Depuis plusieurs années, la pénurie d’enseignants au pays se fait ressentir. C’est dans cette optique que l’ACPI a articulé son plan stratégique avec quatre axes : L’essor de la profession enseignante, le dynamisme des adhésions à l’ACPI, l’offre et l’accès aux programmes d’immersion et la qualité, l’accès et l’utilisation des ressources pédagogiques en immersion française.

Chantal Bourbonnais, directrice générale de l’organisme, précise. « La pénurie d’enseignant est au cœur de nos préoccupations. C’est un enjeu qu’on voyait venir depuis 2016. Mais depuis la pandémie, ça a pris une ampleur majeure. Cette ampleur nous a montré que nos actions devaient se tourner vers la résolution de ce problème parce que la vitalité de nos programmes est à risque. »

L’immersion, tendance accrue

Il faut dire que depuis plusieurs décennies, l’immersion a le vent dans les poupes en termes d’inscription. Une réalité qui n’avait pas été prise en compte. « Il y a eu une hausse fulgurante au niveau des inscriptions en immersion ce qui fait qu’on a eu de la difficulté à s’adapter à cette hausse d’inscription. En plus des départs à la retraite chaque année.

« Le bassin d’enseignants qui parlent français est aussi réduit. Il y a beaucoup moins de mobilités entre provinces qu’on pouvait voir dans les années 1980. »

Le portrait peut sembler inquiétant. Mais Chantal Bourbonnais voit aussi l’autre revers de la médaille de ces programmes. « D’un autre côté, ce qu’on observe c’est que de plus en plus, les enseignants en école d’immersion proviennent eux-mêmes de l’immersion. Ça montre que le programme a fonctionné et qu’ils ont continué de travailler leur français. 

« En 2018, nous avions fait une étude qui montrait que 56 % des enseignants en immersion n’avaient pas le français comme langue première. 

« Il faut miser sur l’immersion parce que c’est un moyen indispensable au Canada de devenir bilingue. »

Des bonnes pratiques

Plusieurs écoles ont d’ailleurs compris l’intérêt de mettre en place des bonnes pratiques pour retenir son personnel et en attirer du nouveau. Chantal Bourbonnais détaille. « Une des bonnes pratiques qu’on remarque est que certaines écoles offrent un cadre aux enseignants pour prendre leurs marques et leurs repères dans l’établissement. »

La directrice générale donne aussi un exemple manitobain récent. « L’ACPI a fait une entente avec le gouvernement du Manitoba pour aider des conseils scolaires ruraux, qui n’ont pas toujours quelqu’un qui s’occupe du développement professionnel. L’ACPI offre donc désormais de la formation professionnelle aux enseignants du rural. C’est une façon de retenir ses enseignants. »

Mais d’autres initiatives peuvent être mises en place comme « de l’accompagnement au niveau linguistique. Parfois il y a des mises à niveau à faire, il faut être capable de donner des outils pour qu’ils deviennent de meilleurs enseignants. »

La reconnaissance des acquis

Dans ce travail d’attirer de nouveaux enseignants, la dimension de l’immigration prend une grande place. L’ACPI reconnaît qu’il y a un travail à faire de la part des différents gouvernements provinciaux. « La question de la reconnaissance des diplômes est un grand enjeu. On l’entend quotidiennement. Parfois, entre province on a déjà du mal à reconnaître les acquis entre province. Mais des personnes qui viennent de l’étranger avec des diplômes et de l’expérience doivent recommencer des années d’enseignements, c’est lourd. Alors il faut réfléchir à comment accueillir les immigrants sans les obliger à retourner deux ans sur les bancs de l’école parce qu’économiquement, ce n’est pas un investissement. »