiens, et exigeant le respect des Traités existants lors de son témoignage très médiatisé devant un comité spécial mixte du Sénat et de la Chambre des communes en 1947.

« Il y présente également des mémoires de Premières Nations au Manitoba préconisant, par exemple, l’amélioration des écoles, de meilleures conditions de vie et l’élargissement des droits de chasse, de piégeage et de pêche. »

Après la guerre, Tommy Prince fait face à un retour difficile à la vie civile. Il jongle entre discrimination, maladie et pauvreté. Pendant ses dernières années de vie, il dort à l’Armée du salut. Il décède en 1977 à l’hôpital Deer Lodge à Winnipeg.