Ils étaient cinq participants à prétendre aux 10 000 $ promis au vainqueur : Mehdi Bereddad avec Tendance, Martin LaFrenière avec Valise, David Boulet avec Sandwich aux œufs, Alix Cameron avec Calme toi et Remi K. Chevalier pour Pain Sec. Les cinq artistes émergents avaient d’ailleurs reçu le soutien de la réalisatrice Danielle Sturk tout au long de ce processus.
C’est finalement Mehdi Bereddad qui a su convaincre le jury composé de Pascal Boutroy, Manuela Chevallard et Charles Lavack. Au moment de l’annonce par les représentants de RBC, la surprise a été totale pour le gagnant d’origine française. « J’avais du mal à y croire et à réaliser! Tout ça est devenu d’un coup très concret. J’ai rapidement pensé à tout le travail que j’allais maintenant devoir faire », décrit le concepteur multimédia pour La Liberté.
Tendance est l’histoire de deux sœurs Amy, 13 ans, et Lou, 6 ans. Tandis que l’après-midi touche à sa fin, Lou cherche désespérément l’attention et la compagnie de sa sœur aînée, totalement absorbée par les vidéos qui passent sur le réseau social TikTok. Avec l’objectif d’attirer l’attention d’Amy, Lou propose alors à sa grande sœur de reproduire une tendance TikTok. Ce qui commence comme un jeu innocent se transforme rapidement en une situation périlleuse, mettant en danger l’équilibre familial fragile.
« J’avais du mal à y croire et à réaliser! Tout ça est devenu d’un coup très concret. J’ai rapidement pensé à tout le travail que j’allais maintenant devoir faire. »
Mehdi Bereddad
Une émotion marquante
Si le stress était présent pendant ces trois minutes de pitch, Mehdi Bereddad a su avant tout rester lui-même pour délivrer son message. Un aspect très humain qui a plu aux membres du jury. « Oui, il était stressé, mais ça ne l’a pas desservi, il a su accepter l’émotion. Ce que j’ai apprécié dans son cas, c’est cette adéquation entre le sujet, ce qu’il voulait exprimer et la façon dont il l’a fait. Il a eu une vraie démarche de réalisateur, à savoir d’ajuster le traitement qui est le plus approprié à ce qu’il voulait évoquer. En l’occurrence, des émotions », souligne le réalisateur et scénariste Pascal Boutroy.
« On a été tous les trois marqués par le projet de Mehdi : la tension dramatique, l’émotion, on a été happé par l’histoire et ce final ouvert. On a rapidement pensé que c’était un projet qui avait plusieurs bons éléments », résume la Cheffe de contenu, Fictions à Radio-Canada Manuela Chevallard.
Selon les trois professionnels, pour que l’histoire de Mehdi Bereddad développe son plein potentiel, cela passera par un choix précis de la distribution. Son film reposant notamment sur l’alchimie des deux personnages principaux : Amy et Lou. « Trouver les comédiennes sera essentiel, car elles devront faire passer ce qu’il ressent. Mehdi était très ancré dans ses émotions, on sent le vécu. J’espère surtout qu’il restera fidèle à ses envies et ses pensées », souligne le directeur de la photographie et producteur Charles Lavack.
Mehdi Bereddad, qui vit à Winnipeg depuis 2019, confirme les dires des experts. « Ça va en effet se jouer au casting. Il faut des personnes juste avant l’adolescence et encore dans l’innocence de l’enfance. Le caractère des deux filles n’est pas encore défini, mais il sera important qu’elles aient une bonne connexion. »
Une première qui en appelle d’autres
Ce Concours de pitch, le premier du genre en français, était réalisé en partenariat avec RBC, On Screen Manitoba et le Centre culturel franco-manitobain (CCFM). Liliane Lavack, directrice artistique du CCFM, travaille sur ce projet depuis 2021. À l’issue de la soirée, c’est avant tout de la fierté qui régnait. « Nous avions reçu 14 soumissions, c’était déjà une réussite. On a eu de bons partenaires. Les candidats ont vraiment fait une bonne job. Puis, on discute déjà pour une seconde édition. Il le faut, car on veut voir le résultat du gagnant! »
Mehdi Bereddad va désormais recevoir son prix en deux temps : un pour démarrer son projet et une autre partie à la fin du projet. « On va le coacher et le mentorer tout le long pour s’assurer qu’il puisse présenter son film l’an prochain », précise Liliane Lavack, qui espère d’ailleurs que tous les autres projets puissent se réaliser.
Le réalisateur émergent, quelques heures après ce succès, pense également aux prochaines étapes. « Le script est déjà écrit, il va falloir le retravailler un peu. Puis, il sera temps de penser à la préproduction : décor, lieux, technique et casting. Je pense avant tout aux comédiennes, car c’est un court-métrage dans le genre du réalisme social. Plus leurs interprétations seront justes, plus elles seront proches du réalisme de l’histoire que je cherche à atteindre. »
