Un défi qui peut paraître fou, mais qui n’est pas le premier pour l’aventurier de 26 ans. En effet, Antonin Durand fait généralement quatre à cinq expéditions par an. 

Son objectif au Manitoba était le suivant : parcourir les 500 kilomètres qui séparent Winnipeg de Grand Rapids en passant par le lac Winnipeg. Seul, il avait avec lui un traîneau – on parle de pulka – avec ses affaires et bien sûr son vélo à pneus surdimensionnés, sur lequel il a finalement passé dix jours pour rejoindre sa destination. 

Grand amateur d’expéditions dans le froid, le Français explique comment lui est venue cette idée. « J’avais fait quelque chose de similaire au Québec il y a deux ans. L’expérience du froid canadien, j’avais adoré ça. J’avais donc cette envie d’en faire une autre dans le genre. En faisant des recherches sur les Grands Lacs au Canada, je suis rapidement tombé sur le lac Winnipeg. »

Quelques jours après cette aventure, il est revenu sur les défis rencontrés. Météo, problème technique, terrain difficile, tout ne s’est pas passé comme prévu. « J’ai eu une journée où j’étais complètement arrêté à cause d’une casse sur le vélo. J’ai bricolé pour réparer la valve de mon pneu. Ça a tenu avec du ruban adhésif. Ce qui était difficile était le vent de face et surtout le terrain sur le lac. C’était très accidenté et pas plat. Il y avait beaucoup de neige et des morceaux de glace qui sortent du lac. Alors très souvent, j’étais à pied et je poussais mon vélo et ma pulka. »

Finalement, l’aventurier pense qu’à cause de ces conditions, il n’a pu faire du vélo que « 65 % » du temps. « J’espérais plus! », ajoute-t-il.

Antonin Durand
Antonin Durand a parcouru le lac Winnipeg à vélo. (photo : Raphaël Boutroy)

Quelques frayeurs

Antonin Durand se souvient aussi très bien de son dernier jour d’expédition. À cause du vent et de la poudreuse, il n’avait pas vu un trou dans la glace. « En fait, on ne peut pas tomber exactement dans l’eau du lac. Mais j’ai remarqué qu’il y avait des petites rivières sur le lac qui se créaient. C’est bizarre, mais il y avait des rivières sur le lac! Je pense que c’est lié à des zones de glace plus lourdes qui font remonter de l’eau. C’est quand même profond de 80 centimètres, et à cause de la visibilité moindre de ce jour-là, je suis tombé dedans. »

À ce moment-là, le Français avait de l’eau jusqu’à la taille. Avec son expérience, il a su réagir rapidement pour éviter des blessures ou l’hypothermie. « Il faut s’arrêter tout de suite, monter la tente et se réchauffer à l’aide du réchaud. »

L’aventurier a aussi été marqué par les nuits sur le lac. Il évoque le bruit du lac qui l’empêchait de dormir complètement tranquillement. « C’est tout sauf une berceuse (rires). Même après dix jours, on ne s’y habitue pas. Je me réveillais souvent en sursaut en pensant que ça allait céder en dessous de moi. Ce sont des bruits de grondement, on dirait que ça vient des abysses », tente-t-il de décrire. 

Des paysages à couper le souffle

Malgré ces péripéties qui font « partie de l’aventure » comme il le dit, Antonin Durand se souviendra surtout de la nature manitobaine. « Au final, ce qui m’a le plus marqué, ce sont les paysages. Faire du vélo dans un environnement aussi sauvage et gigantesque, et même si l’on a bien étudié les distances avant, c’est irréel et ça va au-delà de ce que j’aurais pu imaginer. Et pour le coup, quand on est face à cette immensité, c’est sublime et l’on ne s’en lasse pas. »

Si, sur le moment, Antonin Durand explique ne pas pouvoir vraiment profiter de ce qu’il vit, ce n’est qu’après l’aventure, en revoyant les images, qu’il prend conscience de ce qu’il a réalisé. 

Enfin, le Français, qui venait pour la première fois de sa vie au Manitoba, veut mettre en avant la gentillesse et la bienveillance des personnes qu’il a rencontrées pendant son périple. Il se rappelle d’ailleurs avoir été chaleureusement accueilli par des résidents de Grand Rapids, qui lui ont donné à manger à son arrivée et l’ont même ramené à Winnipeg. « Je ne suis tombé que sur des gens adorables. Même tous les pêcheurs que j’ai croisés près du lac, qui se demandaient ce que je faisais là, venaient toujours à ma rencontre pour voir si j’allais bien et si j’avais besoin d’aide. »