Si aucun cas de rougeole n’a encore été confirmé au Manitoba, il faut toutefois rester prudent. Le Dr Philippe Lagacé-Wiens explique cette recrudescence de cas par plusieurs facteurs. « Tout d’abord, il y a une baisse du taux d’immunisation contre la rougeole en particulier chez les enfants. C’est quelque chose que l’on voit depuis des années.

« À cette baisse d’immunisation, il y a aussi plusieurs explications. En premier, il y a des personnes qui ont un comportement anti-vaccin et évidemment cela joue un rôle. Pendant la COVID-19, l’accès aux soins de santé, aux médecins de famille a été réduit. Les parents qui voulaient immuniser leurs enfants ont peut-être mis cette tâche de côté. Tout ceci fait qu’on a une baisse de l’immunisation.

« D’un autre côté, il y a une augmentation du nombre de voyageurs qui vont dans des régions du monde où il y a des éclosions de rougeole. Ces voyageurs rapportent avec eux l’infection. »

Le Dr Philippe Lagacé-Wiens précise que « pour atteindre une immunité collective. Il faut une immunisation à 95 %. En ce moment, nous sommes plutôt autour de 85 %. Ce qui amène à des cas secondaires. »

Vaccin contre la rougeole

Pourtant, depuis les années 1970, il existe un vaccin pour protéger contre la rougeole. Dr Philippe Lagacé-Wiens rappelle le chemin vaccinal qu’il faut suivre pour être complètement immunisé. « Il faut deux doses de vaccin minimum. C’est un vaccin excellent. Il est possible de le recevoir dès l’âge de 12 mois avec une dose de rappel autour de l’âge scolaire, entre quatre à six ans. Ce vaccin n’a pas besoin d’une troisième dose de rappel à part des cas particuliers comme un système immunitaire compromis. À moins que les gens se fassent immuniser, nous allons voir des transmissions continues au Canada. »

Et sans immunisation, une infection de la rougeole peut s’avérer dangereuse. « En cas d’infection, environ 1 enfant sur 5 sera hospitalisé. Environ 1 enfant sur 20 développera une pneumonie sévère qui peut provoquer la mortalité. Trois enfants sur 1 000 vont mourir et environ un sur 1 000 va développer une encéphalite. »

Évidemment, le Dr Philippe Lagacé-Wiens ne veut pas provoquer la peur chez les parents. Il souhaite alors partager quelques symptômes qui peuvent être associés à la rougeole. « Avant tout, il faut vérifier si l’enfant a été immunisé contre la rougeole? S’il l’a été, ce n’est probablement pas cette infection. La rougeole commence un peu comme un rhume : les yeux rougeâtres, de la conjonctivite, de l’écoulement nasal avec de la fièvre. Ce qui va différencier un rhume de la rougeole, c’est une éruption cutanée. Elle va généralement commencer sur la tête et descendre, les plaques sont lisses et plates. »

Enfin, le Dr Philippe Lagacé-Wiens tient à envoyer un message aux parents. « Si vous n’êtes pas certains que ce soit la rougeole, contactez votre médecin de famille avant de vous rendre en clinique. Il est important d’éviter les cas de contamination. »