Les données récoltées suite au recensement de 2021 et à l’ajout de questions pour connaître le bassin d’ayants droit au pays sont tombées. Ils seraient plus de 30 000 ayants droit au Manitoba. De quoi réjouir la Division scolaire franco-manitobaine.

Par Ophélie DOIREAU

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté

Alors que les écoles de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) compte environ 5 900 élèves d’inscrits, le potentiel des 30 000 ayants droit a légèrement surpris Bernard Lesage, président de la Commission scolaire franco-manitobaine (CSFM). « Le chiffre m’a un peu surpris. Mais en même temps, nous savions qu’au niveau du dénombrement, il y avait beaucoup de personnes qui se faisaient poser la question et qui ne s’identifiaient pas comme ayants droit.

« Alors les estimations, qu’on a menées il y a quelques années, étaient forcément en dessous de la réalité. En effet, elles tournaient autour de 13 000 élèves qui devraient se trouver dans le système des écoles françaises. »

Du côté d’Alain Laberge, directeur général de la DSFM, la surprise n’était pas autant présente. « J’ai eu la chance de pouvoir siéger sur un comité avec le gouvernement fédéral par rapport à l’ajout de questions dans le questionnaire du recensement. C’était vital pour nous. On voyait qu’il y avait plusieurs enfants ayants droit qui n’étaient pas répertoriés ou des parents qui ne savaient tout simplement pas ce qu’était un ayant droit. Il faut lever notre chapeau à la Fédération nationale des conseils francophones qui a été derrière le projet d’ajouter des questions au recensement. »

| Aller chercher d’autres élèves

La plus grande préoccupation de la DSFM et de la CSFM est de maintenant aller chercher ces 30 000 ayants droit pour qu’ils s’inscrivent dans les écoles de la DSFM, comme l’indique Alain Laberge. « 30 000 c’est une donnée très brute. Il va maintenant falloir identifier où sont ces 30 000. Nous travaillons avec une firme externe à qui nous avons confié ce mandat. »

« Ce qu’on pense de notre côté, c’est qu’il y a des endroits dans lesquels se trouvent les ayants droit où nous n’avons pas d’écoles. Les parents ne savent peut-être pas qu’ils ont le droit de demander une école, alors ils inscrivent leurs enfants à l’école anglophone. Mais si on leur bâtit une école, les gens vont venir. Avec ces nouvelles données, il est possible d’avoir quasiment des écoles de quartier pour les écoles de la DSFM. »

Le potentiel de 30 000 élèves va donc pouvoir permettre à la CSFM d’être mieux outillée lorsque celle-ci fera demande pour de nouvelles écoles comme le souligne Bernard Lesage. « On va pouvoir mettre à l’avant plan le besoin de nouvelles écoles, le besoin d’une programmation qui répond à notre population étudiante.

« C’est certain qu’on va pouvoir aller au ministère de l’Éducation mieux préparé lorsqu’on va faire des demandes de nouvelles écoles. »

| Revoir les priorités

Ces données vont permettre à la CSFM de revoir les priorités de construction d’écoles. Depuis quelques années, les écoles de la division scolaire provinciale débordent, il faut alors ajouter des portatives comme le souligne Alain Laberge. « Il y a une école en construction à Sage Creek qui va pouvoir accueillir entre 250 et 300 élèves. Il y a l’École Voix des Prairies dans le nord-est de Winnipeg, l’École Saint- Joachim est en train d’être agrandie, une deuxième école à Brandon. Alors la DSFM est bien placée. Mais ces données vont permettre à la DSFM une autre vision. »

Bernard Lesage complète ces propos. « Les commissaires vont pouvoir voir où se concentrent les manques. Est-ce que Waverley Ouest va nous montrer qu’il y a une urgence de construire une école dans ce quartier? Toutes ces données vont venir alimenter la CSFM pour prendre de sages décisions. »

Certains mythes restent à déboulonner pour que les parents soient conscients de la possibilité d’inscrire leurs enfants dans une école de la DSFM. Alain Laberge détaille : « Il y a des personnes qui se disent : Mon enfant doit savoir parler anglais. Alors ils l’envoient à l’école anglophone. Nous ce qu’on dit aux parents c’est que lorsque nos élèves terminent leur scolarité, ils ont un diplôme français et ils font le même cursus en parallèle. Ils auront alors deux langues premières et pas l’anglais comme langue seconde. »

Le travail de sensibilisation va être long, Bernard Lesage a pu le constater durant les élections de la CSFM. « Certains commissaires recevaient des courriels de personnes : Est-ce que j’ai le droit de voter? Alors que ce sont des grands-parents qui ont parlé français toute leur vie et qui ne savent pas qu’ils sont ayants droit. Parce que ce n’est pas dans leur terminologie. Ils s’identifient comme franco-manitobain avant tout. »

Qui sont les ayants droit?

Statistique Canada définit les ayants droit de cette manière. « Les personnes ayant droit à l’éducation de leurs enfants dans la langue officielle de la minorité sont les citoyens canadiens qui satisfont à au moins l’un des trois critères énoncés à l’article 23 de la Charte, soit :

1) les personnes dont la langue maternelle, soit la première langue apprise et encore comprise, est celle de la minorité de leur province ou territoire de résidence. Au Québec, le critère de la langue maternelle ne s’applique pas. Ce sont les deux critères suivants qui s’y appliquent.

2) les personnes qui ont reçu leur instruction, au primaire au Canada, en anglais pour les résidents du Québec ou en français pour les résidents de l’extérieur du Québec. L’instruction peut avoir été reçue n’importe où au Canada, peu importe la province ou le territoire de résidence actuelle. L’instruction en français n’inclut pas les programmes d’immersion en français puisqu’il s’agit de programmes d’enseignement du français langue seconde offerts par les écoles de langue anglaise.

3) les personnes dont un enfant a reçu ou reçoit son instruction, au primaire ou au secondaire au Canada, en anglais pour les résidents du Québec, ou en français (à l’exclusion des programmes d’immersion en français) pour les résidents des autres provinces et des territoires. »