C’est pour les décennies qu’il a consacrées à la direction du RWB et pour sa contribution au monde de la danse qu’André Lewis est devenu membre de l’Ordre du Canada, la plus haute distinction civile du Canada. André Lewis avoue avoir été surpris en recevant l’appel lui apprenant la nouvelle. « Je savais qu’on avait appliqué pour moi il y a quelques années, mais ça prend beaucoup de critères pour être nommé. J’étais déjà très fier de recevoir l’Ordre du Manitoba, je suis tout aussi heureux maintenant. Ça met en avant notre travail au Ballet Royal et celui de nos danseurs. »

L’ancien soliste a fait la majeure partie de sa carrière au RWB. Il y a commencé en tant que danseur en 1975 avant de prendre sa retraite de danseur en 1990. Il est devenu directeur artistique de la compagnie en 1996 et directeur général en 2018. En 2023, alors qu’il combinait encore les deux fonctions, le RWB a choisi à la fin de l’année Elena Tupyseva pour devenir la nouvelle directrice. Un soulagement pour André Lewis. « Je suis tellement heureux de ne plus avoir à m’inquiéter du côté administratif! (rires) J’y ai encore un intérêt bien sûr, mais beaucoup moins que lorsque j’avais les deux postes. Je prends ma retraite l’an prochain et c’est moi qui ai poussé le conseil d’administration à engager quelqu’un pour le poste. »

Retour à l’artistique

Revenu complètement à l’artistique, André Lewis, qui aura 70 ans en 2025, est donc très satisfait d’avoir repris le chemin des studios avec les danseurs. « Ça se passe bien. J’ai fait Casse-Noisette à la fin de l’année, il y a eu aussi Roméo et Juliette. Je m’occupais de la mise en scène. J’enseigne les pas, il faut donc d’abord que je les apprenne avant de les partager », souligne celui qui a aussi reçu la Médaille de service méritoire en 2017.

Alors que Roméo et Juliette reviendra à la mi-février et que Carmina Burana sera présenté à la fin avril, André Lewis revient sur ces dernières années au Ballet Royal de Winnipeg. « On est encore dans cette période postpandémique. Ça a été compliqué, mais on s’en est sorti grâce à un très bon public. On espère qu’il sera tout aussi présent pour ces deux prochains spectacles. Les choses avancent dans le bon sens. »

Au contact des danseurs, André Lewis a vu le métier évoluer. S’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, il donne tout de même quelques conseils pour celui ou celle qui voudrait se lancer dans le métier. « À la fin, il y a en a très peu qui ont une place dans une compagnie. C’est évidemment beaucoup de travail, il faut une bonne endurance et être fort mentalement. »

Travail et rigueur

André Lewis remarque d’ailleurs que le niveau des compagnies canadiennes s’améliore de plus en plus. « On a de belles compagnies. Le Canada se place bien au niveau mondial. Je pense même qu’on est une meilleure compagnie aujourd’hui que lorsque j’étais danseur moi-même. Le niveau technique et de production artistique a beaucoup gagné. »

À l’heure du bilan et des récompenses, André Lewis, qui souhaite possiblement faire de l’humanitaire après le RWB, se souvient de moments importants de sa carrière. Il évoque les plus beaux endroits où il a dansé. « J’étais l’entraîneur d’Evelyn Hart, elle a dansé à Paris au Palais Garnier, un théâtre vraiment impressionnant. L’ambiance, le décor et les coulisses m’ont marqué. Et si je dois penser à une place où j’ai dansé, je dirais Saint-Pétersbourg en Russie. On y est justement passé pour faire Roméo et Juliette. »

Quant au seul regret d’André Lewis, il se trouve en Amérique du Sud. « J’aurais bien aimé danser au Teatro Colón à Buenos Aires en Argentine, mais ça n’est jamais arrivé. Il y a une grande culture de la danse là-bas. »