Un recueil collaboratif qui mêle les mots de cinq auteures franco-manitobaines, qui partagent un amour pour ces poèmes japonais.

Un cercle de haïkistes francophones, le Kukaï rouge, se réunit à Saint-Boniface depuis 2011. Parmi ses membres, Louise Dandeneau, Gisèle Fréchette-Beaudry, Nicole Coulson, Gisèle Désorcy et Lucie-Madeleine Delisle ont appris ensemble à maîtriser et apprécier l’art subtil du haïku un style de poème japonais, unique de par sa brièveté et sa force évocatrice.

Ensemble, elles sortent un recueil aux éditions David intitulé Échappée de soleil. Un recueil qui a vu le jour sous l’impulsion de Bertrand Nayet, directeur de la collection haïku des éditions David, et créateur du Kukaï rouge.

De son côté, Louise Dandeneau a découvert un tout nouveau rôle en dirigeant le recueil, un rôle qui lui a fait forte impression. « C’est une nouvelle expérience et je suis tellement contente d’avoir pu le faire. Travailler avec ce groupe-là, ce sont des femmes magnifiques, elles se sont montrées très flexibles et ouvertes d’esprit à toutes les suggestions. C’est probablement l’une des plus belles expériences d’écriture que j’ai eue. » 

Et ce malgré les quelques difficultés rencontrées. Car c’est pendant la pandémie que les auteures se sont attelées à la confection de ce recueil. « Nous ne pouvions pas nous rencontrer, il a fallu tout faire par téléphone ou par courriel. C’était un peu difficile, c’était notre première expérience, mais nous avons fait le travail comme on a pu et finalement, ça ne nous a pas dérangées plus que ça. »

Il a donc fallu travailler ensemble, chacune de son côté. Pour ça, un thème général a dû être défini : « Les traces qu’on laisse en tant qu’être humain et que l’on retrouve dans la nature. » D’ailleurs, pour l’anecdote, le recueil devait au départ s’intituler Traces, avant que le choix ne se porte sur Échappée de soleil, jugé « beaucoup plus évocateur ».

Il n’est pas non plus évident de réunir dans un même livre les poèmes de différentes auteures. Même si le thème est commun, la plume et le contenu varient d’une main à une autre. Il faut donc s’assurer d’une certaine cohérence, presque d’un fil conducteur entre chaque texte. « Il y a certainement une réflexion derrière, explique Louise Dandeneau.

« On cherche une certaine fluidité lorsqu’on les assemble. Il faut qu’à la lecture, on ait le sentiment de se plonger dans un bain chaud. C’est en tout cas comme ça que je le vois. Il y a quelque chose de très simple, de rassurant et de très beau dans le haïku. Il ne faut pas se sentir secoué. Lorsque l’on termine la lecture, on doit se dire que l’on vient de parcourir un joli bout de chemin. »

En plus d’une centaine de haïkus, des photos parsèment les pages du recueil, des clichés pris par les auteures elles-mêmes. « Selon moi, les photos viennent appuyer le thème. Elles évoquent à la fois les échappées de lumière et les traces aussi. Et puis, les deux vont de pair, c’est quasiment la même chose ». Dans l’exercice, finalement, l’on prend une photo comme l’on écrit un haïku, pour capter l’instant présent.