Ce sont plusieurs mois de travail, de réflexion, mais aussi d’incertitudes qui aboutissent enfin pour Rob Malo, aussi connu comme TiBert. Le Franco-Manitobain est le directeur artistique d’Histoire Cachée et il y a encore quelques jours, il n’était pas sûr que l’application voie le jour. « C’est en octobre 2022 qu’on a commencé les premières rencontres de conceptualisation. Mais, ce n’est qu’en mai 2023 que les fonds ont été approuvés. Depuis, on n’arrête pas de courir! »

Pour la réalisation financière de ce projet, Rob Malo a eu de l’appui du Conseil des arts du Canada et du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM). « Avec mon temps de travail, on est sur un projet qui avoisine les 200 000 $ », estime Rob Malo qui a d’ailleurs investi une partie de son propre argent pour la réalisation de cette application.

12 sites à visiter

Histoire Cachée – In Plain Sight, c’est donc 12 sites connus à Saint-Boniface. De la Maison Gabrielle-Roy, au Festival du Voyageur, en passant par la Cathédrale ou encore le Musée de Saint-Boniface, l’application invite les visiteurs à se rendre

sur place et se laisser guider par les explications sonores et visuelles de l’histoire de ces lieux. Et c’est avec l’aide du studio ZenFri que l’application dévoile l’un de ses atouts : la réalité augmentée (RA). Cet outil technologique permet l’incrustation de façon réaliste d’objets virtuels. Concrètement, en ouvrant l’application, en allumant la caméra et en donnant sa position GPS, il est possible de voir passer, par exemple, un troupeau de bisons près du Fort Gibraltar.

En plus de cet aspect, l’application donne tout un tas d’informations sur le lieu en question. Rob Malo s’est d’ailleurs associé avec plusieurs groupes communautaires pour s’assurer de la véracité des propos et que les histoires soient respectueuses de toutes les perspectives. « Le plus gros défi pour moi, ça a été les sujets abordés. Spécialement ce qui concerne le parc La Vérendrye. C’était l’idée de la Compagnie de La Vérendrye qui a poussé pour le faire, et j’ai découvert cette histoire avec eux. Ça m’a déchiré le cœur de faire ces recherches. On espère que notre communauté ne tourne pas le dos à ces sujets-là. C’est donc aussi un outil pour la réconciliation », souligne Rob Malo qui voit un vrai potentiel pédagogique à cette application disponible d’ailleurs en français, en anglais et en michif.

Une application pour tous

« On aimerait que les écoles s’en servent de deux façons : on a des communications préliminaires avec la Direction des ressources éducatives françaises (DREF) pour voir si l’on peut créer un guide pédagogique qui irait avec, puis, quand les écoles viennent en tournée à Saint-Boniface, les enseignants peuvent l’utiliser. »

Paulette Duguay, de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNSJM), a été une des premières testeuses de l’application. « C’est une initiative vraiment créative et nouvelle. Ça marie l’historique avec la technologie d’aujourd’hui.

C’est fascinant! C’est une bonne façon de présenter un cours d’histoire et de montrer la richesse du Manitoba. »

Même si Paulette Duguay ne se sentait « pas très confiante avec la technologie », elle n’a eu besoin que de quelques secondes pour lancer l’application. Rapidité d’utilisation et accessible à tous ont aussi été les mots d’ordre pour Rob Malo. « La technologie ne devrait pas nous retenir dans ce cas-ci. S’il y a quelques années, c’était encore trop nouveau, maintenant, on est au point », lance Rob Malo.

L’application est donc disponible et Rob Malo pense déjà à des manières de l’enrichir en ajoutant par exemple de nouveaux lieux. « C’est encore au tout début, mais la porte est ouverte à n’importe qui qui voudrait développer le côté artistique. Et très souvent, ce sont les idées qui vont nous propulser. »

Rob Malo admet aussi quelques discussions préliminaires avec Tourisme Riel. Il rappelle aussi que faire vivre une telle application dans le temps prend des coûts annuels d’entretien, de serveur ou de mise à jour. « On s’est engagé pour que cette application vive au moins un an. Mais je cherche des fonds communautaires pour payer au minimum les coûts pour qu’on puisse la garder. »