Après dix ans au Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM), son expérience va lui permettre de se saisir de dossiers tels que le carré civique de Saint-Boniface et le développement du boulevard Provencher.

Erwan Bouchaud, originaire de la France, est depuis le 22 janvier le nouveau directeur général d’Entreprises Riel. Après avoir piloté pendant quatre ans le secteur du développement économique communautaire et touristique au CDEM, c’est une nouvelle aventure sur le boulevard Provencher qui démarre pour lui.

Avant d’en arriver-là, il a, pendant six ans, opéré comme gestionnaire de projets pour le développement de coopératives au CDEM. Dix années marquantes qui ont laissé des souvenirs. « Le CDEM m’a offert la première job qui me ramenait sur une carrière alignée avec ce que je faisais en France. En arrivant, j’avais eu quelques petits emplois à Loblaw ou encore comme surveillant au Collège Louis-Riel.

« En travaillant au CDEM, j’ai pu mettre quelques projets en place, dont les célébrations de l’Année internationale des coopératives, en 2012, qui avait été décidée par les Nations unies. C’est un très beau souvenir. »

Des projets phares

Après des coupures financières par le gouvernement progressiste-conservateur, le poste d’Erwan Bouchaud est aboli et il part travailler au Théâtre Cercle Molière, aux communications, pendant une année et demie. Il retourne ensuite au CDEM, au développement économique.

« Très rapidement, j’ai commencé à travailler avec la communauté de Saint-Lazare sur le développement du site historique Fort Ellice. J’avais récupéré le dossier des mains de Maurice Hince. Il y avait des discussions qui remontaient à 2004 pour le développement du Fort Ellice. Après quelques obstacles, le site a finalement été inauguré en juin 2023. C’était très beau de voir la collaboration entre les différents paliers de gouvernement. Chacun avait sa place dans ce projet. »

En effet, Erwan Bouchaud a toujours eu à cœur les communautés bilingues. Un autre projet marquant pour lui a d’ailleurs été celui des infrastructures de connectivité au rural.

« À la suite de la COVID-19, le Fédéral a mis en place des fonds pour l’infrastructure. Cependant, ces fonds étaient difficilement atteignables en raison de la technicalité du dossier. Donc quand on a vu que nos Municipalités ne pourraient pas répondre à certains critères, on est allé vers les fournisseurs de services pour collaborer, avec les Municipalités, afin de présenter une demande au fonds. »

Le fournisseur de services ValleyFiber a notamment répondu à l’appel. « ValleyFiber a fait cette démarche d’aller vers les Municipalités avec des chiffres et de présenter une demande conjointe pour le fonds. Aujourd’hui, dans le sud-est du Manitoba, une partie des Municipalités est connectée à l’internet grâce à ValleyFiber. »

Entreprises Riel

C’est donc avec un bagage riche de projets accomplis avec succès qu’Erwan Bouchaud peut aujourd’hui embarquer avec confiance dans une nouvelle aventure à Entreprises Riel.

« Je connaissais Entreprises Riel au travers des projets pour lesquels on a collaboré. Mais il me reste tout un pan que je n’ai pas encore exploré et que j’ai hâte de découvrir. Je pense notamment à la gestion immobilière. Je vais certainement pouvoir apporter mon réseau et mon expérience.

« Ce qui est très rassurant aussi, c’est que je vais pouvoir faire une transition avec Norman Gousseau pendant quelques semaines (1).

« Je compte continuer aussi tout le travail de collaboration qu’Entreprises Riel a développé, parce que seul, on ne peut pas développer des projets aussi intéressants. C’est une question de financement. C’est donc aussi beaucoup de travail de terrain avec les élu.e.s, les promoteurs, les zones d’amélioration commerciale, ou encore les associations de résidents. »

Boulevard Provencher

Depuis plusieurs années, Entreprises Riel s’attèle entre autres à développer le boulevard Provencher, un projet majeur qu’Erwan Bouchaud compte bien poursuivre. En novembre 2023, un projet de développement multiusage au 172 boulevard Provencher avait d’ailleurs été annoncé par l’organisme. Les premières pelletées de terre ont déjà eu lieu.

Erwan Bouchaud est conscient que le boulevard Provencher représente la porte d’entrée vers le quartier francophone, et il a déjà quelques idées pour améliorer ce quartier.

« Une chose qu’on remarque, c’est que Saint-Boniface est riche en patrimoine, en culture et en histoire. Mais le point faible, c’est la durée qu’il faut pour se rendre à pied à tous ces endroits : le Fort Gibraltar, le carré civique, la Cathédrale de Saint-Boniface ou encore la Maison Gabrielle-Roy. L’idéal serait qu’il y ait des choses qui se passent entre tous ces points, pour que ce soit plus vivant et dynamique. Il y a des trous d’air qu’il faut combler. Il va falloir explorer des options en gardant la lentille francophone. »

Carré civique

Entreprises Riel est aussi impliqué dans le développement du 219 boulevard Provencher, l’ancien hôtel de ville de Saint-Boniface, et du 212 rue Dumoulin, son ancienne caserne de pompiers. Un dossier qu’Erwan Bouchaud surveille depuis un moment et qu’il va poursuivre en tant que directeur général.

« Mon intention est de respecter les volontés de la communauté. Dans la consultation publique du 17 janvier, la Ville a présenté plusieurs options (2). Celle qui a suscité le plus d’intérêt dans la communauté est le bail à long terme. »

En attendant la réponse de la Ville sur les conclusions de la consultation, qui d’ailleurs n’est pas terminée puisqu’il y a deux autres consultations virtuelles prévues ainsi qu’une consultation en ligne, Erwan Bouchaud réitère l’importance du carré civique dans le cœur des francophones.

« Ce qui a été unanime lors de la consultation publique en personne, c’était la volonté de garder ces bâtiments ouverts au public. Ce sont des bâtiments qui permettent de raconter l’histoire des francophones à Winnipeg et au-delà. Il y a donc un réel souhait d’ancrer ces bâtiments dans un outil de dialogue, et Entreprises Riel peut jouer un rôle clé sur ce point. »

(1) Normand Gousseau prendra sa retraite à la fin du mois de février 2024. Retrouvez son entrevue dans l’édition de La Liberté du 8 au 14 novembre 2023.

(2) Voir l’article sur notre site web Carré civique : une soirée de consultation animée.